Italie : pas d’adoptions d’enfants pour les couples gays?

Mercredi 24 Février 2016 - 18:19

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Le parlement italien en passe de rejeter une proposition de loi qui pouvait ouvrir pour les unions homosexuelles la porte aux adoptions

Pendant que la Cour constitutionnelle rejetait une loi prise dans la région de Lombardi (nord, capitale Milan) et interdisant la construction de nouvelles mosquées, le parlement bataillait mercredi à la Chambre contre des dispositions sur les « unions civiles ». Ce terme pudique désigne en Italie les unions constituées de personnes de mêmes sexes. Une disposition notamment a fait l’unanimité contre elle : l’adoption légale par l’un des partenaires de l’enfant de l’autre. Un enfant dans cette situation se  retrouverait en face de deux pères ou de deux mères : kafkaïen !

Cette disposition a été rejetée. Il faut dire qu’elle avait vicié l’air des derniers jours dans tout le pays, tant les divisions traversaient les camps politiques: majorité et opposition, ayant eu chacune son groupe d’irréductibles apparents pour ou contre. Ainsi c’est, encore une fois, la Cour constitutionnelle qui a mis tout le monde d’accord. Mercredi, elle a rejeté la transcription en droit italien de l'adoption aux Etats-Unis d'une fillette par la compagne de sa mère, en plein débat sur les contours de la future loi sur l'union homosexuelle.

Une telle décision renforce le gouvernement, au moment où il est en train de retirer de la proposition de loi en discussion au sénat la possibilité d'adopter l'enfant du partenaire. Une décision favorable de la Cour constitutionnelle sur le « cas américain » aurait constitué un précédent, susceptible d'accélérer les procédures d'adoption des enfants déjà reconnus à l'étranger. Et donc de ne plus fermer la porte aux adoptions, tout court, par les couples gays. Car, si l’idée d’une union entre personnes de même sexe est presque tolérée – l’Italie serait le dernier pays de l’Union européenne à ne pas l’autoriser – permettre l’adoption d’enfants continue de susciter des réticences solides.

La puissante Eglise catholique italienne est même montée aux barricades. Le président de la conférence des évêques, le cardinal Angelo Bagnasco, a mis les pieds dans le plat en demandant aux parlementaires de procéder à un vote secret. Tollé dans la classe politique où on a dénoncé une immixtion intolérable. Dans le pays de la séparation de ce qui est à Dieu et de ce qui est à César, le Premier ministre, Matteo Renzi, n’a pu cacher son agacement. « Avec tout le respect et toute l’estime au cardinal Bagnasco, je pense que c’est au parlement de décider son mode de vote, pas aux évêques ! ». M. Renzi, pourtant fervent catholique, n’a eu de cesse d’exhorter à régulariser la situation des homosexuels en Italie, car « ce qui fait mal ce n’est pas l’amour entre deux personnes, mais la haine ».

Lucien Mpama

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