Emmanuel Macron et Matteo Renzi même combat ?

Au lendemain du débat télévisé français qui a opposé mercredi soir la candidate de l’extrême-droite Marine Le Pen au centriste Emmanuel Macron, la gauche italienne ne se tenait plus de joie. Elle a salué une victoire nette à l’écran d’Emmanuel Macron, espérant avec lui moins de remous dans le futur de l’Union Européenne. « J’espère fortement que ce soit Macron qui gagne car même si je suis convaincu que Marine Le Pen ne pourra pas gagner, ses résultats pèseront beaucoup pour le futur. Il nous faut beaucoup réfléchir à ce qui arrive en France ». Ces propos sont du plus français des Italiens de gauche, l’ancien premier ministre Enrico Letta.

Par contre, vu les relations exécrables qu’il entretient avec Matteo Renzi son successeur à la primature à Rome, il n’est pas sûr qu’il soit de ceux qui s’enthousiasment du triomphe de ce dernier aux élections primaires du Parti démocratique (PD) et du parallèle Macron = Renzi qu’on commence à tracer en France comme en Italie. « Le Pen veut détruire la construction européenne qui a apporté 70 ans de paix sur notre continent. Pour moi, dimanche, c’est simple : un seul vote, celui de Macron si j’étais français », a ajouté un autre Italien de gauche, l’eurodéputé Gianni Pittela, président du groupe des Socialistes et Démocrates au Parlement européen.

Que l’Italie de gauche – tout comme la gauche de l’Allemagne, de la Grèce, de l’Espagne – se soit clairement alignée sur les positions d’Emmanuel Macron est un fait. Une affinité qui va jusqu’à l’identité des projets politiques. Matteo Renzi a mené sa campagne électorale en conduisant un mouvement, « In camino », dont la traduction est « En marche », comme le mouvement de M. Macron. Lundi, au lendemain de la primaire du Parti démocratique qui a vu son retour en triomphe à la tête de ce parti et sur l’échiquier politique de la Péninsule, Renzi a reçu un message d’Emmanuel Macron: « Bravo Matteo ! Ensemble changeons l’Europe avec tous les progressistes » .

Et le quotidien français Libération de souligner l’identité des vues et même de parcours entre les deux hommes. Matteo Renzi est parti du « Yes we can » (Oui, on le peut), slogan de Barak Obama à « In camino ».  Lui aussi considère que les concepts « gauche » et « droite » sont obsolètes et dépassés, écrivait le journal de gauche. Mais en Italie ce vote présidentiel en France mettant aux prises deux candidats atypiques, a également fait bouger les lignes. Renato Brunetta, un bretteur de haut calibre du parti plutôt à droite  Forza Italia de Silvio Berlusconi, a lui aussi exprimé son penchant pour le vote pro-Macron. « Il est du centre comme Forza Italia (sic), et désormais tout le monde convient qu’un vote se gagne au centre ».

Mais cette « macronmania » commence aussi à agacer passablement le reste de la droite italienne. Une ressemblance entre Macron et Renzi, vous voulez rire ! « Je sais qu’en Italie et dans tout le reste de l’Europe, la mode est de sauter dans le train du vainqueur, mais cet empressement me semble pour le moins suspect et  instrumentalisé », a commenté Giovanni Totti, gouverneur de Ligurie et membre du même parti que le Brunetta enchanté des lignes qui précèdent. Il y a donc aussi des résistants au contentement ambiant en Italie. Ils sont, ce n’est pas une surprise, dans le parti xénophobe et anti-immigré de la Ligue du Nord.

« Macron a félicité Renzi ? Que bien leur en fasse ! Qui se ressemble ne peut que s’assembler, moi je suis un ‘fan’ résolu de Marine Le Pen ! », a répliqué Matteo Savini, le chef de la Ligue du Nord. Marine Le Pen, a-t-il ajouté, « est seule contre tous : les banques, la finance, (le milliardaire) Soros, l’imam de Paris, Zinedine Zidane, les clandestins en quête de régularisation et tout et tout. Il ne manque que (les personnages de dessin animé) Pippo, Pluto et le canard de Donald Duck. Nous, nous soutenons le peuple français et Marine Le Pen ! », a-t-il ironisé.