Inondations à Kinshasa : le gouvernement déclenche la guerre contre les constructions anarchiques

Mardi 9 Janvier 2018 - 17:30

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L’octroi « sans règle » des autorisations de bâtir est l’une des causes des inondations et éboulements de terre déplorés lors des dernières pluies diluviennes qui se sont abattues sur la capitale, entraînant mort d’hommes.  

La ville de Kinshasa n’a toujours pas retrouvé ses marques après les pluies torrentielles des 6 et 7 janvier. Celles-ci ont laissé un arrière-goût amer au regard de la désolation qu’elles ont causée dans de nombreuses familles. Sur certains tronçons embourbés et devenus impraticables, les automobilistes sont obligés de manœuvrer durement pour se frayer un passage. Certains quartiers submergés ont carrément été désertés par leurs occupants qui ont trouvé refuge dans des familles d’accueil, en attendant la baisse du niveau des eaux.

Jamais Kinshasa n'a connu un tel sinistre dont l’ampleur est reflétée par le lourd bilan dressé par les autorités : quarante-quatre personnes mortes ! Et lorsqu’on y ajoute les 5100 habitations immergées et 192 autres écroulées, il y a lieu de s’interroger sur l’état de la voirie urbaine dans cette mégalopole de plusieurs millions d’habitants.

L'OVD en  panne de financement ?

Là-dessus, il y a lieu de révéler l’inexistence de l’Office de voirie et drainage (OVD), absent sur plusieurs chantiers alors que l’aménagement de la ville est tributaire de ses services. Le gouvernement alloue-t-il à cette entreprise publique les fonds nécessaires censés accroître son efficacité sur le terrain ? Certainement pas. En témoigne la vétusté de ses équipements avec, à la clé, un personnel démotivé réduit aux petits ouvrages de rafistolage. Les partenaires extérieurs ayant plié bagage, il appartient à l’exécutif provincial de reprendre l’initiative des opérations. Toute démission de sa part conduirait à un suicide collectif. Il est temps que des mesures idoines soient prises pour prévenir d’autres cas d’inondations. C’est dans cette optique que le gouvernement provincial de Kinshasa a pris la décision de démolir les constructions anarchiques et rappelé que ces dernières sont interdites, notamment sur les pentes, le long des rivières ainsi que sur des ouvrages de drainage et autres collecteurs.

Sévir contre tous les contrevenants

Bien qu’intervenue en retard, cette décision est salutaire à plus d’un titre, car censée dissuader les Kinois à éviter de construire sur des sites à haut risque. Parallèlement, le gouvernement est appelé à sévir contre les autorités tant gouvernementales que provinciales qui s’illustrent dans la délivrance « sans règle » des autorisations de bâtir en couvrant l’occupation anarchique des espaces non constructibles. Le gouvernement a promis de mettre fin à ce phénomène, en rompant avec les autorités qui y sont impliquées d’une manière ou d’une autre. Au-delà, Kinshasa offre de plus en plus l’image d’une ville en déliquescence. Les quelques symboles visibles de la modernité sont malheureusement dilués dans un environnement abject et répugnant constitué d’immondices, des déchets et autres détritus.

Repenser un nouveau plan d'urbanisation

Chaque pluie charrie des eaux de rivière débordant de leur lit, prêtes à se mouvoir sur des avenues souffrant d’un déficit criant des voies de canalisation. Les quelques rares voies qui existent sont bouchées et mal entretenues. Dans une ville où chacun construit n’importe où et n’importe comment au grand dam des autorités, il y a lieu de repenser un nouveau plan d’urbanisation et d’aménagement de la ville qui doit nécessairement passer par le déguerpissement des occupants des sites dangereux et par la construction de nouveaux quartiers répondant aux normes, car ce ne sont pas les espaces qui manquent.  

 

Alain Diasso

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