Électricité : des questions fusent sur le projet Grand Inga

Vendredi 24 Juillet 2015 - 18:36

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Des experts soutiennent que les embûches à la réalisation des projets hydroélectriques en Afrique sont nombreuses et peuvent paraître insurmontables. Ce jugement annihile-t-il l’espoir de la RDC et de tout le continent africain sur les avantages attendus de ce barrage ou doivent-ils continuer à attendre la réalisation dudit projet ?

Dans sa publication du 20 juillet, Jeune Afrique magazine a répertorié les arguments des spécialistes, qui soutiennent tous les avantages de l’énergie hydroélectrique par rapport à toutes les autres sources d’électricité. « Puissante et prévisible (contrairement au solaire ou à l’éolien), l’hydraulique peut être utilisée comme énergie de base d’un réseau électrique, permettant ainsi d’éviter les délestages ou d’alimenter plus aisément des industries ou des mines très consommatrices d’électricité. Surtout, elle ne nécessite pas de combustibles, une aubaine dans un monde marqué par la variation des cours des hydrocarbures. Enfin, elle est plus respectueuse de l’environnement que le gaz ou le charbon, qui produisent des gaz à effet de serre. Bien qu'il y ait tous ces atouts, les États africains peinent à développer cette énergie », a indiqué cette publication.

Mais cette étude a également relevé plusieurs défis qui, dans le  cadre de certains projets, peuvent constituer des craintes ou de soucis. Il s’agit notamment du coût très élevé d’investissement pour la construction des installations hydroélectriques. « Dès qu’un projet dépasse 100 MW, le budget est généralement supérieur à 500 millions d’euros. Soit en moyenne 50 % de plus qu’une centrale thermique, à gaz ou à charbon », a avancé cette publication, citant un expert. Le problème, il faut importer la majorité de matériaux qui entre dans la construction de ces imposants ouvrages. Citant un  autre expert, Gad Cohen, associé chez Eleqtra, société spécialiste du développement, de la construction et de l’exploitation d’infrastructures énergétiques, jeune Afrique magazine a noté que ces infrastructures attirent peu d’investisseurs parce que, même si une fois construites et amorties, elles peuvent délivrer un kilowattheure dont le prix n’excède pas 5 FCFA (0,008 euro). « Ces derniers peuvent être d’autant plus réfractaires que la phase de développement du projet est particulièrement longue et onéreuse dans le domaine de l’hydraulique », a-t-il souligné.

Des questions sur le projet Grand Inga

Des experts ont noté que les embûches à la réalisation des projets hydroélectriques en Afrique sont nombreux et peuvent paraître insurmontables. Ces soucis relevés amènent à se poser des questions sur le projet Grand Inga sur lequel la RDC et une bonne partie de l’Afrique ainsi que d’autres continents ont placé leur espoir. Ce méga projet, divisé en huit étapes, avance-t-il comme prévu au début ? Il est toujours porté à cœur par ceux, les gouvernements de la RDC et de l’Afrique du Sud, qui ont consenti à le financer ? Y-a-t-il d’autres partenaires (développeurs) qui se sont ajoutés à ce partenariat ou qui ambitionnent à s’y ajouter ? Les paramètres restent-ils les mêmes que ceux du début ou de la conception du projet ? Ce sont là autant de questions dont les réponses rassureraient le commun de mortel qui a fondé son espoir, notamment pour la fin de délestage et autre carence en énergie électrique, sur ce projet intégrateur.

Hors normes, pouvait-on lire dans Jeune Afrique, le site hydraulique [d’Inga], d’une capacité de 43 200 MW, doit être construit en plusieurs phases près de l’embouchure du fleuve Congo, le deuxième plus grand d’Afrique. Mais la première tranche, représentant 4 800 MW, donne déjà du fil à retordre aux acteurs impliqués. Et ils sont nombreux : États (Afrique du Sud et RDC), miniers du Katanga, bailleurs internationaux, conseils juridiques et techniques…« Ce site a le plus grand potentiel hydroélectrique du monde, qui n’en ferait pas son projet phare ? », glissait récemment, avec un sourire, une source proche du dossier cité par Jeune Afrique.

Ce magazine a, par ailleurs, souligné la détermination des autorités congolaises qui multiplient les démarches en faveur de ce projet. Elles ont mis sur pied, a souligné jeune Afrique, une « force opérationnelle » consacrée à Inga, et veulent lancer l’appel d’offres d’ici à la fin de l’année et désigner, dès 2016, le vainqueur parmi les trois consortiums déjà présélectionnés de longue date (le canadien SNC-Lavalin, l’espagnol ACS et le chinois Three Gorges Corporation).

Mais parmi les nombreuses embûches qui, par ailleurs, peuvent paraître insurmontables, on cite notamment la rédaction du contrat d’achat d’électricité. La Société nationale d’électricité de la RDC, qui devrait acheter l’équivalent de 1 000 MW environ, est peu solvable. Et pour l’Afrique du Sud, qui attend 2 500 MW, transporter cette énergie à travers quatre pays sera une opération diplomatiquement complexe. « Comment va-t-on pouvoir justifier de faire passer des lignes à haute tension au-dessus de la tête des habitants de l’Angola et de la Namibie sans rien leur donner en échange ? », s’interroge notamment un opérateur africain cité par la source. Enfin, si les entreprises minières du Katanga sont prêtes à s’engager à hauteur de 1 300 MW, elles sont réticentes à le faire sur plusieurs décennies. Le cours des minerais, a souligné ce magazine, peut s’effondrer d’une année à l’autre, allant jusqu’à compromettre leur exploitation.

C’est donc à autant de questions que devra répondre la Cellule de gestion du projet Inga 3, conduite par son nouveau patron Max Munga, son coordinateur. Mais déjà des sources notent que le dynamisme qui caractérise ce manager et technicien augure des lendemains meilleurs pour ce projet sur qui repose l’espoir de tout un peuple, de tout continent.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: Des ouvriers dans le chantier de construction d'un barrage Photo 2: Montage de la deuxième ligne haute tension Inga-Kinshasa

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