Italie : Spaghetti contre couscous : 1 à 0

Lundi 13 Avril 2015 - 15:00

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Les Italiens issus de l’immigration consomment plus de pâtes alimentaires que de couscous ou de pain : intégration par la fourchette !

L’Observatoire des Immigrés Doxa est formel : si les quantités de pâtes alimentaires ingérées en Italie ont crû de 5%, c’est à cause des Italiens issus de l’immigration. On le sait : la pâte alimentaire, que l’on range erronément dans la désignation des macaronis et autres spaghetti (macaroni est une marque, et toutes les pâtes ne sont pas par ailleurs des spaghettis !) est la base alimentaire de l’Italien. Elle est à la famille de la péninsule ce que le manioc est pour le Congolais, toutes origines et conditions sociales confondues.

Or les quantités de pâtes alimentaires produites et consommées en Italie n’ont cessé d’augmenter depuis 2007, affirme l’observatoire. Et si aucune tendance significative n’a été notée chez les Italiens, ce sont par contre chez les familles des néo-Italiens qu’est venue la surprise. Les nouveaux migrants et les migrants réguliers en Italie sont devenus des accros de la « pasta ». Battu le couscous (alors que la première communauté des étrangers en Italie est celle constituée des Marocains), battu aussi le riz dont sont pourtant friands les Sénégalais, la deuxième communauté africaine en nombre.

L’Aidepi, l’association des industriels de la pâtisserie et des pâtes alimentaires d’Italie se frotte littéralement les mains. Elle y va même de son petit trémolo : « découvrir que la pâte alimentaire est parvenue à conquérir autant de personnes aux cultures alimentaires diverses et éloignées de la nôtre, est une preuve de la nature effectivement globale de ce produit », soutient Riccardo Felicetti, président du secteur pâte alimentaire à l’Aidepi. Au bas mot, ce sont 6 millions de migrants réguliers et de nouveaux Italiens qui se sont mis à consommer les macaronis. Faciles à préparer et à digérer ; sans interdits sanitaires ou même religieux majeurs, elles ont opéré une entrée en force dans les foyers des arrivants.

À raison de trois ou quatre fois par jour, les immigrés en Italie sont devenus majoritairement des consommateurs effrénés de pâtes. Face au couscous, au riz et même au légume, il n’y a littéralement pas match. Ils sont 51% plus nombreux à préférer ce féculent. À table à la maison ou dans les cantines scolaires ou d’entreprises et sur 14,5% de portions alimentaires présentées, les néo-Italiens préfèrent consommer ce produit imputé, autre erreur, au Vénitien Marco Polo alors qu’il n’y a pas plus Chinois que lui ! 9,5 choisissent la pâte alimentaire, 6,6% le couscous. Quant au pain, il est carrément inexistant de la table de l’Italien ordinaire.

Qui sont les “macaronivores” repérés?

L’étude montre que ce sont les Italiens venus d’Europe de l’Est qui arrivent en tête. Rien d’étonnant à cela puisque leur poids démographique dans le nombre des immigrés est passé de 40% en 2010 à 54% aujourd’hui. Ils représentent 89% des consommateurs étrangers de pâtes en Italie. Ensuite viennent les Latino-américains puis, surprise !, les Africains d’origine qui représentent 80% de l’ensemble des consommateurs. L’autre curiosité dans ces données est que les populations asiatiques d’Italie ne constituent que 20% des mangeurs de « pasta », alors que le macaroni, répétons-le, est d’origine chinoise !

Lucien Mpama