Eau et forêts : l’accès à l’eau potable et la gestion durable des forêts posent toujours problème au Congo

Mardi 25 Mars 2014 - 17:30

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Les Journées internationales des forêts et de l’eau ont été célébrées les 21 et 22 mars dans le monde. À cet effet, l'ONG « Rencontre pour la paix et les droits de l’homme » a publié une déclaration dans laquelle elle suggère aux pouvoirs publics plusieurs mesures pour une gestion rationnelle des forêts et l’accessibilité à l’eau potable pour tous

La Rencontre pour la paix et les droits de l’homme (RPDH) fait remarquer que, de par sa situation géographique, le Congo regorge d’atouts naturels notamment d’énormes ressources forestières et hydriques, aussi bien pour assurer son développement économique que pour renforcer sa position stratégique au niveau de la sous-région d’Afrique centrale. Il couvre à lui seul 10% des forêts denses et humides du Bassin du Congo, deuxième réservoir mondial après l’Amazonie, grâce à sa biodiversité. Sa superficie est couverte de 65% de forêts denses tropicales humides, soit au total 22.471.271 millions d’hectares de forêts. Le territoire, riche en réserves hydriques, est arrosé du Nord au Sud par les différents affluents du fleuve Congo et par de nombreux cours d’eau, sans oublier la porte océane qui s’étend sur 170 km.

Pour garantir la gestion durable des forêts et l’accès à l’eau, de nombreux textes réglementaires ont été adoptés au Congo tels la loi n° 003-91 du 23 avril 1991 sur la protection de l’environnement, la loi n° 13-2003 du 10 avril portant code de l’eau, le nouveau code forestier, et l’Accord de Partenariat volontaire (APV) signé en 2007 entre le Congo et l’Union européenne en vue de la gestion durable des forêts du Congo.

« Au niveau du secteur forestier, la Rencontre pour la paix et les droits de l’homme note une évolution positive dans le code forestier du Congo. Cette nouvelle norme forestière exige l’élaboration et l’application d’un plan d’aménagement, trame de fond de la politique forestière nationale. Ce texte repose sur des principes de gestion durable des ressources forestières et de gestion participative impliquant les pouvoirs publics, la révision de la dite loi, pour arrimer aux standards internationaux, étant prévue tous les cinq ans. La Rencontre pour la paix et les droits de l’homme souligne toutefois que l’objectif visé ne saurait se limiter à la ratification d’instruments juridiques quoique pertinents, sur la réglementation du secteur forestier. Il s’agit surtout d’œuvrer pour que ces mécanismes certes innovants aient un impact réel sur le développement du pays et le devenir des communautés. Au-delà de la révision du cadre législatif, des lacunes persistent en matière d’élaboration et de suivi des plans d’aménagement, de transformation, d’attribution des concessions forestières, de recouvrement des taxes et des redevances. L’application de plans d’aménagement s’avère difficile du fait de la faiblesse des capacités des institutions nationales du secteur, ainsi que des problèmes techniques et d’inadaptation aux conditions socio économiques locales », a précisé Franck Loufoua, responsable des programmes à la RPDH.

L'eau est un aliment et un nutriment essentiel et indispensable à la survie de la population, cependant l’accès à une eau propre destinée à la consommation et à l’alimentation directe, une eau potable débarrassée de tout germe pathogène, est loin d’être acquis en dépit de la ratification des textes internationaux visant son accessibilité « La Rencontre pour la paix et les droits de l’homme constate l’inexistence d’une politique efficace de l’eau dans le pays. À l’observation, le traitement des problématiques liées à l’accès à l’eau potable demeure marginal en dépit de l’existence d’un département ministériel. Certes, il existe un cadre normatif qui encadre la gestion de l’eau, mais tous ces éléments ne sont pas structurés autour d’une véritable stratégie qui fait de l’eau une ressource, donc un enjeu de développement qu’il faille préserver, utiliser de façon durable et rationnelle, autant qu’une question de santé publique par-dessus tout. En fait, la gestion de l’eau au Congo est une affaire de l’État, puissance publique et de son agence d’exécution que constitue la Société nationale de distribution d’eau », a poursuivi Franck Loufoua.

Selon une enquête menée par l'ONG RPDH dans les quartiers de Pointe-Noire (OCH, Mvou Mvou, Loandjili-district), l’eau dans les ménages n’est même plus une denrée rare mais est devenue une pénurie puisque certains quartiers peuvent passer plus de huit mois sans voir une seule goutte d’eau sortir des robinets. Les populations sont alors obligées de faire recours à l’eau des forages privés occasionnant des dépenses onéreuses.

Malgré le contexte opportun dans lequel se trouve le Congo, la gestion des forêts demeure problématique et la question de l’accès des populations à l’eau potable une véritable gageure. Afin d’améliorer la gouvernance du secteur des forêts et de l’eau, la RPDH formule des recommandations à l’endroit du gouvernement de la République pour assurer la protection du patrimoine forestier congolais, tout en participant à la sauvegarde de l’environnement et à la préservation de la biodiversité : améliorer l’intégration des ressources forestières dans le développement rural afin de contribuer à rehausser le niveau de vie des populations en assurant leur participation à la conservation ; garantir l’accès effectif des populations à l’eau potable au moyen d’une politique publique rationnelle ; renforcer le niveau d’approvisionnement des populations urbaines et périurbaines en réhabilitant et en procédant à l’extension des installations de fourniture d’eau sur la base des eaux disponibles en surface.

La Rencontre pour la paix et les droits de l’homme est une Organisation non gouvernementale de promotion, de défense et de protection des droits de l’homme au Congo. Elle est aussi membre de la Coalition congolaise « Publiez ce que vous Payez », membre de la Coalition des ONG pour la Cour pénale internationale et du Réseau Initiative pour l’Afrique centrale.

Hervé Brice Mampouya

Légendes et crédits photo : 

Les forêts et l'eau abondent au Congo. Crédit photo"Adiac"