Burundi : les évêques jugent le moment inopportun pour amender la Constitution

Jeudi 3 Mai 2018 - 13:00

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Les hommes de Dieu de l'influente Eglise catholique ont fait entendre leur voix, à deux semaines d’un référendum très controversé qui devrait permettre au président Pierre Nkurunziza de rester au pouvoir jusqu’en 2034.

Face à l'absence de solution à la profonde crise politique que traverse le Burundi depuis trois ans et de climat de peur généralisée, la Conférence des évêques catholiques de ce pays juge que ce n'était pas le bon moment pour amender en profondeur le texte fondateur. Elle estime, en outre, que ce projet de révision de la Constitution n'a pas tenu compte de l'article 299 de la Constitution actuelle car il ne vient pas unir les Burundais.

À côté de ceux qui ont fui en exil, « beaucoup de citoyens, même s’ils ne le disent pas tout haut, vivent dans la peur, à tel point que les gens n’osent plus dire ce qu’ils pensent, par peur des représailles », estiment les évêques qui dénoncent, dans une allusion au pouvoir, « le comportement de certains Burundais qui usent de la violence et abusent de l’autorité qu’ils détiennent pour opprimer la liberté d’expression et d’opinion de leurs adversaires politiques ».

« A notre avis, le moment n’était pas opportun pour amender la Constitution de manière profonde », critique Mgr Joachin Ntahondereye, évêque de Muyinga et président de la Conférence des évêques, dans la déclaration commune.

La campagne officielle pour le référendum constitutionnel du 17 mai a débuté mardi et doit durer quatorze jours. Au total, vingt-six partis, en très grand nombre proches du parti au pouvoir CNDD-FDD, et la coalition d'indépendants Amizero y'Abarundi (Espoir des Burundais) ont été autorisés à battre campagne. Les quelques partis d'opposition encore présents dans le pays ont appelé à voter « non », disant craindre les « représailles » du pouvoir en cas de boycott du scrutin. Un décret présidentiel prévoit une peine d'« un à trois ans de prison » pour quiconque prônerait l'abstention.

L'annonce, en avril 2015, de la candidature controversée de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat a plongé le Burundi dans une crise politique qui a fait au moins mille deux cents morts et plus de quatre cent mille réfugiés. A propos, la Cour pénale internationale a ouvert une enquête.

Le projet de révision constitutionnelle permettrait au président Nkurunziza - 54 ans et au pouvoir depuis 2005 - de briguer, à partir de 2020, deux mandats de sept ans. Ce texte a été critiqué par la communauté internationale, notamment l'Union africaine. Pour les évêques, « il ne reste plus (aujourd’hui) qu’à souhaiter que le référendum se passe dans la paix et dans la liberté et que sans pression aucune, les Burundais votent librement oui ou non ».

Ils exhortent la population « à ne pas céder à la panique », en estimant que « ce qui importe, c’est que les Burundais restent unis, qu’ils se soucient de sauvegarder la paix (...) quels que soient les résultats » du vote.

Josiane Mambou Loukoula et AFP

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