Procès "Marcel Ntsourou" : l’audience du 20 août émaillée d’incidentsMercredi 20 Août 2014 - 19:30 Les déclarations du chef d’état-major général adjoint (CEMGA), le général René Boukaka, qui a surchargé le principal accusé, l’ex-colonel Marcel Ntsourou, ont suscité une forte agitation dans la salle d’audiences de la Cour d’appel de Brazzaville, le 20 août. Appelé par la Cour criminelle, en sa qualité de sachant, le général René Boukaka devait éclairer le tribunal sur certaines déclarations des incriminés qui accusaient la force publique d’avoir déposé une charge au domicile de Marcel Ntsourou, le 16 décembre par l’hélicoptère et ceci, avant de donner l’assaut. Dans son intervention, le général René Boukaka a balayé cette allégation car selon lui, « L’hélico a survolé le ciel pour observer. Il n’a pas déposé une charge quelconque ». Des propos qui n'ont pas manqué de susciter des remous auprès des accusés. Répondant au sujet de la légalité de l’opération, le CEMGA a indiqué qu’il était au courant de l’action et les engins utilisés étaient ceux adaptés pour le maintien de l’ordre. Sur l’implication des FAC dans cette action, le général René Boukaka a rappelé que, selon les textes régissant la force publique, la police intervient en première position avant la gendarmerie. Lorsqu’il y a des difficultés, les FAC interviennent en troisième ressort. Quelles difficultés la police a-t-elle rencontrées au domicile de Marcel Ntsourou pour recourir aux FAC ? Pour répondre à cette question des avocats des accusés, le général René Boukaka a évoqué les évènements du 15 décembre. « Que voulez-vous alors qu’il y ait eu l’avant 16 décembre si ce ne qu'on a tiré sur des policiers ? » dit-il. Et Me Amédée Nganga de rétorquer : « Il n’y a pas eu d’évènements le 15 décembre ». « C’est toi qui le dis », réagit René Boukaka. S’agissant des dispositions prises avant l’opération pour évacuer les civils et sur une éventuelle sommation donnée, le général René Boukaka a indiqué que des mesures avaient été prises. Autrement, on aurait enregistré beaucoup de morts. « Les contacts avaient été pris avec monsieur Marcel Ntsourou pour qu’il remette les armes, mais il s’est entêté ». Grande agitation chez les accusés. Voulant intervenir pour apporter un démenti aux propos du CEMGA, Marcel Ntsourou a été stoppé par la cour qui a cité certains articles du Code de procédure pénale qui stipulent, entre autres, que l’accusé ou le conseil peut poser de questions à un témoin ou un à co-accusé. Dans le cas d’espèce, le général René Boukaka était appelé en qualité de sachant à la demande de la Cour. Pour la défense, le principe contradictoire souhaité par les différentes parties au procès n’est pas respecté. C’est à ce moment qu’intervient la traditionnelle pause que l’on observe chaque jour. La défense a-t-elle perturbé la poursuite de l’audience ? À la reprise à 14heures 09 minutes, la défense revient sur les bases. Me Hervé Ambroise Malonga, qui a pris la parole, a contesté les déclarations du sachant. Selon lui, le général René Boukaka a dirigé les opérations le 16 décembre 2013 au domicile de leur client, Marcel Ntsourou. Constitué partie civile, René Boukaka ne pouvait intervenir en qualité de sachant pour des éventuels renseignements. « Si notre client ne peut pas poser de questions, nous sommes désolés », s’est plaint Me ambroise Malonga qui a menacé de quitter la salle. Le premier président de la Cour d’appel de Brazzaville, Christian Oba, est, de son côté, revenu sur des arguments qu’il avait évoqués dès l’ouverture du procès. « La loi de la session criminelle est claire : l’accusé et le conseil sont tenus de déposer la liste des témoins avant l’ouverture de la session. Ce que vous n’avez pas fait. Donc, votre client doit s’en prendre à Vous. Le sachant qui est passé ce matin, c’est la cour qui l’a appelé. De toutes les façons, il n’y a pas de commission d’office, c’est votre contrat avec votre client », a-t-il averti. Et Marcel Ntsourou de se lever et de s'exprimer : « Si mes avocats s’en vont, je ne peux pas rester seul. Je connais ce système-là, ils savent que je devais le ridiculiser ici puisque je connais les lois de l’armée.» - Christian Oba, président de la Cour : « Tu veux braver la Cour ? » - Marcel Ntsourou : « Je respecte la Cour, mais nous sommes dans une situation totalement anormale » Dix minutes après le retour de la pause, dix minutes après ces échanges sur fond d'incompréhension, l’audience a été suspendue. Il était 14 heures 19 minutes. Rendez-vous ce jeudi. Parfait Wilfried Douniama |