Soudan du Sud : Juba prêt à discuter du déploiement de Casques bleus supplémentaires

Mardi 16 Août 2016 - 11:59

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Le président sud-soudanais Salva Kiir qui avait précédemment rejeté le projet de résolution de l’ONU sur l’envoi de Casques bleus supplémentaires, a indiqué lundi ne pas être opposé au déploiement d’une force régionale dans son pays. Il a plutôt précisé qu’il réclame de plus amples discussions sur l’envoi de cette mission approuvée par le Conseil de sécurité.

« Nous devons engager le dialogue et échanger des idées sur la meilleure manière d’aller de l’avant au lieu d’être mis devant le fait accompli par des intervenants extérieurs », a déclaré le président sud-soudanais. C’était lors d’une adresse à la nation prononcée devant le Parlement. Salva Kiir en a profité pour promettre l’unification de l’armée loyaliste et des ex-rebelles ainsi que la mise en œuvre d’un processus électoral, un ensemble de dispositions figurant dans un accord de paix signé en août 2015 mais restées lettre morte jusqu’à présent. En ce qui concerne les armées, il s’est notamment engagé à les unifier d’ici à mai 2017, soulignant que la cohabitation de deux armées dans un seul pays ne pouvait fonctionner et « s’est déjà avérée désastreuse ».

« Nous ne sommes pas opposés à toute aide et nous écoutons volontiers les conseils (…). Mais l’aide requiert le dialogue et ne devrait pas être imposée au risque de devenir une intervention qui compromet notre souveraineté et diminue notre capacité à gouverner efficacement », a ajouté le président. Il répondait au Conseil de sécurité de l’ONU qui, trois jours plus tôt, avait autorisé le déploiement de 4.000 Casques bleus supplémentaires pour assurer la sécurité à Juba et dissuader les attaques contre les bases de l’ONU. Avec le déploiement de cette force, la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss) aura un mandat plus robuste que celui de l’actuelle force, forte de 12.000 soldats.

Juba avait rejeté le projet de résolution, estimant qu’il sapait la souveraineté de ce pays indépendant depuis 2011. Quant à la résolution adoptée, elle menace d’imposer un embargo sur les armes si le gouvernement sud-soudanais bloque le déploiement de soldats supplémentaires. Ce texte a été adopté à la suite de combats à l’arme lourde qui opposent depuis début juillet les partisans du vice-président Rieck Machar aux soldats fidèles au président Salva Kiir.  Ces combats, accompagnés de nombreux viols, ont fait des centaines de morts et plus de 70.000 réfugiés. Ces affrontements ont également mis en péril le fragile accord de paix visant à mettre un terme à la guerre civile débutée en décembre 2013 et qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts et 2,5 millions de déplacés.

Réagissant sur la question de l’embargo sur les armes, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a regretté que cette préoccupation en soit restée au stade de la menace. De même, elle a critiqué le fait qu’un gel des avoirs et une interdiction de voyager n’ont pas été envisagés pour certaines personnalités sud-soudanaises.

Le HCR s’est quant à lui inquiété de la difficulté des agences humanitaires et des pays de la région à faire face au nouvel afflux de réfugiés provoqué par les combats meurtriers de Juba. Ces réfugiés sont déjà au nombre de 930.000 dans la région, alors que d’autres viennent grossir leurs rangs chaque jour.

 

Nestor N'Gampoula

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