Musique : Stromae arrive à Brazzaville

Le Génocide du Rwanda lui a enlevé son père. Élevé par sa mère flamande à Bruxelles avec ses frères et sœurs, le garçon s’intéresse tôt à la musique et débute le solfège et la batterie. À l’adolescence, Paul Van Haver, alias Stromae (Maestro, en verlan) se dirige vers le rap, monte un groupe puis se lance seul et enchaîne les scènes. Ses études de cinéma et d’ingénieur du son le conduisent à réaliser des leçons de musique sur YouTube et à fidéliser les internautes.

Parallèlement, vient l’heure des premières productions qui voient le jour grâce à de maigres économies. Le hit : Alors on danse, extrait de l’album Cheese, fait le tour du Globe à l’été 2010 et révèle au Monde un grand type, yeux clairs et sourire éclatant, qui compte bien rester sur le devant de la scène. Stromae fait danser dans les clubs puis se retire discrètement pour préparer Racine Carrée et les coups de maître Papaoutai, Formidable et Tous les mêmes, des titres sombres aux rythmes réjouissant, accompagné de clips inattendus et prodigieux.

Il tisse avec des fils solides la chanson au hip hop, à la world music, à l’électro ou à la techno. Le jeune homme est cynique, il parle avec finesse et humour des maux de l’Europe, de racisme, de sexisme, de l’absence du père, de la mort ; il ose le travestissement et pousse la mise en scène. Et puis Stromae danse, agite son 1m90 avec une agilité et une grâce uniques, fait du joyeux avec du triste, illumine le spleen et se pose en avant-gardiste sensible, faisant de chaque apparition un événement artistique.

Rares sont les artistes francophones à conquérir le monde. Pourtant, les hits de Stromae ont rapidement traversé les mers. Voilà maintenant trois mois que le chanteur a repris la deuxième partie de sa tournée Racine Carrée. En avril, il parcourait les routes américaines et il visite l’Afrique depuis le 13 mai dernier, date à laquelle il s’est produit à Dakar (Sénégal). « J’ai peur de l’inconnu, étant donné que je suis assez rigide et calculateur. Alors forcément, dès que je suis face à l’inconnu, je perds un peu mes moyens. C’est cet inconnu qui me fait un peu peur. Mais c’est l’excitation, évidemment, comme chaque fois lorsque je monte sur scène. C’est l’imprévu, c’est positif, c’est super ! », déclarait-il au journal Le Monde avant son premier concert africain.

Cette tournée du continent s’achèvera à Kigali où son père a été assassiné. Une destination sensible pour Stromae : «Face à cela,  je ne serai personne, je ne serai pas Stromae, juste le petit Paul à la recherche de son papa, juste un fils qui veut renouer le dialogue avec son père mort », confiait-il à Jeune Afrique.

Stromae est attendu le 10 juin au Palais des Congrès de Brazzaville.