Centrafrique : la haute-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme effectue une mission dans le pays

Mardi 18 Mars 2014 - 11:15

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

Navi Pillay, haute-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, séjournera en Centrafrique du 18 au 20 mars. Cette visite intervient après celle de l’experte indépendante de l’ONU sur la situation des droits de l’homme dans le pays, Marie-Thérèse Keita Bocoum, qui a finalisé, le 17 mars, sa première mission de dix jours sur place

Selon un communiqué des Nations unies, Navi Pillay rencontrera lors de son séjour la présidente de transition, Catherine Samba-Panza, le Premier ministre, le ministre de la Justice ainsi que celui chargé de la Communication et de la Réconciliation nationale. Elle s’entretiendra également avec les représentants de l’Union africaine, de la Communauté économique des États d’Afrique centrale de l’Union européenne, ainsi que l’ambassadeur de France.

Son calendrier prévoit aussi qu’elle rendra visite au personnel onusien travaillant à Bangui, la capitale ; elle visitera des sites détruits par les conflits et rencontrera des représentants des quelque 650 000 réfugiés centrafricains.

Quant à l’experte indépendante des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Centrafrique, elle a, au terme de sa mission, appelé à une action plus robuste de la communauté internationale. « J’appelle à la communauté internationale à mettre tout en œuvre pour le déploiement d’une mission de paix capable de ramener et d’assurer la paix sur toute l’étendue du territoire national », a lancé Marie-Thérèse Keita Bocoum dans un communiqué. Et d’ajouter : « La population centrafricaine est la seule et unique victime des violences commises par des groupes armés, milices armées et des bandits. L’impunité semble s’établir comme la règle et la lutte contre l’impunité l’exception en RCA où la plupart des infrastructures du système judiciaire sont détruites. Le pays a un manque criant d’infrastructures judiciaires et de magistrats tant à Bangui qu’à l’intérieur du pays pour juger les affaires et contribuer ainsi à la lutte contre l’impunité. »

Durant sa mission qui lui a permis d’évaluer la situation sur le terrain, l’experte a rencontré la présidente de la transition, Catherine Samba-Panza. Cette mission lui a permis également de s’imprégner des réalités politiques, sécuritaires, sociales et culturelles qui ont pu exposer et continuent d’exposer les populations à la violence, à des violations de leurs droits fondamentaux et aux déplacements forcés.

Pour Marie-Thérèse Keita Bocoum, « la justice, qui ne fonctionne qu’à Bangui, opère au ralenti et ne saurait tenir ses audiences pour juger des anti-balaka sans en être empêchée par les partisans de ce groupe armé. »

« On peut dès lors constater que l’insécurité et la violence que sèment les groupes armés en RCA constituent un frein aux efforts consentis par les nouvelles autorités dans la lutte contre l’impunité. Il s’ensuit donc que tant que la peur demeure chez les magistrats, ils ne pourront tenir d’audiences », a-t-elle fait remarquer.

« Mon message à tous ceux et à toutes celles qui, de près ou de loin sacrifient la jeunesse en les poussant ou en les supportant à commettre de telles violations, est de savoir que la communauté internationale ne peut tolérer de tels actes car aucune violation des droits de l’homme ne restera impunie », a poursuivi l’experte.

Pour ce faire, Marie-Thérèse Bocoum a souhaité que plus de moyens soient mis à la disposition de Bureau intégré des Nations unies pour la consolidation de la paix en République centrafricaine (Binuca), de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca) en général et de la section Droits de l’homme et justice du Binuca en particulier, pour leur permettre d’accompagner le gouvernement dans son plan d’action nationale et dans le suivi des recommandations des organes de traités du Conseil des droits de l’homme. Elle a évoqué aussi la nécessité d’accentuer l’assistance technique au système judiciaire, à la police et à la gendarmerie afin de leur permettre de lutter efficacement contre l’impunité.

Il faut également « accentuer l’assistance au programme de soutien psychothérapeutique, aux programmes de réconciliation communautaire et à tous les secteurs de l’administration serait fondamental », a noté l’experte.

La situation sécuritaire et humanitaire en Centrafrique reste très préoccupante malgré une relative stabilisation à Bangui et dans les localités où les forces internationales - la Misca et les forces françaises de l’opération Sangaris - sont déployées.

Nestor N'Gampoula