Couleurs de chez nous: « L’art de cracher »Samedi 1 Juillet 2017 - 19:51 Vous connaissez certainement ce pays, parmi les plus puissants aujourd’hui, qui a dû prendre des mesures sévères contre les cracheurs. Au-delà des maladies possibles que les crachats déversés ici et là pouvaient engendrer, il y a surtout cette mauvaise image qu’ils donnaient du pays. Si la mesure, qui reposait sur des amendes, n’a pas éliminé le phénomène, elle a cependant réduit son expansion. Comme le peuple de ce pays, les Congolais ne sont pas moins cracheurs. Ils en ont même fait un art. Cracher est devenu si banal qu’il n’interpelle personne. Le Congolais crache sans raison, n’importe quand et n’importe où. Enfants, jeunes et vieux, femmes comme hommes, élite ou pas, ils ont fait de l’art de cracher un trait culturel. Il n’est pas rare de voir une femme, à l’élégance affichée et avec une beauté qui fait consensus, cracher devant un public fait parfois d’admirateurs. Un geste qui renseigne tout à la fois sur les origines de son auteur, son niveau d’éducation sans compter tout le crédit qu’il lui enlève. En effet, comme tous les actes intimes, cracher suppose une série de précautions parmi lesquelles la discrétion. En tant que déchets, les crachats déposés devant autrui suscitent la nausée mais aussi une attitude de répulsion à l’égard de celui ou celle qui en est l’auteur. C’est avec dépit qu’on regardera la personne. On doutera aussi bien de sa classe, s’il en a une, que de sa bonne santé. Pourquoi crachent-ils ? Pour rien. Il est vrai que le décor que présentent les rues et avenues de Brazzaville plaident en faveur des cracheurs, mais ces derniers ne sont pas moins responsables de l’état de leur ville. Etant eux-mêmes à l’origine de l’insalubrité, les Brazzavillois n’ont pas raison de cracher. Ils devraient militer à rendre leur environnement salubre et sain afin de dégager toutes les odeurs et senteurs qui les dérangent. Mais il arrive qu’ils crachent pour signifier leur dépit à l’égard d’un adversaire ou d’une personne haïe. Bien plus, ils crachent aussi par réflexe à la suite d’une habitude qui s’est enracinée. Si bien que certains vont jusqu’à poser l’acte sur une surface carrelée, voire sur un tapis. Les cracheurs sont facilement repérables dans les restaurants. Ils aiment s’attabler dans les coins plutôt qu’au milieu de la salle. Une position géographique et stratégique qui leur permet de cracher à l’insu des regards. Tant pis pour ceux qui viendront s’y attabler après eux. Phénomène social d’ampleur, il revient aux futurs conseillers municipaux et locaux, actuellement en campagne, d’y penser en vue des recommandations à adopter.
Van Francis Ntaloubi Notification:Non |