Chine : Xi Jinping va devenir président à vieLundi 12 Mars 2018 - 17:45 Alors que de nombreux observateurs croyaient que la Chine allait s’ouvrir à la libéralisation politique, lorsque l'actuel président est arrivé à la tête du pays en 2012, celui-ci vient de déjouer tous les pronostics comme en témoigne le vote de la suppression des mandats présidentiels effectué, le 11 mars, par le parlement du pays.
Avec un vote quasi-unanime abolissant la limite de deux mandats présidentiels retenue précédemment par la Constitution, Xi-Jinping deviendra donc président à vie. Cette limite constitutionnelle de deux mandats présidentiels de cinq ans empêchait le retour au pouvoir de l’actuel président. Or, Xi Jinping, 64 ans, aurait dû normalement céder le pouvoir en 2023. Après le vote de quelque trois mille députés, l’actuel président chinois est désormais libre de se présenter autant de fois qu’il le souhaite. Il doit être reconduit dans les prochains jours par le parlement pour son deuxième mandat. Commentant la décision du parlement chinois, Kerry Brown, sinologue au King’s College, a dit : « Mais Xi le réformateur était une chimère (…), une construction imaginaire qui n’allait jamais se concrétiser », ajoutant que pareille illusion avait aussi entouré Hu Jintao, son prédécesseur. Pour sa part, le sinologue Willy Lam, de l’université chinoise de Hong Kong, a déclaré : « Le vote unanime des députés ne veut pas dire que la plupart des Chinois soutiennent ce retour à l’ancien régime impérial. Cela montre simplement qu’ils se rendent compte que le risque de s’opposer à Xi Jinping est trop élevé ». Nombreux sont des observateurs qui pensent que Xi Jinping s’était bel et bien préparé pour demeurer au sommet de l’Etat autant qu’il le souhaite. La suppression des mandats présidentiels va faire de lui le plus puissant dirigeant de la Chine populaire depuis son fondateur, Mao Tsétoung, même si beaucoup de gens ne s’attendaient à un tel scénario et prêtaient plutôt des sympathies libérales à Xi Jinping. En faisant valoir la limite de mandats, les parlementaires chinois ont assuré que cela était nécessaire, puisque « Xi Jinping avait besoin de temps pour parachever ses réformes et sa campagne anti-corruption ». Mais Fei-Ling Wang, experte au Georgia Institute of Technology, aux Etats-Unis, a averti que si le vote du parlement « représente une garantie de continuité pour certains, il y aura aussi des contrecoups et des désillusions, en Chine comme à l’étranger, chez les libéraux tout comme chez les optimistes favorables au régime ». David Kelly, chercheur du cabinet China Policy, basé dans la capitale chinoise, a, quant à lui, affirmé que la suppression de la limitation de mandats présidentiels « est une sorte de coup d’Etat », même s’il « reste difficile d’en expliquer les motivations exactes ».
Nestor N'Gampoula Notification:Non |