Un an de mairie « 5 Etoiles » à Rome…

Le Mouvement 5 Etoiles, que les Italiens désignent par M5S (« S » pour Stelle = Etoiles) n’a pas vraiment eu à pavoiser beaucoup lundi à Rome. Pourtant c’est bien sous la promesse de faire la politique autrement, d’introduire une démocratie participative par le recours à Internet, la volonté de se démarquer de la gauche et de la droite toutes deux corrompues, que ce mouvement avait hissé au Capitole, la mairie de Rome, la jeune avocate Virginia Raggi.

Le 19 juin 2016 en effet, cette jeune femme qui n’avait jamais fait de politique nulle part avait été poussée au-devant de la scène par un électorat romain qui lui avait accordé 67% de suffrage, Exit de ce fait le maire précédent Ignazio Marino, de gauche, dont le mandat n’était pas allé jusqu’à son terme sous les coups de boutoir des maladresses politiques et de gestion. Virginia Raggi est arrivée en politique comme une icône de ce mouvement créé, comme une blague, par le comique Beppe Grillo.

Les prémisses de départ étaient d’autant plus dans l’air du temps qu’à Turin, dans le nord industriel italien Chiara Appendino, une autre femme membre du M5S, chassait elle aussi à la surprise générale un cacique de la gauche, Piero Fassino du Parti Démocratique, PD. Cette année-là a marqué le renouveau de la classe politique italienne avec l’intrusion d’un Mouvement 5 Etoiles iconoclaste et dont l’une des premières mesures phare à l’assemblée a été de renoncer à la moitié de la rémunération garantie pour ses élus, ainsi qu’à la retraite à vie aux sénateurs.

Mais moins d’un an après, le M5S n’est pas loin de se révéler un véritable feu de paille sans consistance. Il y a deux semaines, les élections municipales partielles qui ont concerné plus de 1000 villes italiennes ne l’ont vu résister nulle part. Aucun maire M5S ne prendra part à la bataille du 2è tour ce 25 juin prochain ! Les analystes attribuent en grande partie à Virginia Raggi d’avoir plombé l’élan de l’ensemble d’un mouvement considéré comme celui de simples bouffons.

La mairesse avait mis du temps à asseoir son équipe et à montrer aux Romains ce en quoi elle apportait de la positive nouveauté. Elle avait mis des mois à se trouver des collaborateurs, et à peine ceux-ci étaient-ils connus qu’ils plongeaient dans une série de scandales: démission, renvoi, interviews de proches collaborateurs contre la mairesse traitée d’incapable. Un collaborateur a été arrêté pour corruption, un sport national. La mairie de Mme Raggi a tourné à la paranoïa des micros au point que la mairesse a parfois tenu des concertations … sur le toit du capitole alimentant toutes sortes de suspicions.

« On peut dire que le bilan est catastrophique de tous les points de vue. Mme Raggi n'a pas pu créer une équipe dirigeante. Il n'y a aucune activité de l'administration. C'est une maire par intérim qui gère les affaires courantes », juge très sévèrement un analyste approché par la presse. Même la décision prise - parce que souhaitée par une majorité des Romains - du retrait de la candidature de leur ville aux JO de 2024, n’a pas suffi à enclencher une dynamique positive en faveur de la mairie. En mars déjà, un sondage indiquait que les deux-tiers des Romains avaient une image « mauvaise » de leur mairie. Rien ne peut faire penser qu’ils ont changé d’opinion depuis.