Santé publique : tous debout contre les faux médicaments au CongoJeudi 10 Décembre 2015 - 16:37 À l’initiative de l’Ordre national des pharmaciens du Congo, l’ambassade de France et la Commission nationale de droits de l’Homme, une journée nationale de sensibilisation a été organisée le 10 décembre à la préfecture de Brazzaville, sur les faux médicaments.
La journée nationale de sensibilisation a donné lieu à quelques exposés dont celui portant sur : « faux médicaments : un impact économique et sanitaire ». Présentant cette communication, le président de l’Ordre national des pharmaciens du Congo, Hyacinthe Ingani, a indiqué que ce fléau fait perdre d’énormes sommes d’argent à certains pays comme la Côte-d’Ivoire et a des répercussions néfastes sur la santé des populations. Les maigres revenus au niveau des ménages seraient la principale cause de l’utilisation des médicaments de la rue. Pour enrayer ce phénomène au Congo, l’orateur a proposé la promotion et la mise à disposition des médicaments essentiels génériques dont on trouve actuellement 3% dans les pharmacies, ainsi que l’application de la loi sur la couverture maladie universelle adoptée par le Parlement. Présidant la rencontre, le directeur général des pharmacies et des médicaments, Jean Bertin Mouankié, a souligné la nécessité des autorités compétentes tant nationales qu’internationales de garantir aux patients la qualité et la sécurité des médicaments. « Pour répondre à cet enjeu de qualité et de sécurité, un encadrement législatif et réglementaire s’impose. Le Congo dispose d’une autorité de réglementation dont les attributions ont été fortement renforcées et d’une politique nationale pharmaceutique harmonisée conformément à l’acte additionnel du 25 juin 2013 portant adoption de la politique pharmaceutique commune des pays de la Cémac », a-t-il rappelé. La France, premier partenaire dans l’approvisionnement en médicaments Intervenant à cette occasion, l’ambassadeur de France au Congo, Jean-Pierre Vidon, dont les organisateurs ont encouragé l’excellente des relations entre les deux pays en la matière, a salué l’initiative des pharmaciens congolais. Pour lui, cette journée de sensibilisation sur les faux médicaments est une action concrète dans la lutte contre ce fléau. Pour lutter contre les faux médicaments et leur trafic, a-t-il indiqué, il faut rendre disponible des médicaments de qualité reconnus scientifiquement dans le système de distribution à la fois publique et privée, afin que ces médicaments soient accessibles à tous. « La tentation est d’acheter le médicament à un prix modeste pensant qu’il fera le même effet que celui qui est vendu dans le circuit légal. Il faut également l’implication de tous pour mettre en place des mesures adéquates pour lutter contre ces produits de contrefaçon et contre les réseaux criminels qui profitent de la vulnérabilité des malades», a conseillé le diplomate français en poste à Brazzaville, appelant à la mobilisation pour une prise de conscience des malades du danger que ces faux médicaments leur font courir. Jean-Pierre Vidon a par exemple cité la Fondation Chirac qui poursuit la mobilisation des acteurs dans le but d’élaborer à un niveau international une réponse juridique globale et faire collaborer la société civile et les services de l’Etat en faveur de ce fléau devenu une cause majeure de santé publique. L’autre document évoqué par l’ambassadeur de France est la Convention médicrime élaborée par le Conseil de l’Europe. Il s’agit d’un instrument juridique international contraignant dans le domaine du droit pénal, en criminalisant la contrefaçon, la fabrication et la distribution des produits médicaux mis sur le marché sans autorisation ou en violation des normes de sécurité. Introduisant des sanctions pénales, des mesures de prévention et de protection des victimes, cette convention européenne est ouverte aux pays du monde entier. Actuellement, il n’y a que la Guinée qui a ratifié la convention médicrime (le 25 septembre 2015). « La contrefaçon des produits médicaux et criminalité associée menacent le droit à la vie inscrite à la convention européenne de droits de l’Homme et des libertés fondamentales. Il est important que de nombreux pays deviennent partie de la convention en vue de permettre une lutte efficace contre les faux médicaments. La Guinée est actuellement le seul pays extra européen à l’avoir ratifié », a conclu Jean-Pierre Vidon.
Parfait Wilfried Douniama Légendes et crédits photo :Jean Bertin Mouankié entouré de Jean-Pierre Vidon et de Hyacinthe Ingani ; crédit photo Adiac
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