Distinction : un enseignant nigérian reçoit le Prix Nansen du HCR pour les réfugiés

Lundi 18 Septembre 2017 - 18:30

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La distinction Nansen du HCR pour les réfugiés a été attribuée cette année à un enseignant nigérian, Zannah Mustapha, pour sa défense du droit à une éducation de qualité des enfants déplacés dans le nord-est du Nigéria ravagé par les violences, a annoncé lundi l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

En 2007, Mustapha a fondé une école à Maiduguri, capitale de l'État de Borno et épicentre de l'insurrection de Boko Haram. L'école est restée ouverte tout au long du conflit avec Boko Haram qui a causé la mort de 20.000 personnes dans toute la région du Lac Tchad et le déplacement de millions d'autres.
L'école fournit gratuitement aux jeunes victimes de violence une éducation, des repas, un uniforme et des soins de santé. Les orphelins des deux parties au conflit sont accueillis dans les classes de Zannah Mustapha, symbole de la réconciliation qu'il espère instaurer dans la région.
« L'éducation est l'un des outils les plus puissants pour aider les enfants réfugiés à surmonter les horreurs, les violences et les déplacements forcés. Il redonne leur pouvoir aux jeunes, les dote de compétences et permet de contrecarrer l'exploitation et le recrutement par les groupes armés », a déclaré Filippo Grandi, le Haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés.
Le travail de Mustapha et de son équipe, a-t-il ajouté, est de la plus haute importance, car, « il contribue à favoriser une coexistence pacifique et à reconstruire les communautés du nord-est du Nigéria. Cette distinction nous permet d'honorer sa vision et son service à autrui ».
L’annonce du lauréat 2017 de la distinction Nansen du HCR pour les réfugiés intervient dans un contexte où des dizaines de milliers de jeunes nigérians grandissent sans éducation. Le secteur de l'enseignement est débordé par l'augmentation du nombre de jeunes et les établissements scolaires du nord-est du pays restent la cible des attaques de ce groupe terroriste qui a détruit des écoles et tué des enseignants.
Depuis sa création, il y a 10 ans, l'école est passée de 36 à 540 élèves. Désireux d'étudier à tout prix, des milliers d'autres enfants ont ajouté leurs noms à la liste d'attente. En 2016, Mustapha a ouvert un second établissement à quelques kilomètres seulement du premier. Quatre-vingt-huit enfants, tous rescapés du conflit qui sévit dans la région, passent les portes de l'école chaque jour.
L'action menée par Mustapha dans la région vise aussi à négocier la libération des otages. Il était présent lors de la libération de 21 jeunes femmes détenues captives depuis plus de deux ans, et a joué un rôle déterminant dans leur libération, ainsi que dans celle de 82 autres collégiennes de Chibok en mai dernier.
« Cette école vise à promouvoir la paix. C'est un lieu où chaque enfant compte. Ces enfants pourront s'autonomiser, au point qu'ils pourront s'occuper d'eux-mêmes », a dit Mustapha.
Outre sa mission éducative, Mustapha s'est engagé à venir en aide à tous les segments de la société affectés par le conflit. Son soutien décisif a permis la création d'une coopérative de veuves qui apporte une aide hautement nécessaire à près de 600 femmes à Maiduguri.
La distinction Nansen du HCR pour les réfugiés honore des services exceptionnels rendus aux personnes déplacées de force, et compte parmi ses lauréats Eleanor Roosevelt, Graça Machel et Luciano Pavarotti. La cérémonie de 2017 se tiendra le 2 octobre à Genève, en Suisse.
 

Yvette Reine Nzaba

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