Numéro spécial Francophonie : la Fondation Gorée présente son projet d’érection d’un monumentMardi 11 Novembre 2014 - 16:15 Dans le cadre du XVe sommet de la Francophonie qui se tiendra les 29 et 30 novembre à Dakar (Sénégal), le secrétaire général, Amadou Lamine Sall, et le conseil d’administration de la Fondation Gorée, ainsi que l’architecte du mémorial, Ottavio Di Blasi, organisent une conférence de presse le 28 novembre Au cours cette conférence de presse, ils présenteront la Fondation mondiale pour le mémorial et la sauvegarde de Gorée sous toutes ses coutures, et son plan international de communication 2015 dont l’objectif est de mobiliser l’opinion mondiale autour de l’île de Gorée, reconnue patrimoine mondial de l’humanité par l’ONU depuis 1978. L’île de Gorée est un lieu qui revêt une grande portée symbolique en tant qu’emblème de la traite négrière. Le président américain, Barack Obama, a déclaré : « L’île de Gorée témoigne d’une expérience humaine sans précédent dans l’histoire des peuples. Pour la conscience universelle, Gorée est le symbole de la traite négrière avec son cortège de souffrances… » Une souscription mondiale sera lancée, intitulée « Entrez vous aussi dans l’histoire ! », en vue de contribuer à l’érection du monument et du Centre international des mémoires. La Fondation Gorée est un espace de souvenir et de partage des mémoires autour de la grande traite négrière qui fut la mise en œuvre d’un système de domination et d’exploitation humaines organisé à grande échelle entre les xve et xixe siècles. Au même titre que la Shoah pour les juifs, cette tragédie fait partie des rares traumatismes universels qui hantent toujours l’inconscient collectif des peuples. Elle renvoie à « cette part obscure qui sommeille en l’homme, celle d’un prédateur antique qui se réveille périodiquement, semant alors terreur, douleur, et larmes dans les sillons éventrés de la civilisation en lambeaux qu’il abandonne derrière lui », peut-on lire dans un document du mémorial de Gorée. « L’Afrique, ses populations, son “ventre déchiré” payèrent un lourd tribut à cette barbarie. Le mémorial de Gorée est donc un lieu d’hommage, de méditation, de réflexion. Mais c’est aussi un lieu unique au monde qui abrite le Centre international des mémoires, tourné résolument vers l’avenir, consacré aux droits de l’homme et dédié au dialogue entre les peuples », poursuit le document. Entre les xve et xixe siècles, les Européens embarquèrent de force sur des bateaux appelés « négriers » douze millions d’esclaves africains pour l’Amérique. Cet événement a marqué le cours de l’histoire du continent américain en particulier. Désireux de s’approprier davantage de territoires et de richesses, plusieurs grands pays européens ont mis en branle des expéditions visant à découvrir de nouvelles terres à exploiter. Ils envoyèrent des colons pour peupler les nouvelles colonies européennes d’Amérique en vue d’exploiter ces nouvelles terres étrangères et d’en tirer des ressources naturelles (or, argent, café, sucre, coton) qui vont leur permettre de s’enrichir. Pour y parvenir, les colons vont déporter et contraindre la main-d’œuvre africaine à réaliser à leur place des travaux physiquement durs dans des conditions misérables et non onéreuses dans plusieurs régions américaines (États-Unis, Antilles, Brésil, Québec). Les Africains provenaient pour la plupart de Gambie, du Sénégal, du Liberia, de Sierra Leone, de Guinée, de Côte d’Ivoire, du Ghana, du Togo, du Bénin (ex-Dahomey, du Nigeria, etc. Arrivés en Amérique, les esclaves noirs étaient vendus à des propriétaires qui avaient tous les droits sur les esclaves. Les impacts des Noirs sur les cultures américaines Cette traite des Noirs aura des impacts sur les différentes cultures présentes sur le continent américain. Les esclaves africains arrivaient avec leurs cultures, leurs traditions, leurs croyances religieuses, leurs langues, etc. Les colonisateurs tenteront de réprimer, mais sans succès, la culture africaine. Certains exemples de métissages culturels sont encore édifiants, en particulier dans l’art. C’est le cas de la capoeira au Brésil (n’golo en Afrique) aujourd’hui danse, mais à l’origine un art martial (de combat) pratiqué par les esclaves africains et interdit par les Européens. Le blues, aux États-Unis, né de la rencontre culturelle entre les esclaves et les colons, transporté jusqu’à l’église où les esclaves vont introduire des rythmes africains, serait à l’origine de la plupart des musiques du xxe siècle comme le rythm n’ blues, la soul, la country, le folk, le rock n’ roll, et même le jazz. Noël Ndong |