Centrafrique : l’impératif de mieux organiser le second tour de l’élection présidentielleMardi 12 Janvier 2016 - 13:45 Le second tour de l’élection présidentielle en Centrafrique se tiendra le 31 janvier. Dans la perspective de la tenue de ce scrutin, plusieurs organisations de défense des droits de l’ Homme exhortent les autorités en charge des élections à « améliorer l’organisation du second tour et le cas échéant, organiser de nouveaux scrutins législatifs dans les circonscriptions où les dysfonctionnements et manipulations constatés entachent la crédibilité du résultat ». Dans un communiqué, ces organisations dont celles membres de la coalition Mon Vote Doit Compter et la (Fédération internationale des droits de l'Homme (Fidh), appellent les acteurs centrafricains à « faire preuve de responsabilité et recourir aux voies légales disponibles pour régler les différends électoraux » après la tenue, le 30 décembre dernier, des scrutins présidentiel et législatifs. « Après plus de trois années de violences qui ont fait des milliers de victimes, ces élections présidentielle et législatives ont suscité un engouement populaire et constituent un tournant qui doit permettre à la Centrafrique de retrouver le chemin de la stabilité malgré la désorganisation et les quelques irrégularités constatées par nos observateurs sur le terrain », notent les organisations. Pour ce faire, elles « exhortent tous les acteurs à faire preuve de responsabilité et de retenue pour garantir que le processus électoral puisse arriver à son terme de façon apaisée et que des autorités représentatives soient élues ». D’après les résultats annoncés jeudi, 7 janvier 2016, par l’Autorité nationale des élections (ANE), Anicet Georges Dologuélé et Faustin Archange Touadéra, deux anciens premiers ministres, sont arrivés en tête du premier tour d’un scrutin marqué par une forte participation des électeurs et une certaine désorganisation. Le premier avec 23,78% des suffrages et le second a récolté 19,42% des votes. Malgré cela, une vingtaine de candidats à réclamé, le 4 janvier dernier, l’arrêt du processus électoral en raison de présumées irrégularités. Pour les organisations de défense des droits de l’Homme basées en Centrafrique, « le processus électoral à Bangui et dans le reste du pays, le scrutin s’est déroulé dans un climat apaisé malgré des problèmes logistiques et des dysfonctionnements dans l’ensemble des circonscriptions observées ». Ces problèmes ayant limité le droit et la liberté de nombreux électeurs, portent entre autres, sur le manque de maîtrise des règles et procédures des opérations électorales par certains agents électoraux, la délocalisation de certains bureaux de vote, le manque de matériel, notamment de bulletins de vote, l’ouverture tardive des bureaux de vote sur toute l’étendue du territoire nationale et l’absence de sensibilisation des électeurs non lettrés. Le processus électoral entamé en décembre dernier par le double scrutin présidentiel et législatif permettra, à terme, à la Centrafrique de tourner la page d’une crise profonde, déclenchée par le coup d’état militaire de la coalition Séléka, menée par Michel Djotodia, le 24 mars 2013 et chassant du pouvoir François Bozizé, lui-même arrivé au pouvoir par un coup d’état en 2003. Au cours de l’été 2013, des groupes armés d’auto-défense pro-Bozizé, les anti-balaka, ont attaqué de plus en plus régulièrement les Séléka et les populations musulmanes auxquelles ils sont assimilés. Le 5 décembre de la même année, les anti-balaka menaient une attaque surprise coordonnée sur Bangui à la veille du déploiement des forces françaises de l’opération Sangaris autorisée par la résolution 2127 du Conseil de sécurité des Nations unies pour venir en aide la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca), une force africaine qui était dépassée par les affrontements intercommunautaires dans le pays. Le 9 janvier 2014, sous la pression de la communauté internationale, Michel Djotodia quittait le pouvoir et les Séléka se retiraient du sud et de l’ouest du pays pour se regrouper au nord et à l’est. Les milices anti-balaka profitaient de ce retrait pour attaquer systématiquement les populations essentiellement musulmanes, qu’elles accusent de complicité et de soutien envers les Séléka. En janvier 2014, Catherine Samba Panza a été élue à la tête d’un gouvernement de transition qui devra passer les rênes au candidat vainqueur du deuxième tour de l’élection présidentielle, qui se devrait se tenir le 31 janvier 2016.
Nestor N'Gampoula Notification:Non |