Rutshuru : la résurgence du kidnapping préoccupe le Codhas

Dans un communiqué de presse publié le week-end dernier, le Centre d’observation des droits de l’homme et d’assistance sociale (Codhas) a relevé que le kidnapping a atteint un niveau insupportable à Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu. Depuis le début de l’année, a-t-il fait savoir, des groupes armés ont multipliés des tueries, viols et exigent le payement des rançons exorbitantes à la population dans plusieurs endroits. Face à cette situation, le Codhas attend que le gouvernement provincial du Nord-Kivu apporte une réponse adéquate et immédiate pour éradiquer ce phénomène.

Une semaine de terreur

L’ONG a noté que la journée du 16 avril était la plus agitée, après la découverte des ossements de deux enfants kidnappés et portés disparus depuis quelques mois. La population en colère, a expliqué le Codhas, a démoli six maisons appartenant aux proches des présumés kidnappeurs d’enfants dans la cité de Kiwanja. Le lendemain, le Codhas a documenté le kidnapping d’au moins cinq personnes de Rutshuru dont deux femmes et un enfant d’environ 4 ans. « Les ravisseurs exigent des sommes d’argent exorbitantes pour leur libération », a regretté le Codhas.

Il a également souligné que le 18 avril, deux personnes de Kiwanja, dont un photographe-cameraman et son chauffeur (motard), ont  amené la rançon pour négocier la libération de leur proche kidnappé sur la route Goma – Rutshuru, près de Kibumba, le 16 avril. Mais elles ont été retrouvées mortes aux cotés de la personne qu’elles allaient chercher. Quatre autres corps sans vie ont été retrouvés dans le Parc national des Virunga, au pied du volcan Nyiragongo. « Nous exigeons la tenue urgente d’une réunion du comité de sécurité provincial sur le terrain, à Rutshuru, pour évaluer la situation sécuritaire et prendre des mesures urgentes et concrètes pour mettre fin à ce phénomène de Kidnapping qui prend une allure inquiétante », a déclaré le coordonnateur du Codhas, Hervé Nsabimana, cité dans le communiqué.

Le Codhas affirme avoir documenté, depuis le début de l’année, au moins quatre-vingt-seize cas de personnes kidnappées par les groupes armés et autres bandits à Rutshuru, parmi lesquelles six enfants. Trente ont été tuées car leurs familles ne parvenant pas à payer la rançon exigée. « Quatorze femmes dont trois mineures ont été violées ou torturées par leurs ravisseurs avant la libération. Le montant exigé pour la rançon varie de cent à cinq mille dollars américains, pour chaque otage », a souligné le Codhas. C’est un désastre que vit la population de Rutshuru, a appuyé le coordonnateur de cette ONG. Les autorités, a-t-il dit, doivent agir maintenant au lieu d’attendre que la population manifeste la colère contre leur impuissance à maîtriser la situation sécuritaire.