Guerre commerciale : les conséquences ne se feront pas attendre au niveau mondial

Vendredi 23 Mars 2018 - 18:45

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En prenant une décision unilatérale, le 8 mars, d’imposer des taxes de 25% sur les importations d’acier et de 10% sur celles d’aluminium, Washington a donné droit aux partenaires commerciaux des Etats-Unis de répliquer en déposant des recours auprès de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC). Une situation qui fait déjà craindre une mise en péril de l’économie mondiale.

Alors que l’accord portant création de la zone de libre-échange continentale (Zlec) vient d’être signé à Kigali (Rwanda) par quarante-quatre pays africains, les analystes de la situation internationale préviennent que la guerre commerciale en cours, née de la décision du président américain Donald Trump, n’épargnera aucun continent. C’est pour cela que le directeur de l’OMC a averti tous les Etats des conséquences potentielles qui découleront de l’imposition de nouvelles barrières douanières. « La déstabilisation des flux commerciaux mettra en péril l’économie mondiale à un moment où la reprise économique, bien que fragile, est de plus en plus évidente dans le monde entier », a affirmé Roberto Azevedo, dans une déclaration écrite, sans toutefois viser un ou des pays. Il s’est  exprimé de la sorte au moment où Pékin et Washington poursuivent leur bras de fer commercial.

Convaincu que la croissance économique mondiale se nourrit des échanges commerciaux à travers la planète, le Fonds monétaire international a, encore une fois, prévenu que toute tentation protectionniste menaçait l’embellie planétaire. De même, le nouveau président de la Banque centrale américaine, Jerome Powell, pourtant nommé par Donald Trump, a reconnu qu’une guerre commerciale représentait « un risque plus important pour les perspectives économiques ». Son homologue de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, avait précédemment été plus direct dans sa réaction à ce sujet. « Un virage vers le protectionnisme poserait un risque sérieux pour la croissance de la productivité et la croissance potentielle de l’économie mondiale », soulignait-il.

Le commerce international va donc devenir de plus en plus complexe puisque les Etats-Unis ont signé, le 23 mars, un mémorandum ciblant les importations chinoises. Et la réaction de la Chine n’a pas tardé : « Si une guerre commerciale devait être lancée par les Etats-Unis, la Chine se battrait jusqu’au bout pour défendre ses propres et légitimes intérêts par tous les moyens nécessaires », a prévenu l’ambassade de Chine. Elle a également souligné que « les mesures américaines mettent en danger l’ordre commercial international et la stabilité économique ». Les économistes d’Oxford Economics ont également déploré la détermination de Washington concernant les produits chinois. « Un ralentissement économique de la Chine en raison de taxes douanières serait dommageable pour les autres économies asiatiques et hors d’Asie, pour l’Allemagne », ont-ils avancé.

Les économistes n’excluent pas l’impact de cette guerre commercaile sur l’économie africaine malgré la création de la Zlec, qui est l’une des plus grandes du monde. Pourtant, d’après la Commission économique pour l’Afrique de l’ONU, l’accord conclu à Kigali par les pays africains peut accroître le commerce intra-africain de 52,3 % en éliminant les droits d’importation, et doubler son commerce si les barrières non tarifaires étaient également réduites. Les principaux bénéficiaires de cet espace seront les petites et moyennes entreprises africaines, qui représentent 80 % des entreprises de la région.

Une fois cet accord appliqué, il va, entre autres, permettre de réaliser des investissements stratégiques dans les infrastructures transfrontalières, encourager les petites et moyennes entreprises, forger des partenariats pour stimuler les innovations et créer des mesures pour stimuler la croissance durable. C’est pour cela que les Africains redoutent que les conséquences de la guerre commerciale actuelle touchent les économies encore très fragiles de leurs pays.

Nestor N'Gampoula

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