Dépenses militaires : le niveau record des charges dans le monde prive le développement humain

Mardi 8 Mai 2018 - 14:48

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Selon les derniers chiffres publiés par l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint un record de plus de 1700 milliards de dollars en 2017, soit le niveau le plus élevé depuis la Guerre froide.

Rien que 13% des dépenses militaires mondiales annuelles seraient suffisantes pour mettre fin à la pauvreté et à la faim dans le monde ; 4% garantiraient la sécurité alimentaire de la population mondiale ; 5% répondraient aux besoins de santé ; 12% fourniraient à tous une éducation ; 3% fourniraient de l’eau propre et un assainissement adéquat, selon le Sipri.
Les Etats-Unis restent les plus grands dépensiers militaires dans le monde, avec plus de 610 milliards de dollars de dépenses en 2017. Le budget de la défense de 2018 récemment signé par le président Donald Trump a fait passer ce chiffre à sept cents milliards de dollars.

Les Etats-Unis sont en guerre continue depuis l’invasion de l’Irak en 1991, suivie par des interventions militaires en Haïti, au Soudan, en Afghanistan et la guerre aérienne contre la Yougoslavie. Les années 2000 ont vu le lancement de la « guerre contre le terrorisme » à l’échelle mondiale.
Après la dissolution de l’URSS, en 1991, les apologistes du capitalisme ont proclamé la « fin de l’histoire », le triomphe final du capitalisme et la défaite du socialisme. Ils ont salué l’aube d’une nouvelle ère de démocratie libérale, de paix et de prospérité. Mais plus d’un quart de siècle plus tard, le capitalisme a produit un monde cauchemardesque de réarmement et de guerre fiévreux, des millions de réfugiés confrontés à des frontières militarisées et des chasses aux sorcières racistes, une hausse vertigineuse des inégalités associée à une austérité brutale, une montée des partis d’extrême droite et fascistes et un tournant universel par les gouvernements aux régimes autoritaires, selon le rapport du Sipri.
Le document note que  les guerres régionales se métastasent dans une troisième guerre mondiale pour le partage du globe. Chaque grande puissance se réarme, poussant les dépenses militaires internationales à la hausse de près de 10% depuis la crise économique mondiale de 2008. L’augmentation particulièrement brutale des dépenses militaires au cours de la dernière décennie en Europe centrale 20% et en Europe de l’est 33%, reflète les préparatifs des États-Unis et de l’Otan pour la guerre avec la Russie, poursuit le texte. Les vingt-neuf membres de l’Otan représentent désormais plus de la moitié des dépenses militaires mondiales, relève le Sipri.

Sous Obama et maintenant Trump, Washington a fait pression sur ses alliés européens pour pousser leurs dépenses militaires encore plus haut. Le nouveau gouvernement allemand s’est engagé à presque doubler ces dépenses à 2% du produit intérieur brut d’ici à 2024, tandis que le président français, Emmanuel Macron, prévoit d’augmenter les dépenses militaires de 35%. Ce dernier a appelé à la réintroduction du service militaire. Dans tous ces pays, le réarmement s’est accompagné d’une attaque contre les programmes sociaux et le niveau de vie des travailleurs, d'après l'étude.

Une baisse observée en Russie

Par contre, la Russie a connu l’une des plus grandes baisses annuelles de dépenses militaires, chutant de 20% par rapport à 2016, ce malgré la campagne américaine contre ce pays, explique l'étude, dépensant 66,3 milliards de dollars pour la défense en 2017, un peu plus d’un dixième de ce que les États-Unis dépensent. L’Arabie saoudite, un allié clé des États-Unis, a remplacé la Russie en troisième place, dépensant 69,4 milliards de dollars en 2017, soit 10% de sa production économique annuelle pour la défense, le deuxième pourcentage le plus élevé au monde. 
L’Asie et l’Océanie ont vu leurs dépenses militaires augmenter de façon inégalée pendant vingt-neuf années consécutives. La région a été témoin d’une importante concentration militaire dans le cadre du « pivot vers l’Asie » d’Obama qui se poursuit sous Trump. La course aux armements dans la région va s’accélérer avec l’Inde, dirigée par le gouvernement de Narendra Modi, initiant des plans d’expansion et de modernisation des forces militaires du pays pour préparer la guerre avec la Chine et le Pakistan. Le Japon se remilitarise à son tour. 
Des niveaux records de dépenses militaires s’accompagnent d’une concentration toujours plus grande de la richesse entre les mains des milliardaires, de l’intégration des sociétés qu’ils contrôlent avec l’appareil d’État, d’un assaut sur le niveau de vie de la classe ouvrière et de l’érosion des droits démocratiques, dont la censure des voix socialistes et anti-guerre sur internet.

 

Noël Ndong

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