Les Dépêches de Brazzaville : Vous précisez que la circulaire N1992/MTAC-MN-CAB du 28 juillet 2001 stipule bien que l’obtention du permis de conduire passe obligatoirement par une formation ?
DGTT : Je vous remercie parce qu’il faut justement remonter à la source pour avoir des informations fiables. Pour toute obtention ou délivrance d’un permis de conduire, la personne doit au préalable passer par une formation, donc par l’auto-école. Ces auto-écoles mettent à notre disposition des candidats qui prennent part aux sessions d’examen et cela dans tout le Congo. Nous avons des directions départementales, ce sont ces organes habilités à organiser des examens de permis de conduire. Ceux qui viennent avec des permis de conduire étrangers doivent convertir leur permis de conduire. L’obtention d’un permis vient ensuite après le procès-verbal de l’examen. Si vous avez satisfait, on vous affectera un numéro de permis de conduire.
LDB : Y a-t-il des personnes qui vont à l’auto-école après avoir obtenu d’une certaine manière un permis de conduire ?
DGTT : À tous les niveaux de formation, malheureusement il y a le fléau de la fraude. Mais nous réaffirmons que lorsqu’une personne n’est pas passée par une auto-école, son permis est déclaré faux. Nous avons un service constitué d’un fichier national pour les informations des sessions, les renseignements. Nous sommes ampliataires de tous les procès-verbaux qui sont organisés au niveau de tous les départements, donc on est à mesure de regarder si l’intéressé à passer son examen de permis de conduire, à quelle époque, avec toutes les références. C’est après avoir fait ce contrôle qu’on peut vous délivrer un permis de conduire, mais lorsqu’on ne retrouve pas votre parcours dans notre fichier votre permis est déclaré faux et on met le tampon « faux » sur le permis.
LDB : Mais peut-on parler de permis à vie pour ceux qui finissent par l’obtenir ? Est-il possible de retirer le permis à un mauvais conducteur ?
DGTT : Le permis n’est pas un document à vie, il a même une validité. Passé dix ans, vous devez revenir à la DGTT pour faire proroger le document. Dans le dossier d’obtention de permis, vous avez le certificat médical, ce qui sous-entend qu’à un certain moment on peut vous déclarer inapte à conduire.
LDB : Vous conviendrez que le certificat médical au Congo a perdu de sa valeur ?
DGTT : En tant qu’État, nous ne devons pas encourager le faux ni d’ailleurs la mauvaise conduite au volant. Si au plus haut niveau, certaines mauvaises pratiques sont dénoncées, nous nous devons également de faire des efforts. Mais je vous affirme qu’au Congo, notre permis fait partie des systèmes les mieux organisés de la sous-région. Je le répète, le dossier constitué à la demande de permis – photo, certificat médical – nous permet tout de même d’avancer pour annuler un permis de conduire. Nous avons une commission d’annulation qui se retrouve périodiquement. En cas d’accident de la route, par exemple, la police dans ses constations a déjà eu à retirer un permis de conduire, qui arrive ensuite à notre niveau. C’est une chaîne. D’autres pays en Occident sont mieux organisés que nous, nous le convenons, mais pas à pas nous arriverons à l’amélioration de tout le système. Nous avons des projets pour améliorer les conditions des examens et de délivrance du permis de conduire.
LDB : Est-ce que la question des moniteurs figure parmi vos projets ? Parce que s’il y a quelque part une mauvaise conduite au volant, c’est qu’il y a au départ de mauvais moniteurs…
DGTT : En tant qu’organisation centrale, nous avons la responsabilité des directions départementales. Dans la capitale, nous avons une direction à la préfecture de Brazzaville. Ce sont eux qui organisent pour le bien de l’État comme je l’ai dit tantôt. Dans ces sessions d’examens, il y a un comité national de supervision qui regroupe la mairie, la police et autres. Ce n’est plus la seule responsabilité de la DGTT, nous délivrons le permis mais c’est l’ensemble de ces structures qui organisent les sessions de passation de permis. Il faut que cela soit bien clair, c’est pas le permis de conduire qui conduit, mais c’est l’homme ! Donc, du point de vue comportemental, il y a beaucoup à faire, des aventuriers conduisent mal et ce n’est plus réellement de notre faute. À ce niveau, c’est la police qui doit veiller aux règles de la circulation. D’où aussi le rôle de la commission d’annulation du permis qui veille aussi à la bonne conduite avant de proroger la validité d’un permis, qui est de dix ans ! Le travail sur lequel il faudrait s’appesantir est celui de l’éducation des citoyens. Par le biais des directions départementales, nous veillons lorsqu’un opérateur souhaite ouvrir une auto-école, sur la base des rapports que nous recevons, nous autorisons telle école à poursuivre ou pas ses activités. Actuellement, nous sommes en train d’actualiser les matières afin de revaloriser la profession de moniteur d’auto-école.
LDB : De quelle manière prenez-vous en compte la formation des conducteurs qui ne savent ni lire et écrire ?
DGTT : Au cour de chaque session, ce genre de cas se présente Ils sont formés séparément et sont au final soumis à un autre type d’examen. Mais de manière générale, la circulation exige des futurs candidats au permis de conduire de savoir lire.
LDB : Et pour le permis Cémac, quelle est la ligne à tenir ?
DGTT : Le décret est déjà officiel, nous passons du permis rose à celui sécurisé en carton. Néanmoins, ce changement va se faire progressivement. Ceux qui viennent remplir des dossiers pour un permis de conduire ou ceux qui doivent le renouveler auront automatiquement le permis Cémac. Lorsqu’un grand nombre détiendront le nouveau document, nous organiseront officiellement une procédure de grande envergure qui contribuera aussi à attraper les détenteurs de faux permis !