Médias: une mutation massive de "Ziana TV" sur les réseaux sociaux

Mardi 13 Février 2018 - 12:29

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Le média de la diaspora de la télé-Web assure sa transition numérique sur les réseaux sociaux. Son directeur, Cyr Rodolphe Makosso, explique aux Dépêches de Brazzaville la passerelle d’un réseau à un autre.

Cyr Rodolphe MakossoLes Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : La mutation de votre média s’inscrit dans quelle stratégie ?

Cyr Rodolphe Makosso (C.R.M.) : Par rapport à notre stratégie de départ qui était de donner à la diaspora congolaise et aux diasporas africaines un outil en ligne qui soit au cœur de leur actualité, notre projet connaît une légère mutation. Nous continuons à créer des contenus vidéos autour de l’actualité, mais notre nouveau portail www.zianatv.com a désormais vocation à traiter de l’actualité comme le font les médias traditionnels. Notre identité aussi a évolué, passant de « La chaîne de la diaspora » à « La chaîne au cœur des diasporas », affirmant ainsi notre nouvelle vocation panafricaine. Maîtriser la chaîne de l’information ; pénétrer les diasporas africaines ; produire des contenus à forte valeur ajoutée ; donner une place à l’interactivité et diversifier les contenus, … : voilà la nouvelle route que nous traçons avec les hommes et les femmes qui s’investissent dans ce projet et qui animent au quotidien "Ziana TV". Depuis un an, nous avons travaillé pour la diversification de nos contenus, car nous étions identifiés, auprès du grand public, comme un média « trop politiquement connoté ». Aujourd’hui, cette image s’atténue grâce à la stratégie nouvelle déployée depuis fin 2016.

L.D.B. : Comment assurez-vous la véracité de vos contenus ?

C.R.M. : Comme vous le savez, il ne nous revient pas d’assurer la véracité des contenus pour gagner en légitimité. Soit l’information est fausse, vous ne la verrez pas sur notre site, soit elle est vraie, il nous faut alors la recouper avant de la publier. Je suis conscient qu’il y a un procès en sorcellerie à l’égard des médias en ligne, ce que l’on appelle les « pur players » comme "Ziana TV". Mais nous avons dans notre équipe des hommes et des femmes formés, qui mettent en pratique quotidiennement les règles déontologiques qui régissent le métier de journaliste. Pour tout vous dire, nous enquêtons, nous recoupons et surtout allons à la source avant de publier sur nos supports. Nous ne sommes pas infaillibles, mais nos contenus sont sourcés. C’est ce sérieux qui nous a permis, depuis des années, de gagner en crédibilité et en légitimité auprès du grand public et des spécialistes. Aujourd’hui, nos contenus sont repris par d’autres médias internationaux traditionnels pour illustrer l’actualité congolaise, par exemple.

L.D.B. : Comment s’organise la collaboration au sein de votre média ?

C.R.M. : Nous avons une organisation de travail simplifiée, répartie en trois pôles : politique, culturel et associatif. Je coordonne l’ensemble, je fixe le cap tout en laissant une grande autonomie d’organisation à chaque animateur. Au fil des années, "Ziana TV" est devenue la première école de formation terrain des animateurs audiovisuels de la diaspora congolaise. Nous recrutons sur la base de projets, ce qui permet à l’homme ou à la femme qui s’investit avec "Ziana TV" de s’épanouir dans une équipe où il sait que nous mettrons à sa disposition les moyens techniques pour réaliser son rêve.

L.D.B. : Quelle est la part d’audience ?

C.R.M. : Rires. Nous réalisons une audience qui, à l’échelle de la population congolaise, est loin d’être négligeable. Si nous prenons les audiences cumulées de l’ensemble de nos supports de diffusion (Facebook, Youtube, Twitter, Whatsapp, Instagram et notre site www.zianatv.com), nous atteignons quotidiennement près de huit cent mille personnes. Nous ne prenons pas en compte nos publications reprises par des tiers et republiées ailleurs avec des scores d’audience très importants. Le profil type du Zianatique (fan de "Ziana TV"), c’est le personnage dont l’âge varie entre 25 et 65 ans ; il habite en France, au Congo, ou au Canada-Etats-Uis ; il est branché sur les réseaux sociaux et suit nos contenus sur un terminal mobile (smartphone ou tablette). Nous travaillons, en ce moment, sur un programme axé sur les cultures urbaines afin d’attirer les 15-18 ans et élargir ainsi notre cible.

L.D.B. : Certes, la diffusion de vos contenus est virtuelle. Comptez-vous sur une éventuelle installation au Congo ?

C.R.M. : J’éprouve toujours des difficultés avec le vocable "virtuel" quand il s’agit de désigner la diffusion sur internet des contenus que nous créons. Les smartphones et autres outils nomades ne sont que des supports d’affiche comme l’est le poste-téléviseur. Aussi, nous n’usons pas d’hologrammes comme animateurs ou comme acteurs politiques, associatifs, … Nos équipes de travail sont constituées de vrais hommes et femmes, nous tournons dans de vrais studios pour produire nos contenus, comme le font les chaînes traditionnelles. Quant au deuxième aspect de votre question, les conditions ne sont pas totalement réunies localement pour permettre notre installation au Congo. D’une part, nous craignons une intolérance par rapport à notre liberté de ton ; d’autre part, les coûts exorbitants pratiqués par les fournisseurs d’internet au Congo constitueraient un frein à notre développement. En attendant, nous continuons de développer ce projet ici, en France. Nous avons, d’ailleurs, reçu des propositions pour nous installer dans un pays de la Cémac et dans un autre pays en Afrique de l’ouest. Nous étudions actuellement ces propositions.

Propos recueillis par Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Photo : Cyr Rodolphe Makosso

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