Couleurs de chez nous: Le règne des jumeaux !Mercredi 4 Janvier 2017 - 9:37 Adieu ce temps où les jumeaux cristallisaient l’attention de la famille et de la communauté ! Aucune naissance de jumeaux ne pouvait passer inaperçue. Quand naissaient les jumeaux, la famille organisait une série de rites pouvant s’étendre sur de longs mois, voire des années. Tout commence par les noms qu’on leur donnait. En effet, dans les us et coutumes du Congo, les jumeaux ont leurs noms. « Koumou et Pea » chez les Ngala ; « Ngambou et Ngampio » chez les tékés ; « Banzouzi et Bansimba » chez les Kongos, « Nsimba et Nzoussi » dans le Niari, etc. De la sorte, on était renseigné sur lequel des deux était l’aîné. Cela ne suffit pas. Considérés comme des envoyés de Dieu (plutôt un don de Dieu), ils avaient droit à des cérémonies de louanges. Un cérémonial fait de chants, de danses et de dons pour leur souhaiter la bienvenue dans la famille, au sein de la communauté, donc sur la terre des hommes ordinaires. Eux étaient extraordinaires voire démiurges. On ne parlait pas de mort pour un jumeau. On disait qu’il est reparti ou « il s’est brisé ». Dire « décédé » pour un jumeau ou une jumelle est un déni ! Tous leurs caprices étaient supportés ou entourés de chants d’allégresse dont certaines femmes étaient spécialistes. Grâce à leurs capacités de berceuses, ces femmes avaient droit à tous les égards. Et que dire de l’habillement des jumeaux ? Pour éviter de les faire se quereller, les deux « favoris » de la société devaient avoir les habits de mêmes couleurs, les mêmes marques de sandales ou de chaussures. Sauf quand ils sont garçons et filles ! Dans tous les cas, comme le veut la coutume : « si tu donnes à l’un, tu dois donner à l’autre. » En grandissant, les jumeaux en rajoutent un peu aux caprices. C’est ainsi que bien de frasques meublent leur vie sentimentale. Des travers légitimés par la coutume. Cette tradition s’étend jusqu’aux enfants qui naissent après les jumeaux. Les « Milandou », « Pourou », « Mfira » et « Koumba » participent tous de cette perpétuation des rites observés au Congo. Autres temps, autres mœurs, de plus en plus de Congolais refusent de sacrifier à cette coutume. Il est rare de voir des tout-petits qui s’appellent encore Koumou, Pea, Ngambou, Ngampio, Banzouzi ou Bantsimba. Et pour finir ? Les bébés qui naissent par les pieds avaient aussi leurs rites… Est-ce à dire que les temps modernes suppriment de fait ces pratiques ?
Van Francis Ntaloubi Notification:Non |