Faune : Un braconnier et ses complices auditionnés dans l’affaire d’Abbo Hamadou

Lundi 19 Septembre 2016 - 17:48

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Le Fonds mondial pour la nature (WWF) a rapporté, le 15 septembre aux Dépêches de Brazzaville, l’audition des présumés braconniers, Roger Benga, Golom Lucien et Essala Ghislain par la coordination nationale du projet Espace Tridom Interzone Congo (WWF-ETIC).

L’enquête ouverte sur ce dossier fait suite à l’affaire de Abbo Hamadou, un présumé délinquant de la faune actuellement écroué à la maison d’arrêt de Ouesso et en attente de jugement pour une affaire de commercialisation de pointes d’ivoire et de braconnage dans le département de la Sangha. 

Au cours de l’interrogatoire, le braconnier Roger Benga a reconnu avoir abattu un éléphant, dans les forêts de Mazingo, en allant vers le Gabon, sur instigation de Abbo Hamadou qui lui aurait fourni des armes et munitions bien avant qu’il ne soit mis aux arrêts pour une autre procédure de braconnage.  « J’ai tué un éléphant dont les pointes pèsent environ 8,995 kilogrammes et que nous avons laissé en forêt avec l’arme qui a servi à son abattage. Dès que nous sommes revenus pour informer monsieur Abbo Hamadou, je suis resté à 7 km du village et les éco gardes de WWF-ETIC et les services de police m’ont interpelé », a indiqué Roger Benga.

ESSALA Ghislain pour son compte déclare sous procès-verbal : ‘’ Après une première mission effectuée avec succès au village Mazingo, mission consistant à récupérer pour le compte de Abbo Hamadou 5 pointes d’ivoire, il me confie la charge de lui trouver un chasseur pour l’organisation d’une partie de chasse à l’éléphant, et nous promet une arme et des munitions. mon choix a porté sur BENGA Roger qui est mon beau-frère".

Il est à rappeler que Abbo Hamadou n’est pas à son premier forfait. Il avait déjà été interpellé en mars 2015 à Sembé pour détention illégale d’arme de guerre qui lui servait à l’organisation de parties de chasse à l’éléphant. Il fut condamné, le 7 mai 2015, à trois mois d’emprisonnement ferme par le Tribunal de Ouesso, mais ne purgea pas sa peine, ayant obtenu du juge d’application des peines, une permission d’absence pour se faire traiter en raison des symptômes de maladie qu’il présentait. Maladie qui ne l’empêcha pas d’être arrêté en juillet 2016 pour sa présumée implication dans l’achat de huit pointes d’ivoires et, à présent, pour être cité comme principal instigateur de ce nouveau dossier.

Au vu l’ampleur de la pression qui pèse sur les éléphants dans le Département de la Sangha et des cas de multi-récidive comme Abbo Hamadou, le Projet WWF-ETIC a décidé d’être appuyé par le cabinet d’Avocats ESSEAU. Ce cabinet a accepté d’œuvrer au côté des activistes pour la préservation de l’environnement afin d’obtenir un meilleur respect et application de la loi congolaise en matière de crime faunique et d’enfin punir suffisamment les braconniers et trafiquants de produits fauniques.

Rappelons que l'éléphant bénéficie d'une protection absolue en République du Congo d'après un arrêté de 1991 ainsi qu’un acte de la Conférence nationale souveraine. L’espèce est menacée d’extinction dans de nombreux endroits à cause du braconnage pour ses pointes d’ivoire. La forêt Tri-nationale Dja-Odzala-Minkebe (TRIDOM) est particulièrement touchée par le grand braconnage comme le montrent les résultats des inventaires des éléphants et les analyses ADN sur les saisis d’ivoire en Asie. La zone est connue comme un des endroits les plus chauds de l’Afrique pour le trafic d’ivoire et le braconnage d’éléphants. La République du Congo compte parmi les leaders africains de la lutte contre le crime faunique comme le prouve par exemple l’organisation à Brazzaville en avril 2015 de la Conférence internationale sur l'exploitation illégale et le commerce illicite de la flore et de la faune sauvages en Afrique.  Une meilleure application de la loi au Congo contre les trafiquants d'ivoire serait un message fort pour confirmer cet engagement afin de protéger son héritage.

 

Guillaume Ondzé

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