Vatican : l’avortement ne peut être retenu comme « droit » de la femmeSamedi 8 Février 2014 - 16:49 À l’ONU, le représentant du Saint-Siège souligne fermement le droit de la femme à soutenir le développement durable par des moyens adéquats Dans son discours courant – et constant –, le Vatican continue de prendre des positions en faveur de la femme qui ne heurteraient aucune organisation civile. L’Église catholique est fermement pour une reconnaissance du rôle primordial de la femme dans le développement durable. Mais des mots et des concepts comme « liberté » et « droit » peuvent avoir pour elle une autre connotation que les ONG internationales ne sont pas loin de qualifier de « limitations ». Ainsi, Mgr Francis Chullikat, observateur permanent du Vatican aux Nations unies, a-t-il tenu à prendre part jeudi dernier au siège de l’ONU, à New York, à la huitième session du groupe de travail faisant le point sur les objectifs du développement durable. Le représentant de l’Église catholique y a souligné que les inégalités économiques niaient de fait à la personne humaine ses droits les plus fondamentaux. Elles sont cause de problèmes sociaux multiples, conduisent aux violences et aux guerres. Et les premières à en souffrir sont les femmes qui sont pourtant les piliers du développement dans une large partie du monde. La dignité de la femme, a-t-il soutenu, est trop souvent ignorée ou agressée. Mais pour le haut prélat, les agressions ne sont pas seulement dans le fait d’obliger des mères de famille à aller chercher ailleurs un lieu plus sûr, en fuyant guerres, conflits et calamités naturelles. Elles sont aussi dans toutes les politiques qui visent à les contraindre aux avortements sélectifs, à l’abandon scolaire, aux mutilations génitales… La femme est, par exemple, dans des fléaux comme les mariages forcés, la prostitution, le trafic des êtres humains la principale et souvent l’unique victime. Ce discours n’est pas toujours admissible auprès des organisations qui s’occupent du droit des femmes. Beaucoup le jugent même hypocrite de la part d’une Église catholique invitée à balayer d’abord devant sa propre porte du fait des nombreux interdits qui frappent la femme en son sein. Le pape François a beau réfléchir actuellement sur « une théologie sur la femme dans l’Église », les humanitaires restent loin de considérer l’avortement autrement que comme un droit. C’est pourquoi Mgr Chullikat a mis en garde la communauté internationale : vouloir le développement durable passe par la femme. Mais cela passe aussi par lui reconnaître « un rôle majeur au sein de la famille où la priorité doit être accordée à son action pour la maintenir, pas pour la détruire ». Pour lui, « les déficits qui discriminent la femme dans le domaine économique et public ne peuvent être supprimés avec la non-reconnaissance de ses capacités procréatives ». Une manière de dire : avorter ne contribue pas au progrès social. « Dans le monde du travail, le développement durable viendra de la mise en œuvre de politiques qui permettent à la femme de lier travail et responsabilités familiales à travers des indemnités de chômage, des pensions de retraite suffisantes pour la famille. Il nous faut faire des efforts pour soutenir la femme dans ses choix familiaux », a dit le diplomate de l’Église. Le Vatican s’insurge contre les politiques de coopération qui conditionnent l’aide aux nations pauvres par l’adoption préalable par elles de la reconnaissance des unions homosexuelles ou de l’avortement présentés comme signes de pays libres et démocratiques. Lucien Mpama |