Le pape aux prêtres du Cameroun : « Ne vous enrichissez pas au milieu de votre peuple pauvre ! »

Samedi 6 Septembre 2014 - 19:00

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Le Souverain pontife a rencontré l’ensemble des Evêques catholiques camerounais, samedi matin au Vatican.

Comme le veut le rituel de l’Église catholique, les évêques et archevêques du Cameroun sont venus rencontrer le pape cette semaine au Vatican. Pour cette visite dite «ad limina apostolorum » (sur le tombeau des apôtres) qui se tient tous les cinq ans, ils sont venus faire part de leurs difficultés ainsi que des bonnes nouvelles qui accompagnent leur travail de pasteurs dans les diocèses à leur charge.

Et comme le veut le rituel aussi, le pape les a écoutés un à un avant de recevoir l’ensemble du groupe. C’est à cette occasion, dans un discours écrit en français et en anglais, que le pape a fait part, le samedi 6 septembre, de sa joie de voir une Église camerounaise dynamique et pleine d’allant. Une Église qui se manifeste par l’animation de milliers d’œuvres : dans l’éducation, la santé ou les projets de développement et qui, jusqu’au sommet de l’État, manifeste de l’intérêt pour la contribution des catholiques au développement de tout le Cameroun.

« Je souhaite, a dit le pape François, que la bonne collaboration entre l’Église, l’État et la société camerounaise dans son ensemble, qui s’est manifestée récemment par la signature d’un accord-cadre entre le Saint-Siège et la République du Cameroun, porte des fruits abondants. Je vous invite à mettre cet accord en œuvre concrètement, car la reconnaissance juridique de nombreuses institutions ecclésiales leur donnera un plus grand rayonnement, au bénéfice non seulement de l’Église, mais de toute la société camerounaise ».

Toutefois, le Saint-Père n’a pas manqué de relever les carences dans l’action et le comportement du clergé ; ce qu’il a qualifié de « contre-témoignage ». En même temps qu’il invite à une meilleure formation des futurs prêtres dans les séminaires, il tire la sonnette d’alarme. « Il est essentiel que le clergé rende le témoignage d’une vie habitée par le Seigneur, cohérente avec les exigences et les principes de l’Évangile ». Le pape attire l’attention sur les tentations de la mondanité, « en particulier celles du pouvoir, des honneurs et de l’argent. Sur ce dernier point particulier, le contre-témoignage qui pourrait être donné par une mauvaise gestion des biens, l’enrichissement personnel ou le gaspillage serait particulièrement scandaleux en une région ou beaucoup de personnes manquent du nécessaire ».

Et dans un Cameroun où la menace de la secte islamiste nigériane Boko Haram se fait chaque jour plus précise, le pape appelle à poursuivre le dialogue avec les musulmans malgré tout. Leur présence est, dit-il, « une invitation pressante à témoigner courageusement et joyeusement de la foi au Christ ressuscité. Développer le dialogue de la vie avec les musulmans, dans un esprit de confiance mutuelle, est aujourd’hui indispensable pour maintenir un climat de cohabitation pacifique, et décourager le développement de la violence dont les chrétiens sont les victimes dans certaines régions du continent ».

À rappeler que l’Église du Cameroun a déjà subi les violences de Boko Haram, la secte fondamentaliste qui sévit dans la partie nord du Nigéria voisin où il a proclamé le califat. Des religieux catholiques ont été enlevés au Cameroun à plusieurs reprises et conduits de l’autre côté de la frontière. À chaque fois leurs pays d’origine, France et Canada principalement, ont nié avoir versé des rançons pour leur libération.

Lucien Mpama