Algérie – élection présidentielle : la presse spécule sur l’état de santé d’Abdelaziz Bouteflika

Lundi 20 Janvier 2014 - 10:27

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Les journaux algériens et étrangers s’interrogent sur la capacité du président d’Algérie Abdelaziz Bouteflika à diriger le pays s’il se présentait pour un quatrième mandat à la magistrature suprême dont l’élection est prévue le 17 avril. Ils soulignent son affaiblissement après son retour mardi dernier de France où il était soigné depuis près de trois mois

Liberté Algérie s’interroge sur la candidature du président en ces termes : « Et si le projet d’un quatrième mandat n’était pas tombé à l’eau et que le récent séjour médical du chef de l’État en France n’était, in fine, qu’une énième manœuvre pour parer sa candidature, peu probable à première vue, de “la légitimité médicale française” ? » Et le quotidien algérien d’ajouter : « Une énième hospitalisation qui n’a pas laissé d’alimenter à nouveau la polémique sur les capacités de Bouteflika à tenir encore le gouvernail du bateau Algérie, alors que certaines voix de l’opposition se sont interrogées sur l’aptitude de Bouteflika à aller jusqu’au bout de l’actuel mandat et s’il n’y aurait pas une élection présidentielle anticipée. »

L’auteur de l’article publié dans Le Soir d’Algérie estime que le retour d’Abdelaziz Bouteflika « n’évacue pas pour autant les questionnements sur sa capacité à reprendre ses fonctions et finir son mandat ».

Commentant le même sujet, Guinée Conakry Info écrit : « Le président algérien n’a nullement envie de lâcher le pouvoir. Tout indique qu’il est prêt à rempiler pour un quatrième mandat. Il est soutenu en cela volontairement ou non par un bon nombre des cadres de son parti, le Front de libération national (FLN). Mais visiblement, il se heurte malgré lui à un adversaire qui n’est disposé à ne lui laisser que très peu de chance. Il s’agit de son état de santé. »

Pour El Watan, le retour au bercail du président Abdelaziz Boutefrlika ne règle pas tout. « Malgré la convocation du corps électoral, qui ouvre la voie à une meilleure lisibilité du calendrier de l’élection présidentielle, le mystère reste entier et le pays demeure étrangement suspendu à l’attitude d’un seul homme. Et la situation risque de demeurer ainsi, d’autant plus que la communication officielle est toujours verrouillée. La moindre information concernant le chef de l’État est ainsi épiée, analysée et souvent soumise à des lectures les plus fantaisistes. L’absence d’un véritable bulletin de santé du chef de l’État en rajoute une couche à l’incertitude ambiante. Car, en même temps qu’elles ne sont guère rassurantes, les alertes de santé de Abdelaziz Bouteflika plongent le pays dans une sempiternelle léthargie. Et le silence du chef de l’État ne fait qu’appesantir cette situation », souligne le quotidien. Le titre en une du quotidien El Watan est plus qu’évocateur : « Pourra-t-il exercer ses fonctions ? » « L’incertitude quant à sa capacité de gouverner est totale. [...] s’il est admis que Bouteflika ne se présentera pas à un quatrième mandat, a-t-il la capacité jusqu’à la fin de son mandat prévu en avril 2014 ? », se demande encore le journal.

« Abdelaziz Bouteflika, lui, reste silencieux. Légalement, comme les autres aspirants présidents, il dispose de 45 jours pour présenter sa candidature et recueillir 60 000 signatures de grands électeurs répartis dans 25 des 48 wilayas [régions]. Il est au pouvoir depuis 1999, et les Algériens aspirent en majorité au changement. Ils veulent que le pays évolue et se modernise. Ils se souviennent d’une déclaration que le chef de l’État avait faite lors de son dernier discours officiel prononcé en mai 2012, à Sétif. “Notre génération a fait son temps”, avait-il déclaré », lit-on dans le journal français Le Point.

Mireille Duteil, l’auteure de cet article poursuit son commentaire en ces termes : « Il n’a convoqué qu’à deux reprises le conseil des ministres depuis son retour du Val-de-Grâce le 16 juillet, mais, pour être honnête, il n’en a réuni que très peu durant tout son troisième mandat. L’actuel chef du gouvernement, Abdelmalek Sellal, fait tourner le pays, apparemment au ralenti. Mais, faute d’informations sérieuses sur son état de santé, les spéculations vont bon train. Les Algériens constatent juste que le président, invisible, reçoit peu, à l’exception du chef d’état-major et du ministre des Affaires étrangères. » « Alger est parcourue de rumeurs : le président algérien va-t-il se présenter pour un quatrième mandat ? Le veut-il ? Le peut-il depuis l’AVC qui l’a obligé à rester près de trois mois dans un hôpital parisien ? À l’exception du FLN, le parti au pouvoir, très divisé, qui l’a choisi comme candidat, personne n’y croit. On dit que les puissants services de sécurité ne le veulent pas. » Il répond aux interrogations suscitées en disant que très affaibli, Abdelaziz Bouteflika pourrait ne pas se représenter à l’élection présidentielle. Le journal parle même d’« une ère d’incertitude » qui s’ouvre dorénavant pour ce pays, où « l’armée n’est plus forcément la seule faiseuse de rois ».

« Omniprésent, le chef de l’État, à la santé précaire, a encore monopolisé l’actualité nationale ces derniers jours avec un séjour au Val-de-Grâce, où il se trouvait officiellement pour une “visite médicale routinière de contrôle”. Un événement qui a contribué à raviver un vrai-faux suspense savamment entretenu : le président va-t-il ou non se présenter pour un quatrième mandat ? Ses fidèles au palais d’el-Mouradia n’en ont jamais douté et les cercles politiques les mieux informés s’en sont presque fait une raison : “Il va y aller et il sera réélu.” », note Le Figaro. Il poursuit son analyse et affirme : « Car personne ne peut gagner contre le candidat que se choisit le système, aussi divisé soit-il sur le scénario d’un quatrième mandat. Certains le savent et hésitent encore à se lancer pour ne pas “légitimer une élection truquée”. À l’instar des partis islamistes, qui n’ont pas encore dégagé de candidat. “Nous demandons à ce que cette élection soit contrôlée par un organisme indépendant, explique Youcef Khababa, président du groupe parlementaire de l’Alliance de l’Algérie verte. Nous ne voulons pas d’une démocratie de façade.” » Et le journal de conclure : « Quel que soit le scénario, sa victoire est assurée. Soit il annonce qu’il ne se représente pas, mais dans ce cas, et même s’il décède, il aura pesé jusqu’à la dernière minute pour imposer un successeur qui protégera son entourage, explique un officier du DRS (services secrets), soit le consensus le désigne candidat et il gagne, avec l’approbation du système et de tous les pays qui cautionnent sa candidature au nom de la stabilité. »

Le Parisien signale qu’au total, une dizaine de candidats se sont déjà déclarés pour l’élection présidentielle. « Pour l’heure, le chef de l’État algérien âgé de 76 ans et très affaibli par la maladie n’a pas encore dit s’il allait briguer un quatrième mandat ou pas. Ses partisans, le puissant parti FLN dont il est le président d’honneur, ainsi que l’autre grand parti de coalition le RND, le poussent à déclarer sa candidature. Mais l’opposition s’alarme de son état de santé et s’interroge sur sa capacité à poursuivre son mandat. Le président algérien n’a assuré que deux conseils des ministres depuis son hospitalisation fin avril dernier à Paris. Rentré en juillet, il n’a fait aucune sortie publique depuis », constate le journal.

Nestor N'Gampoula