Education : l’Unesco et l’Unicef tirent la sonnette d’alarme sur la situation des adolescentsLundi 26 Janvier 2015 - 16:11 Les deux agences onusiennes ont estimé, dans un rapport commun publié lors du dernier Forum mondial sur l’éducation, qu’environ 63 millions d’adolescents âgés de 12 à 15 ans sont privés de leur droit à l’éducation. Ils risquent deux fois plus d’être non scolarisés que les enfants en âge de fréquenter l’école primaire. Le rapport, financé par le Partenariat mondial pour l’Éducation, montre que dans le monde, un adolescent sur cinq n’est pas scolarisé contre un enfant sur onze en âge de fréquenter l’école primaire. Il montre aussi qu’à mesure que les enfants grandissent, le risque augmente qu’ils ne commenceront jamais l’école ou qu’ils abandonneront les études. « Au total, 121 millions d’enfants et d’adolescents n’ont jamais commencé l’école ou l’ont abandonnée, en dépit des promesses faites par la communauté internationale de parvenir à l’objectif de l’Education pour tous d’ici à fin 2015. Les données montrent qu’on n’a fait quasiment aucun progrès dans la réduction de ce chiffre depuis 2007. Les enfants vivant dans des situations de conflit, les enfants qui travaillent et ceux qui sont confrontés à une discrimination en raison de leur appartenance ethnique, de leur sexe ou d’un handicap sont les plus touchés », indique le communiqué de presse conjoint. L’Unicef et l’Unesco craignent également que les progrès antérieurs obtenus dans l’élargissement de l’accès à l’éducation soient remis en cause si l’on ne change pas profondément les politiques et les ressources. Selon la directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, les stratégies habituelles s’appuyant sur un plus grand nombre d’enseignants, de salles de classes et de manuels scolaires ne sont pas suffisantes pour aider les enfants les plus défavorisés. « Nous avons besoin d’opérations plus ciblées pour aider les familles déplacées par les conflits, les filles forcées de rester chez elles, les enfants handicapés et les millions d’autres obligés de travailler. Mais ces politiques ont un prix », a-t-elle souligné, précisant que ce rapport servait de rappel à l’ordre afin de mobiliser les ressources nécessaires pour garantir à chaque enfant, une fois pour toutes, une éducation de base. Le rapport commun de l’Institut de statistique de l’Unesco et de l’Unicef : « réaliser la promesse non tenue de l'éducation pour tous:résultats de l'initiative mondiale en faveur des enfants non scolarisés » est rendu public au moment où la pression s’accroît pour faire figurer l’éducation secondaire pour tous dans le programme de développement mondial de l’après-2015. En effet, ce rapport montre la voie à suivre pour surmonter les obstacles qui empêchent les enfants d’aller à l’école. Si la tendance actuelle se poursuit, prévient le rapport, 25 millions d’enfants dont 15 millions de filles et 10 millions de garçons ne mettront probablement jamais pied dans une salle de classe. Quelques pays épinglés De son côté, le directeur général de l’Unicef, Anthony Lake, pense que pour réaliser la promesse de l’éducation pour chaque enfant, la communauté mondiale devrait s’engager à investir dans trois domaines. Il s’agit d’amener plus d’enfants dans les écoles primaires ; les aider, particulièrement les filles à rester à l’école au cours du cycle secondaire ainsi que d’améliorer la qualité de l’enseignement qu’ils reçoivent durant leur scolarité. « Il ne devrait pas y avoir de débat sur ces priorités : nous devons réaliser les trois parce que la réussite de chaque enfant et l’impact de notre investissement dans l’éducation dépend des trois à la fois », a-t-il martelé. Affichant respectivement 66 % et 59 % d’enfants qui ne fréquentent pas l’école primaire, l’Érythrée et le Libéria ont les taux les plus élevés de non-scolarisation en Afrique. Dans de nombreux pays, les taux d’exclusion sont même encore plus élevés pour les enfants plus âgés, les filles en particulier. Au Pakistan, environ 58 % des adolescentes âgées de 12 à 15 ans ne sont pas scolarisées par rapport à 49 % des garçons. Le rapport a cité la pauvreté comme étant le plus grand obstacle à l’éducation. « Au Nigéria, les deux tiers des enfants des foyers les plus pauvres ne sont pas scolarisés et près de 90 % d’entre eux ne le seront sans doute jamais. Par contre, seulement 5 % des enfants les plus riches ne sont pas scolarisés et la plupart d’entre eux devraient l’être dans l’avenir », poursuit le rapport. Pour l’Unesco et l’Unicef, les nouvelles politiques doivent porter spécifiquement sur les enfants les plus marginalisés et doivent être menées dans le cadre d’efforts plus importants pour améliorer l’accès à l'éducation et la qualité de cette dernière. D’où la nécessité de donner des informations solides aux gouvernements concernant ces enfants. Parfait Wilfried Douniama |