Marcus Cornaro : la stratégie conjointe Afrique-UE, ensemble face aux défis communs actuels et futurs

Dimanche 30 Mars 2014 - 8:15

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J’entends souvent mes interlocuteurs me demander de clarifier le rôle de la Stratégie conjointe Afrique-UE. Celle-ci est née d’un constat. L’Afrique et l’Europe sont liées par l’histoire, elles entretiennent des relations politiques fortes et partagent des intérêts économiques et sociaux comme la croissance et l’emploi

Marcus CornaroMarcus Cornaro est directeur général adjoint du Développement et de la Coopération – EuropeAid – à la Commission européenne.

Elles font aussi face à des défis communs, notamment sécuritaires tels que le terrorisme, et climatiques comme les inondations, la sécheresse et la désertification. C’est pour y répondre que nos deux continents ont lancé en 2007 au sommet de Lisbonne l’ambitieux partenariat Afrique-UE. La Stratégie conjointe est la manifestation tangible des valeurs qui fondent ce partenariat. Elle vise à promouvoir les questions d’intérêt commun en renforçant la coopération dans un large éventail de secteurs et en favorisant un développement durable qui profite à tous les citoyens sur les deux continents. Quelle est la valeur ajoutée de cette Stratégie conjointe ? Je soulignerai ici trois aspects et des exemples de réussite.

1. La Stratégie conjointe définit le cadre global du partenariat Afrique-UE face à des défis communs
L’Afrique et l’UE regroupent près de la moitié des membres de l’ONU. En développant des positions communes, elles renforcent leur poids pour négocier dans les enceintes internationales, par exemple sur les questions liées au changement climatique. Lors de la Conférence des Nations unies sur le changement climatique à Durban en 2011, la coopération entre l’Afrique et l’UE a joué un rôle clé dans l’adoption d’un consensus international sur de nouveaux objectifs de négociation. Aujourd’hui, il est essentiel que les deux partenaires intensifient leur coopération pour rallier d’autres régions à un nouvel accord mondial contraignant lors de la Conférence sur les changements climatiques prévue à Paris en 2015.

2. La Stratégie conjointe a élargi la coopération Afrique-UE à de nouveaux secteurs porteurs de promesses.
L’initiative de Surveillance mondiale pour l’environnement et la sécurité et l’Afrique vise à renforcer les capacités de l’Afrique à exploiter les données fournies par les satellites d’observation de la Terre pour gérer l’environnement et les ressources naturelles de façon à accélérer la transformation économique de manière durable. Le Programme de coopération Afrique-UE dans le domaine des énergies renouvelables soutient des projets tels que la mise en place de politiques tarifaires pour les énergies renouvelables (Sénégal), la promotion de l’énergie géothermique (Rwanda) ou l’amélioration des cadres politiques et règlementaires (Kenya, Djibouti, Gambie).

3. La Stratégie conjointe vise à bâtir un partenariat centré sur les peuples en associant la société civile, le secteur privé et la jeunesse des deux continents grâce à des processus de consultation
Elle bénéficie aussi directement aux citoyens avec, par exemple, une coopération dans le domaine de l’éducation supérieure. À cet égard, l’UE partage son expérience avec ses partenaires africains en ce qui concerne l’assurance de la qualité, l’identification des compétences pour l’employabilité et la mise en place d’un cadre pour l’harmonisation des programmes d’enseignement supérieur en Afrique. Une initiative pilote regroupant soixante universités africaines et portant sur cinq matières s’est clôturée en 2013. Des travaux sont en cours afin de la rendre pleinement opérationnelle et porter à 120 le nombre d’universités africaines associées à l’initiative en 2015.

En résumé, la Stratégie conjointe a enregistré des succès tant au niveau politique qu’opérationnel. Néanmoins, beaucoup reste à faire, et le prochain sommet UE-Afrique, en fournissant l’occasion d’un dialogue approfondi avec nos partenaires africains sur toutes les questions d’intérêt commun, devrait nous permettre de renforcer l’efficacité de notre coopération face aux défis d’un monde en constante évolution.

Marcus Cornaro