Fête de l'Indépendance : quelques évocations des journées du 14 et 15 août 1960 à Brazzaville

Lundi 14 Août 2017 - 19:04

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 Tout commence le 14 août, date de l'arrivée à Brazzaville du ministre d'État chargé des Affaires culturelles, André Malraux, représentant le chef de l'État français, Charles de Gaulle. Et le dimanche 15 août, jour de l’indépendance, est donc l’une des journées les plus longues du périple entamé en Afrique centrale par le ministre d’État français qui formalise le passage à l’indépendance des anciennes colonies.

Pour l’abbé Fulbert Youlou et à cause des raisons économiques, les cérémonies seront bien là mais elles devraient cependant avoir des ampleurs quelque peu réduites ce jour en attendant les fastes plus tard. Tout commence à minuit dans les jardins de la résidence du haut commissaire où ont eu lieu les premiers discours. Celui d’André Malraux et celui de l’abbé Fulbert Youlou qui soulignait : « Notre accession à l’Indépendance se réalise dans la paix et l’unité, en complet accord avec la France à laquelle nous adressons notre gratitude et notre affection ».

Ensuite, l’abbé Fulbert Youlou a rendu un hommage appuyé au chef de l’État français : « Dans cette heure historique, nos pensées se tournent vers le général de Gaulle, l’homme de Brazzaville, le glorieux artisan de notre liberté et notre indépendance ». Ainsi, près de 100 coups de canon ont été tirés. Et dans la ville résonnent les tam-tams de la jouissance populaire. André Malraux a passé la nuit à la « Case De Gaulle ».

À 8 heures, l’abbé Fulbert Youlou, accompagné du ministre André Malraux, a participé en la basilique Sainte-Anne de Brazzaville à la messe célébrée par Mgr Michel Bernard, l’archevêque du Congo. La cérémonie officielle s'est déroulé ensuite au centre-ville de Brazzaville où tous les officiels congolais ainsi qu’une foule nombreuse sont massés. La première allocution est prononcée par l’envoyé du général De Gaulle qui, dans une envolée lyrique, a déclaré : « Cette nuit a retenti la salve solennelle qui salue l’indépendance des peuples et qui retentira dans la mémoire de vos enfants, comme celle qui saluait jadis la naissance des rois ». Puis poursuit l’orateur : « La France vous lègue des organisations économiques, administratives et financières. Celles-ci furent au service de l’État français parfois assez noblement. Les voici au service de la République du Congo : ce n’est pas un transfert d’attributions, c’est un transfert de destin ».

 Et le président Fulbert Youlou, sous un tonnerre d’applaudissements, de lancer à la foule : « Cette indépendance de la République du Congo, mes chers concitoyens, je la proclame solennellement et universellement ». La cérémonie est ensuite agrémentée par un défilé militaire de l’armée de la Communauté. Un peu plus tôt dans la matinée, l’Assemblée nationale, sous la direction de son président, Alphonse Massamba-Débat, s'est réunie en session extraordinaire. Après lecture du message du général de Gaulle, puis un discours du premier président de la République, l’Assemblée ratifie par un vote unanime les nouveaux accords que viennent de signer le chef de l’État Fulbert Youlou et Jean Foyer, secrétaire d’État chargé des Relations avec les États de la Communauté (gouvernement de Michel Debré).

Cette journée était loin de s’achever

Le cortège officiel se rend ainsi au square De Gaulle, où un buste a été dressé en 1959, en hommage au héros de la France libre. Le président de la République, accompagné d’André Malraux, suivi de la délégation française, de Joseph Kasa-Vubu, président de la République congolaise d’Outre-Pool, qui a franchi le fleuve pour l’occasion, a visité les quartiers « noirs » de la ville, Poto-Poto et Bacongo. Et ils sont très acclamés par la foule. En passant, ils ont marqué un arrêt devant la statue de l’explorateur franco-italien, Savorgnan de Brazza, au centre-ville puis à la place de la Mairie.  André Malraux a repris la parole pour vanter le courage extraordinaire du général De Gaulle.

Ainsi, le président Fulbert Youlou n’a pas hésité à glorifier l’homme de Brazzaville :  « Lorsque, voici vingt ans, le 28 août 1940, le Congo, à l’appel d’une voix lointaine venue de Londres alors en pleine tourmente, décidait de se rallier à la France-Libre, une ferveur unanime a uni tous les habitants de ce pays, Européens et Africains, pour le combat en faveur de la liberté du monde. Alors, Brazzaville, modeste chef-lieu de l’Afrique équatoriale française, voyait peu à peu son nom prendre un lustre nouveau en tant que capitale de la France libre et combattante ». Il était près de 20 heures, la fête battait déjà son plein dans les quartiers de la capitale. Pour la délégation française et les officiels congolais, la journée s'est terminée par une grande réception dans les jardins du palais du haut commissaire général, devenu depuis cette nuit, la résidence du président de la République du Congo.

Ce jour même, le gouvernement congolais a envoyé un télégramme au Secrétariat général des Nations unies pour son adhésion et la reconnaissance internationale de sa souveraineté.

 

Faustin Akono

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: Arrivée à l'aéroport de la délégation française; Photo 2: Malraux et Youlou sur le tarmac; Photo 3: Au pied de la statue de Félix Eboué; Photo 4: A la sortie de l'Assemblée Nationale

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