Marchés publics : le comportement incivique des opérateurs économiques du Pool décrié

Lundi 27 Juillet 2015 - 17:45

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Le directeur général des marchés publics, jean Didier Elongo, a dénoncé le 24 juillet le comportement des opérateurs économiques du département du Pool qui ont abondoné plusieurs chantiers et refusé d'exécuter d'autres. La série des rencontres avec ces opérateurs "vereux" amorcée par la Dgcmp à Brazzaville, a permis de constater que ceux-ci ont totalement bafoué  les procédures de passation et d'attribution des marchés publics. 

Selon Jean Didier Elongo, ce constat catastrophique  fait actuellement du Pool le plus mauvais élève en matière de procédures. «Nous croyions que c’était le département  de la Lékoumou qui était le plus mauvais élève pour ce qui concerne les départements situés au sud du pays, mais ce n’est pas le cas. La situation dans le Pool est pire», s’est-il indigné.  Pour lui, le constat est encore plus amer lorsqu’on se rend compte que ce sont des fils du Pool qui brillent par des comportements inciviques susceptibles de bloquer le développement du département. Sur 13 opérateurs interpellés par la Dgcmp, un seul s’est présenté vendredi dernier. Certains ont promis se présenter au courant de cette semaine. D’autres qui sont en fuite dans le pays et ailleurs devront aussi répondre à l’interpellation.

Les contrôles effectués par la Dgcmp au niveau du conseil départemental du Pool ont concerné les années d’exercice 2012 (année de la municipalisation accélérée dudit département) et 2013. Ceux-ci ont permis de se rendre compte d’importants manquements. Il a été constaté, entre autres, le manque total d’archives allant de la publication à la distribution des marchés dont certains ne se trouvent même pas dans les plans annuels de passation. Par ailleurs, des faux documents ont été délivrés pour permettre aux opérateurs de percevoir la totalité des fonds sans achever ou exécuter les travaux.

De nombreux chantiers abandonnés et non exécutés

Les inspections de la Dgcmp ont aussi permis de constater le nombre important de chantiers abandonnés et non exécutés par les opérateurs. Pour l’exercice 2012 par exemple il y a l’entreprise Jan services en charge de la construction du poste de santé de Ndouo dans le district de Vinza qui a abandonné le chantier après avoir perçu la totalité des fonds s’élevant à 15 millions. Même chose pour O'mo services qui a abandonné le chantier de construction du poste de santé de Mpika dans la sous préfecture de Boko après avoir perçu la somme de 10 millions.

Pour le compte de l’exercice 2013, l’opérateur Edo MKMR services, en charge de la fourniture de 2250 tables-bancs pour l'enseignement général, qui a déjà perçu 99 millions 987.460 FCFA sur 100 millions, n'a livré que 275 tables-bancs. Et Vival Services qui devait fournir 800 tables-bancs pour l’enseignement technique ne  les a pas encore livrés bien qu’il a perçu près de la moitié de la somme totale s'élévant à 35 millions 950.400 FCfa.

La délégation de la Dgcmp a saisi l'occasion pour visiter  les travaux abandonnés du lycée de Kinkala et ceux du CETF du district de Louingui. Dans ce district, la délégation s'est imprégnée de la situation de la villa  du sous-préfet que ce dernier faisait louer à son compte à la société Sipam.

Jean Didier Elongo a déploré le manque total de suivi des travaux par les maîtres d’ouvrage. Un aspect qui, selon lui, favorise aussi le comportement incivique des opérateurs.

Le système politique à l’origine des comportements inciviques des opérateurs économiques du Pool

Interpellé pour s’expliquer, l'unique opérateur qui a répondu présent à l'appel de la DGCMP a jeté la responsabilité sur les autorités politiques qui, selon lui, leur exige des pourcentages sur les sommes reçues pour avoir un marché. A cela s’ajoutent les frais des taxes à payer. Ces sommes réduites ne permettent pas aux opérateurs de faire face à toutes les charges du chantier. Ce qui d'après lui explique l'abandon de certains chantiers. Cette question de pourcentage expliquerait aussi la délivrance par certaines autorités politiques, des faux documents aux opérateurs qui ont pu perçevoir la totalité des fonds sans éxécuter les travaux.

Une triste réalité qui pour Jean Didier Elongo, ne contribue pas à l'accompagnement du programme de municipalisation accélérée, initié par le président de la République  pour moderniser et développer le pays.

Lucie Prisca Condhet N’Zinga

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