Chantal Hemerijckx : "Mon objectif n’est pas de changer le nom de Matonge"

Lundi 27 Juin 2016 - 13:30

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Depuis octobre 2015, Chantal Hemerijckx est la présidente de l’asbl « Mon Village ». Cette dernière est à l’origine de la création du « Quartier des continents ». Cette initiative privée vise à désigner le regroupement des commerçants et des riverains situés au nord de la commune d’Ixelles à Bruxelles près de la place de Namur, où se situe également le quartier Matonge. L’association est ainsi accusée de vouloir modifier le nom du célèbre quartier africain de Bruxelles. Sa présidente s’en défend. 

Les Dépêches de Brazzaville : comment est née l'appelation "Quartier des continents" ?

Chantal Hemerijckx : L’asbl "Mon village" travaillait au départ uniquement sur la rue de la paix. Comme j’étais très connue à l’époque grâce au journal « MatonGazet » que j’animais ainsi qu’au parcours d’artiste « Matong’Art », des commerçants et des riverains m’ont demandé d’élargir mon champ d’actions et de travailler également sur d’autres rues. C’est ainsi que j’ai commencé à travailler sur les rues Saint Boniface, Solvay et Athénée notamment. Beaucoup de communautés y sont représentées. Nous avons aussi bien des personnes d’origine africaine que d’Asie (Bengladesh et Pakistan notamment), des latino-américains, etc. Nous avons ainsi organisé une réunion de travail avec des riverains, des commerçants et des jeunes. Comme nous avions tous les continents, nous avons ajouté le mot continent à quartier. Donc, le nom de « Quartier des continents » est né de ce travail entre plusieurs personnes.

LDB : Vous êtes aujourd’hui au centre d’une grande controverse. Vous êtes pointée du doigt par certaines personnes qui pensent que vous souhaitez modifier le nom du quartier « Matonge » en « Quartier des continents ». Cette démarche est-elle vraie ou fausse ?

CH : Je vous dis clairement que c’est faux. Je sais très bien ce qu’est le quartier Matonge pour avoir animé le journal Matongazette, avoir initié le parcours d’artiste Matong’Art et également réalisé d’autres actions. J’ai travaillé cinq ans sur ce quartier, je connais tout le monde et je connais également le charme et la qualité de Matonge. Mon objectif n’est nullement de changer le nom. La presse met parfois des titres forts pour attirer le regard. C’était un titre de presse mais qui n’a rien à voir avec ce que l’on fait sur le terrain. Donc, ce n’est nullement mon intention de changer ou d’effacer quoi que ce soit.

LDB : Mais dans son communiqué la bourgmestre vous cite… ?  

CH : Dans son communiqué, la bourgmestre dit que le nom qui a été choisi est, en effet, une initiative privée d’une ASBL. Mais ce n’est pas une initiative qui consiste à changer le nom de quoi que ce soit. Le communiqué de la bourgmestre est clair et net à ce sujet. L’asbl a choisi le nom « Quartier des continents » pour couvrir une zone qui est au nord d’Ixelles. Le Quartier des continents n’a rien à voir avec Matonge. Nous on est situé dans la partie nord d’Ixelles près de la place Fernand Cocq. Cela n’a rien à voir avec le quartier Matonge. Si vous allez sur mon site internet et ma page Facebook, je ne vais nullement citer qui que ce soit de cette partie du quartier Matonge qui est propre à lui-même.

LDB : Selon vous, où se situe Matonge ?

CH : Matonge débute quand vous êtes en provenance de la porte de Namur et que vous empruntez la chaussée de Wavre. Dès le début de la chaussée, beaucoup de commerçants s’y sont installés progressivement. A l’époque, il existait une banque qui ouvrait des comptes pour les africains, et il y avait également la maison africaine avec les étudiants en résidence. C’est pour cela que le quartier Matonge s’est installé là. C’est comme Chinatown à New-York ou encore le quartier africain d’Anvers qui se limitent à une ou deux rues. Mais aujourd’hui, toutes les boutiques sont progressivement rachetées par des personnes originaires du Bengladesh. Quelque part, un mouvement naturel s’est installé.

LDB : Quelle est la valeur ajoutée du Quartier des continents ?

CH : Nous avons chez nous des restaurants grecs, italiens, roumains, etc. Nous avons des patronnes sénégalaises, de la Guinée, de l’Ouganda, etc. Cela englobe toutes les cultures et tous les pays. C’est ce qui fait le charme du nom « Continent » car nous avons toutes les communautés chez nous. Certaines personnes s’identifient plus au quartier des continents qu’à Matonge. J’ai des amies sénégalaises pour qui l’appellation Matonge ne signifie pas grand-chose. Le nom Matonge a beaucoup plus d’importance pour les personnes d’origine Congolaise.

LDB : Que pourriez-vous dire à toutes les personnes qui s’agitent à propos de ce supposé changement de nom mais qui, semble-t-il, n’en est pas un finalement ?

CH : Cette agitation, comme vous dites, ne se limite qu’à quelques personnes. Les réseaux sociaux vous permettent de communiquer et de cacher la vérité. On sait que les élections communales approchent à Bruxelles et certains utilisent cela gentiment pour dire qu’ils défendent la communauté africaine. D’autres utilisent cette affaire pour des raisons personnelles. Il faut avancer et arrêter de remuer des choses qui sont pour moi un peu farfelues.  

Patrick Ndungidi

Légendes et crédits photo : 

Chantal Hemerijckx

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