Santé : la tuberculose résistante sévit dans les prisons de Mbuji-Mayi

Mardi 21 Avril 2015 - 14:30

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Deux cent cinquante-cinq personnes détenues dans les prisons de Mbuji-Mayi au Kasaï-Oriental sont atteintes de cette maladie infectieuse.

La délégation de la Fédération internationale de prison conduite par Stéphane Nyemabu, président exécutif provincial de cette structure, a fait part de la situation au président de l’Assemblée provinciale du Kasaï Oriental, Marcel Kalala Mutombo. De mauvaises conditions de détention et de l’absence des soins appropriés  sont à la base de la propagation de la tuberculose résistante dans les prisons de Mbuji-Mayi.

Au terme de l’audience que le président de l’Assemblée provinciale leur a accordée,  Stéphane Nyemabu a déclaré que cet entretien a permis à sa délégation de faire un plaidoyer en faveur des détenus qui passent des moments difficiles. Il a saisi cette opportunité pour annoncer que la fédération internationale de prison a organisé dernièrement une formation à l’attention de quelques détenus qui ont appris divers métiers en vue de leur réinsertion sociale une fois libérés. Marcel Kalala Mutombo a promis de s’impliquer pour une solution durable à ce problème.

La prise en charge précoce des cas de tuberculose résistante signalés dans les prisons de Mbuji-Mayi permettra de réduire la propagation de cette maladie. Car si la prise en charge tarde, les prisonniers atteints vont transmettre non pas la tuberculose simple mais la tuberculose résistante dont le traitement va au-delà de 6 mois aux autres prisonniers non atteints. La tuberculose multirésistante  est une tuberculose contre laquelle l’isoniazide et la rifampicine, les deux antituberculeux les plus puissants, ne sont pas efficaces.

Selon l’OMS, la mauvaise gestion du traitement antituberculeux et la transmission interhumaine expliquent la propagation de la tuberculose multi résistante. Dans la plupart des cas, il est possible de guérir de la tuberculose en 6 mois moyennant l’observance stricte d’un schéma thérapeutique accompagné d’un soutien et d’un encadrement du patient.

L’utilisation à mauvais escient ou incorrecte des antimicrobiens, l’administration de formules inefficaces de médicaments tel que le recours à un seul médicament, des médicaments de mauvaise qualité ou mal conservés et l’arrêt prématuré du traitement peuvent provoquer des pharmaco-résistances susceptibles de se transmettre ensuite dans les lieux rassemblant un très grand nombre de personnes, comme les prisons ou les hôpitaux.

Dans certains pays, il est de plus en plus difficile de traiter la tuberculose multirésistante. Les options thérapeutiques sont limitées et coûteuses, les médicaments recommandés ne sont pas toujours disponibles et les patients souffrent de nombreux effets secondaires. Dans certains cas, une tuberculose encore plus résistante peut apparaître.

La tuberculose ultrarésistante  est une forme de tuberculose multirésistante contre laquelle  les médicaments sont efficaces. On l’a signalée dans une centaine de pays.  Il est toutefois possible de combattre la tuberculose multirésistante. Pour ce faire, il faut guérir les patients au premier traitement, permettre l'accès au diagnostic, veiller à ce que les établissements qui traitent les patients prennent des mesures suffisantes de lutte contre l’infection, veiller à l’utilisation à bon escient des médicaments de seconde intention recommandés.

Aline Nzuzi

Légendes et crédits photo : 

Les mauvaises conditions de détention des prisonniers contribue à la propagation de la tuberculose