Protection de l’enfance : l’ONG Triangle préconise en 2016 des activités socio-éducatives pour les mineurs incarcérés

Jeudi 17 Mars 2016 - 18:30

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Depuis décembre 2015, la française Corine Chafedeau est remplacée par Sarah Lorrillard, au poste de Chef de Projet Protection à l’ONG Triangle Génération Humanitaire, une organisation française de solidarité internationale, installée au Congo depuis 2011. Pour l’an 2016, l’agenda de cette organisation prévoit des activités socio-éducatives avec les mineurs incarcérés à la maison d’arrêt de Brazzaville. C'est ce qui a constitué l'essentiel de l'interview qu'elle a bien voulu accordée aux Dépêches de Brazzaville.

Les Dépêches de Brazzaville (LDB) : Depuis quelle date avez-vous pris vos fonctions ?

 Sarah Lorrillard (SL) : Je suis arrivée en République du Congo le 11 novembre 2015 et j'ai pris mes fonctions de chef de projet Protection de l’Enfance pour Triangle Génération Humanitaire, trois semaines après, soit le 4 décembre 2015.

LDB : Qu'allez-vous apportez comme initiatives nouvelles dans le cadre du projet ?

SL : Je crois qu’on ne peut pas parler réellement d’initiatives nouvelles dans le cadre du projet, mais plutôt une évolution des activités. En effet, le projet est en cours en République du Congo depuis presque deux ans et demi maintenant. Il y a eu la phase de démarrage, le lancement des activités proprement dites et nous sommes maintenant dans le suivi de la mise en œuvre des activités. Nous pouvons à présent, grâce à l’expertise qu’ont acquis les travailleurs sociaux dans la mise en œuvre des actions, et l’implantation du projet dans le paysage congolais, apporter quelques nouveautés à celle-ci. Nous pouvons citer comme nouveauté le partenariat avec un collectif de Graphiste pour des outils de sensibilisation et des ateliers avec les mineurs, le partenariat avec une compagnie de théâtre pour des activités de sensibilisation sur la protection de l’enfance, la participation d’un professeur de sport bénévole pour proposer des activités aux mineurs.

Il me semble important de souligner le bon accueil et la confiance que m’a de suite accordé le Reiper (Réseau des intervenants sur le phénomène de l’enfance en rupture), partenaire de Triangle Génération Humanitaire, dans la mise en œuvre du projet. Les changements de personnel ne sont pas toujours évidents, et ils ont su voir le côté positif de mon arrivée au Congo, un regard neuf sur le projet et un dynamisme différent. De plus mon prédécesseur a pris le temps de me présenter le projet et les acteurs dans le projet. La transition a été faite en douceur.

LDB : Quelle est le programme du nouvel agenda en cours d’exécution ?

SL : Pour cette 3ème année de projet les activités suivent leur cours. Les principales sont : -l’antenne mobile : un minibus circule dans les rues de Brazzaville pour aller à la rencontre des enfants en situation de rue, quatre jours par semaine, de jour et de nuit. -Des activités socio-éducatives avec les mineurs incarcérés à la maison d’arrêt de Brazzaville. Des activités de graphisme avec les mineurs vont commencer au 2ème trimestre 2016. -Un dispositif de famille d’accueil est mis en place à Brazzaville et à Pointe-Noire. Toutes les familles intéressées pour devenir famille d’accueil peuvent se rapprocher du siège du Réseau des intervenants sur le phénomène des enfants de la rue (Reiper) basé derrière la maison d’arrêt. -des enfants en risque de rupture scolaire sont inscrits à l’école où ils reçoivent des cours de soutien et une formation professionnelle pour les plus âgés. -Des formations et des sensibilisations dans le domaine de la protection de l’enfance sont dispensés aux différents acteurs travaillant de près ou de loin avec les enfants. -Un appui aux structures membres du Reiper, en terme de renforcement de capacité, d’appui en matériel ou autres. Prochainement des sensibilisations via des pièces de Théâtre seront programmées.

LDB : Quelles sont les difficultés  que  rencontre le projet en ce moment ?

SL : Le projet ne rencontre pas de difficultés particulières pour le moment. Les activités avancent et les résultats sont positifs. Toutefois nous sommes encore à la recherche de famille d’accueil afin d’obtenir une liste de réserve permettant d’accueillir à court et moyen terme des enfants en difficulté. Je lance donc un appel à toutes les familles qui seraient intéressées de venir se présenter au siège du REIPER.

LDB : Votre appréciation global du projet ?

SL : Je suis heureuse d’être cheffe de ce projet qui lutte pour  « le renforcement des capacités des acteurs locaux en faveur de la protection de l’enfance », et remercie nos bailleurs de fonds, l’Union Européenne, l'Ambassae de France au Congo, et la Fondation d'entreprise Air France, avec qui nous entretenons de très bonnes relations nous permettant de faire évoluer le projet au jour le jour. Nos actions ont un réel impact pour les enfants en République du Congo, et surtout à Brazzaville. Nous sommes fiers de cela et chaque jour nous travaillons avec plus de volonté pour essayer d’améliorer leur situation, de leur apporter un soutien. Ce projet est riche d’échanges entre l’expertise de Triangle Génération Humanitaire, en terme de gestion, et celle de la Coordination du Reiper, en terme de connaissance de la situation des enfants dans ce pays.

LDB : Au Congo, que connaissez-vous des infrastructures immobilières d’accueil des enfants de la rue ?

SL : Il existe un certain nombre de structures à Brazzaville, je ne les connais pas toutes, mais connaît au moins celles qui sont membres du Reiper. Il y a un manque important de ressources pour ces centres d’accueil. Elles font ce qu’elles peuvent avec le peu de moyens qu’elles ont. Les besoins sont là, les enfants ont besoin de ces structures, malheureusement elles n’ont pas toujours la possibilité dès les accueillir correctement : il manque de lits, de moustiquaires, de matelas, mais aussi elles ont des difficultés pour vêtir les enfants, les scolariser, les nourrir. Nous faisons ce que nous pouvons dans le cadre du projet qui est le nôtre pour les accompagner lorsqu’on leur réfère des enfants. De plus dans un futur proche nous allons doter les structures membres du Reiper de matériel et de kit d’entretien, mais nous ne pouvons pas pallier à tous les besoins.

Un enfant de la rue, c’est une personne de moins de 18 ans, qui fait l’objet d’un abandon parental prolongé, pour de multiples raisons.  On peut répartir les enfants de la rue en plusieurs catégories : orphelins, enfants nés de parents inconnus, enfants séparés de leur famille et déplacés à l’intérieur de leur pays pour diverses raisons, enfants accusés de sorcellerie…

L’enfant a droit à la vie, à la protection, au développement. Le droit à la vie familiale est un des droits essentiels, qui permet de satisfaire la majorité de ses besoins. Malheureusement, diverses causes font qu’un plusieurs  enfants se trouvent séparés de leur famille, perdant ainsi la ceinture de sécurité qu’elle représente. Il n’est pas rare de voir des enfants envoyés dans la rue avec l’accord de leur famille ; des enfants chassés ou fuyant malaises et mauvais traitements. C’est la non-satisfaction des besoins fondamentaux de l’enfant qui déclenche souvent la rupture avec la famille.

 

Propos recueillis par Fortuné Ibara

Légendes et crédits photo : 

Deux jeunes participants aux activités socio- éducatives au sein du PEIPER, jouant au Basket Ball (adiac)

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