Nouvelle crise franco-rwandaise : Paul Kagame et Laurent Fabius tentent de régler le différend entre leurs pays

Samedi 24 Mai 2014 - 15:00

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En marge des travaux de la 3e édition New York forum Africa qui a débuté le 23 mai à Libreville, au Gabon, le président rwandais, Paul Kagame et le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, se sont entretenus sur la nouvelle crise entre Paris et Kigali qui a éclaté lors de la commémoration le 7 avril dernier du 20e anniversaire du génocide rwandais

À l’issue de leur entretien, le ministre français des Affaires étrangères a déclaré que cette rencontre a été l’occasion de faire le « point sur la situation » entre les deux pays, et a qualifié cette rencontre d’«utile », en raison des positions quelque peu radicales prises par les deux États lors de cet événement. La nouvelle crise franco-rwandaise a éclaté alors que les relations paraissaient s’apaiser entre les deux États depuis quelques années.

« Il est souhaité de part et d’autre (...) de revenir à une relation apaisée », a assuré Laurent Fabius, soulignant qu’il fallait « trouver les voies et moyens d’y parvenir ». Le ministre a indiqué qu’avant la crise d’avril, les relations bilatérales étaient déjà « bonnes » et  que la crise actuelle n’allait pas empêcher les militaires rwandais et français de travailler ensemble à la pacification de la Centrafrique. Le président rwandais quant à lui n’a pas voulu s’exprimer sur ce sujet le même jour.

Outre Paul Kagame, le chef de la diplomatie française a conféré avec le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, initiateur du New York Forum Africa, un sommet économique axé autour du thème « La transformation d’un continent ».

La France et le Rwanda, rappelons-le, traversent une nouvelle crise après les dernières accusations de l’actuel président rwandais sur l’implication de Paris dans le génocide de 1994 qui a fait quelque 800.000 morts. Lors de la commémoration 20e anniversaire de ce massacre, Paul Kagame avait accusé ouvertement la France de refuser de reconnaître sa responsabilité dans ce génocide. Ce qui avait fait qu’aucun représentant officiel de Paris ne puisse faire le déplacement de Kigali pour participé à cette commémoration.

À l'origine de la crise...

Le différend qui oppose le Rwanda à la France trouve son origine dans le soutien de Paris et de son armée au régime hutu rwandais, coupable du génocide. En effet, de 1990 à 1993, les soldats français étaient intervenus pour aider l’armée rwandaise à lutter contre la rébellion tutsi du Front patriotique rwandais (FPR) aujourd’hui au pouvoir au Rwanda. Le 22 juin, la France lança seule l’opération Turquoise sous mandat de l’ONU, avec pour objectif affirmé de protéger les populations civiles des massacres en cours dans le pays. Kigali qui ne croit pas à cette version des faits estime que cette mission a permis plutôt de protéger les responsables du régime génocidaire de Juvénal Habyarimana dans la fuite de ses soldats vers l’actuelle République démocratique du Congo.

Le contentieux né de cette affaire a fait que la France soit accusée depuis 20 ans par Kigali de « complicité » de génocide pour avoir formé et armé les forces rwandaises. Le Rwanda reproche aussi à Paris son indulgence supposée à l’égard de présumés génocidaires qui se sont réfugiés sur son territoire mais aussi, le fait que la France a accepté que les enquêtes judiciaires mettant en cause le rôle de Paul Kagamé dans l’attentat ayant coûté la vie au président Juvénal Habyarimana, soit engagées sur son sol.

Notons qu’environ 800.000 personnes, essentiellement des Tutsis et des Hutus modérés ont été tuées en 1994 lors du génocide au Rwanda.

Nestor N'Gampoula