Italie : l’injustice de la corruption se combat par nos ‘Non’

Mercredi 21 Janvier 2015 - 14:30

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

Giuseppe Pignatone a rendu hommage mardi à Rome à Floribert Bwana Chui, jeune douanier congolais assassiné pour avoir dit ‘Non’.

La Communauté catholique Sant’Egidio a rendu hommage à sa façon à Floribert Bwana Chui. Membre de ce mouvement catholique de défense des droits de l’Homme et pour la réconciliation des peuples, ce jeune douanier fut assassiné à Goma, en RDC en 2007 pour avoir refusé de prendre de l’argent et fermer l’œil sur des trafics illicites. Un livre, « Il prezzo di due mani pulite. Un giovane contro la corruzione nella Repubblica Democratica del Congo » (Le prix de deux mains propres. Un jeune contre la corruption en République démocratique du Congo – Éditions pauliniennes, Milan) vient de lui être consacré en Italie.

L’auteur, Francesco de Palma, lui aussi membre de la Communauté Sant’Egidio, explique avoir voulu rendre hommage « à un martyr de l’intégrité ». La présentation de l’ouvrage, mardi soir dans la basilique Saint-Bartholomée sur l’île tibérine, au centre de la capitale italienne, a drainé foule. Giuseppe Pignatore, procureur général de Rome et qui en connaît un bout sur la lutte contre la corruption en Italie, a pris la parole pour réaffirmer cette lutte se gagne par les petits gestes de tous les jours face à la tentation et à l’attrait de la facilité criminelle.

Tout en reconnaissant que « la corruption est un des maux qui accompagnent les hommes tout au long de leur vie », et cela dans n’importe quelle partie du monde, il a soutenu qu’elle n’en représente pas moins une bataille que toute société est invitée à engager et gagner. Il n’est pas vrai qu’on ne peut rien faire : « nous pouvons faire beaucoup. Nous pouvons faire beaucoup à partir de nos ‘Oui’ et de nos ‘Non’. Il s’agit d’une injustice qui se combat avec nos ‘Non’ » à la compromission.

Dans ce sens, la vie du jeune Floribert Bwana Chui se donne en méditation à tous. « En Italie, a-t-il dit, beaucoup de personnes ont payé de leur vie la défense de la justice et des pauvres. C’est le cas du juge Rosario Livatino (magistrat sicilien d’Agrigente assassiné par la mafia de Cosa Nostra, en septembre 1990, Ndlr) et du père Pino Puglisi qui disait : ‘si chacun de nous faisait quelque chose, tout changerait’ », a dit le juge. Pour rappel, le père Puglisi fut assassiné à Palerme en 1993. Proclamé Bienheureux par le pape François, les Italiens lui rendent hommage en tant que premier martyr (saint catholique) de la mafia.

De nombreuses autres personnalités ont pris la parole mardi pour souligner le caractère ordinaire de la vie de Floribert; une banalité qui, s’il elle était au service du Bien commun chez tous, ferait de l’honnêteté la vertu normale qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être. Mario Giro, vice-secrétaire des Affaires étrangères; Jean-Léonard Touadi, ancien député italien d’origine congolaise ; Mgr Matteo Zuppi, auxiliaire du pape pour le diocèse de Rome : tous ont souligné l’exemplarité de la vie de Floribert.

« Sa figure montre la gratuité comme valeur révolutionnaire pour le futur de l’Afrique dans la bataille contre la corruption dont les premières victimes sont toujours les pauvres », a rappelé Marco Impagliazzo, le président de la Communauté catholique Sant’Egidio. Ce mouvement qui a le statut d’ONG en Italie, proche du Vatican sans dépendre de lui, a conclu plusieurs processus de réconciliation dans des pays ravagés par la guerre. Ses succès les plus éclatants ont été obtenus au Mozambique et en Angola notamment.

Lucien Mpama