Les Chambres africaines extraordinaires (CAE) ont ordonné l'indemnisation des victimes de viol, de détention arbitraire ou prisonnier et rescapé et des victimes indirectes, a annoncé son président, le magistrat burkinabè Gberdao Gustave Kam. Le jugement a été rendu en l’absence d’Hissène Habré, à la tête du Tchad de 1982 à 1990. Mais les avocats choisis d'office pour sa défense étaient présents.
« La juridiction condamne M. Habré à payer à chacune des victimes de viol et d’esclavage sexuel la somme de 20 millions de FCFA (30 490 euros) à chaque victime de détention arbitraire, prisonnier de guerre et rescapé la somme de 15 millions de FCFA (22 867 euros) et (à chacune) des victimes indirectes (ayant perdu des proches, ndlr) 10 millions de FCFA », a indiqué le président du tribunal, le magistrat burkinabé, Gustave Kam Gberdao. Ce dernier s’est toutefois gardé de préciser le nombre de victimes dites « indirectes ».
Selon le tribunal de l’Union africaine qui a organisé son procès, il y a au moins 2500 familles de victimes à indemniser par Hissène Habré. Les parties civiles demandent des indemnisations financières et individuelles des 8 600 victimes identifiées.
L’une des associations de victimes du régime de l’ancien président a demandé des réparations collectives pouvant se traduire par des projets communautaires ou d’autres activités génératrices de revenus pour les enfants et les femmes des victimes.
Certaines parties civiles et leurs avocats se sont montrés plus réalistes, en estimant qu’il est difficile de donner de l’argent à toutes les « victimes directes ou indirectes ».
Rappelons que le Tchad a déjà déboursé 75 milliards de francs CFA pour près de 7 000 victimes, après le procès à Ndjamena de 20 membres du régime d’Hissène Habré.
Mais plus d’un an après ce procès, certaines victimes n’ont pas encore reçu leur part d’indemnisation.