Burundi : vives tensions entre le gouvernement et les Nations uniesMercredi 12 Octobre 2016 - 19:31 Le gouvernement burundais a annoncé mardi la suspension de ses relations avec le bureau du haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, qui s’inquiète d’un risque de génocide dans le pays. La veille, trois experts à l’origine d’un rapport accablant, publié en septembre, ont été déclarés sur le territoire "persona non grata". Les enquêteurs de l’ONU dénonçaient les violences commises au Burundi depuis avril 2015, période pendant laquelle le président Pierre Nkurunziza annonçait vouloir briguer un troisième mandat. L’ONU a pu vérifier 564 exécutions depuis le 26 avril 2015. Une estimation « prudente », selon les enquêteurs. La Fédération internationale des droits de l’Homme dresse aussi un sombre bilan, un peu plus d'un an seulement après la réélection de Pierre Nkurunziza, en juillet 2015. « Plus de 1.000 personnes tuées, 5.000 détenues, 800 disparues, des centaines torturées, plusieurs dizaines de femmes victimes de violences sexuelles et des milliers d'arrestations arbitraires », dénombre la Fédération dans un communiqué. Dans ce nouveau rapport, les experts de l’ONU complètent : « Le niveau global d'oppression et de contrôle de la société a augmenté », se traduisant par « la privation arbitraire de la vie, les disparitions forcées, les cas de torture, et les détentions arbitraires à une échelle massive ». Le rapport souligne le risque de génocide dans le pays, en pointant des « violations graves systématiques et constantes, et l’impunité est omniprésente ». La responsabilité du gouvernement burundais est mise en cause pour ces violences, qui « ont été et sont commises principalement par des agents de l’Etat et ceux qui sont liés à eux ». Les experts dénoncent également l’attitude de l'Etat, consistant à « nier automatiquement et en quasi-totalité » les accusations. En recommandation, ils demandent au Conseil des droits de l’Homme de « considérer si le Burundi peut rester membre du Conseil ». Une première, depuis la création de cet organe en 2006. De son côté, le porte-parole du gouvernement, Philippe Nzobonariba estime dans un communiqué que le rapport « faux et polémique » a été « publié par des enquêteurs soi-disant indépendants de l’ONU ». Il justifie la suspension des relations avec le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme par le « rôle complice », qu’il a joué pour l’élaboration de ce rapport. Plusieurs manifestations ont été organisées, la semaine dernière à Bujumbura, pour apporter leur soutien au gouvernement. Suite à la publication de ce rapport, le Conseil des droits de l’Homme a mis en place une commission d’enquête afin d'identifier les auteurs des violences et déterminer si les exactions sont constitutives de crimes internationaux pouvant être jugés par la Cour pénale internationale (CPI). En pleine crise politique, les députés burundais ont largement adopté ce mercredi le projet de loi visant à se retirer de la CPI. Le texte doit encore être approuvé par le Sénat, avant sa promulgation par le président de la République. Yvette Reine Nzaba Notification:Non |