Quelle est la part de l’investissement européen, hors France et hors aide, dans le secteur privé au Congo ? Et quelle en est la tendance ces dernières années, haussière ou baissière ?
Il existe une pénurie de données agrégées sur les investissements européens réalisés en République du Congo et dans les pays africains en général. Nombre d’États européens ne communiquant pas aux institutions internationales compétentes leurs données en matière d’investissements directs à l’étranger (IDE). Néanmoins, il est possible d’identifier quelques tendances générales. La portion des IDE effectués par des États européens, hors France, dans le secteur privé au Congo a atteint un pic durant la période de trois-quatre ans précédant la survenance de la crise économique et financière de 2009. 2010 et 2011 furent des années de creux, marquées par un attentisme généralisé. L’année 2012 a été marquée par une légère reprise des IDE européens au Congo, confirmée en 2013, mais avec des volumes en deçà ou au mieux équivalents à ceux précédant la crise. Actuellement, la Grande-Bretagne est le seul pays européen à accroître substantiellement ses investissements dans le secteur privé, notamment dans le secteur minier. Toutefois, grâce aux investissements croissants réalisés par les pays émergents sur son sol, le Congo a vu les IDE croître de 47,6% sur la période 2007-2012. Les investisseurs européens sont conscients de cette tendance ainsi que des nombreuses opportunités d’investissement existantes. Aussi est-il raisonnable de tabler sur une reprise des IDE européens dans les années à venir.
Dans quels secteurs investissent les Européens au Congo ?
Outre le secteur des hydrocarbures, les Européens investissent dans l’exploitation forestière et la transformation du bois, dans des projets de construction et de concession d’infrastructures, dans le secteur minier, dans l’agro-industrie, dans le secteur brassicole ou encore dans les services. S’agissant de l’exploitation forestière et de la transformation du bois, les autorités congolaises ont pris les mesures nécessaires afin de pérenniser le secteur en mettant en place des normes pertinentes tant sur le plan environnemental, industriel que socioéconomique. Ce cadre législatif s’avère propice pour les sociétés européennes présentes, dont l’activité est de plus en plus encadrée dans le contexte d’un développement durable. Le secteur minier, créateur d’emplois, voit quant à lui la promesse d’investissements massifs, notamment grâce à un cadre législatif favorable. Ainsi, le groupe anglo-suisse Glencore-Xstrata et son partenaire Zanaga Iron Ore Corporation travaillent actuellement au développement d’un projet d’exploitation du gisement de fer de Zanaga, évalué à trois milliards de dollars et qui mobilisera de nombreux secteurs de l’économie congolaise.
Existe-t-il des programmes européens qui peuvent intéresser les entrepreneurs congolais ?
Le Centre pour le développement de l’entreprise (CDE), qui dispose d’un bureau pour l’Afrique centrale, fournit un appui technique direct et multiforme aux entrepreneurs du secteur privé dans les pays ACP. Au Congo, le CDE a lancé en juin dernier, conjointement avec l’État congolais et la délégation de l’Union européenne, les phases 2 et 3 du Programme de renforcement des capacités commerciales et entrepreneuriales (PRCCE). Le PRCCE concerne cinq filières : agroalimentaire, transformation du bois, sous-traitance, bâtiment et matériaux de construction, logistiques portuaires et aéroportuaires. Dans le secteur logistique, le CDE a, par exemple, mis en place un programme d’accompagnement de six entreprises tout au long du processus de certification qualité ISO 9001 V2000, s’inscrivant dans le cadre de la modernisation du port de Pointe-Noire. Une autre initiative lancée par l’Union européenne en 2006, le programme Living Labs, permet de fédérer des initiatives locales dans le secteur des technologies de l’information : un living lab regroupe des universités, des entreprises et/ou des associations dans le but de faire tester par le public des services, des outils ou des usages nouveaux. Ce programme s’est rapidement étendu au-delà de l’Europe et plusieurs partenariats Public-Privé africains ont déjà reçu le label living labs, accédant ainsi un réseau mondial d’innovation et de partage de connaissances développant, entre autres, des solutions technologiques dans des secteurs tels que l’éducation, la médecine ou l’agroalimentaire. Ce programme prévoit de nouvelles admissions. La Banque européenne d’investissement, quant à elle, octroie sur fonds propres des facilités de crédit et des prêts à des petites et moyennes entreprises dans les pays ACP pour des projets d’investissements jugés viables, et ce dans une large gamme de secteurs. La mise en œuvre est confiée aux banques nationales ainsi qu’à des établissements bancaires, dotés de lignes de crédit à cet effet.
Le secteur privé congolais a-t-il intérêt à se rapprocher de l’Europe ?
L’Europe est un partenaire de longue date du secteur privé congolais. Elle est consciente que des transformations structurelles sont en train de s’opérer au Congo et qu’elle doit prendre part à cette dynamique en réalisant de nouveaux investissements et en accroissant le volume des échanges commerciaux avec le Congo. Ces relations de travail doivent impliquer des entreprises congolaises et européennes de toutes tailles et déboucher sur des partenariats gagnant-gagnant. L’Europe dispose à cette fin de technologies et de savoir-faire dont elle peut faire bénéficier ses partenaires. Elle peut, en outre, aider le secteur privé congolais à réduire ses coûts via la facilitation des échanges commerciaux et l’accès au financement. Ces différents éléments permettront de renforcer les capacités d’offre du secteur privé congolais tant sur le plan régional qu’international. Dans cette optique, le quatrième sommet Afrique-UE ouvre une fenêtre pour travailler à un agenda économique commun.