Médias : rafle des journaux à Kinshasa

Lundi 13 Juillet 2015 - 16:15

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

L’acte, qui avait visé le trihebdomadaire C-News, est attribué à des personnes non identifiées venues sur le lieu à bord d’une jeep de la police.

 

Dans une réaction du 13 juillet, l’association de défense et de promotion de la liberté de la presse, Freedom for journalist-@frique (FFJ-@frique) a exprimé toute sa surprise à la suite « d’une brutale rafle policière » opérée tôt le matin du 13 juillet, sur l’ensemble de la production de C-News, un trihebdomadaire indépendant paraissant à Kinshasa.

Citant l’association des vendeurs de journaux du Congo qui lui a rapporté l’information, cette ONG a précisé que des personnes habillées en tenue ordinaire ont fait irruption sur le lieu public de distribution de journaux d’information à Kasa-Vubu, où elles auraient interpellé un des vendeurs à qui elles ont confisqué toute la livraison du journal, avant de l’embarquer brutalement dans une jeep estampillée « Police nationale congolaise ».

Citant des témoins, FFJ-@frique a noté que Zamuangana, le nom de la victime, a été menotté tandis que les autres revendeurs, pris de peur, ont pu fuir pour ne pas être interpellés à leur tour. « Nous savions que C-News était dans l’œil du cyclone depuis que nous avions publié le document en lien avec la dénonciation de la Présidence de la République transmise au Parquet général de la République via le conseiller spécial du chef de l’Etat chargé de l’anti-corruption et blanchiment d’argent », a déclaré à FFJ-@frique, un responsable de C-News sous le sceau de l’anonymat, qui a aussi souligné que le journal n’a fait que reprendre un document tiré de Congo Indépendant.

Cette situation serait la même avec celle que vivrait le président de la Ligue des consommateurs du Congo (LCC), Christian Willy Lukusa, qui serait contraint à la clandestinité pour se soustraire des menaces qui pesaient sur lui. Selon ses proches, ce dernier aurait été enlevé le 25 mai 2015, vers 19 heures 45’, par des inconnus à bord d’un taxi pris sur le boulevard du 30 juin, puis relâché vers 23 heures, avec promesse de mettre fin à sa vie à la première occasion.

Ces sources ont noté que ses agresseurs lui ont reproché ses publications sur internet relatives à la situation socio-économique au pays, notamment ce que vit la population pour nouer les deux bouts de mois. Elles ont noté que depuis cet incident, ces menaces se sont faites de plus en plus pressantes et qu’il disait avoir l’impression que l’étau se resserrait sur lui. Mais, actuellement, sa famille n’a plus ses traces alors que toutes les démarches menées pour le retrouver s’avèrent nulles.

Parlant notamment de la situation du journal C-News, le chargé du Département d’assistance judiciaire et légale au sein de FFJ-@frique, Mè Nkashama, a déclaré : « Nous sommes bien d’avis que cette rafle constitue une véritable entrave à la libre circulation de l’information et viole, par ce fait, le droit du public à l’information consacré aussi bien par la Constitution du pays que par les instruments internationaux pertinents ».

Deux journalistes visés par la Police judiciaire

Dans un autre communiqué émis le week-end, FFJ-@frique s’est aussi dit désagréablement surpris par « l’émission, en cascade », des deux convocations de la Police judiciaire visant Papy Serge Mackaya et Sidi Manzimbani, journalistes à La Dépêche, un hebdomadaire paraissant à Kinshasa.

A en croire cette ONG, la délivrance de deux convocations intervenue le 09 juillet a coïncidé paradoxalement avec une tentative d’enlèvement de Mackaya, au parking de Pullman, ex-Grand hôtel Kinshasa, attribuée par l’avocat de la victime, Mè Prince Tshibangu, à des hommes armés non autrement identifiés. « (…), ce guet-apens a été orchestré par le ministre national de l’Environnement et développement durable, Bienvenu Liyota…», écrit l’avocat dans une correspondance citée par FFJ-@frique.

Citant Mè Tshibangu, cette ONG a noté que cette tentative d’enlèvement serait consécutive à la publication d’un article de presse paru dans l’édition n°130 du 06 juillet 2015 de cet hebdomadaire intitulé : « Insolvabilité et déshonneur : le ministre Bienvenu Liyota doit 4 500 USD à Agib Business center ».

Dans l’article attaqué et signé par Betty Djouma, a expliqué FFj-@frique, le journal rappelle qu’alors candidat à l’élection législative de 2011, l’actuel ministre national en charge de l’Environnement et développement durable avait passé commande des dépliants, affiches et autres calicots chez Agib Business center, une entreprise privée, sans toutefois honorer la facture. « Il ne nous a jamais adressé un droit de réponse pour remettre en cause l’article querellé », aurait déclaré Mackaya à FFJ-@frique indiquant, en outre, craindre pour sa sécurité.

De son côté, FFJ-@frique, par la bouche de Mè Gérard Nkashama, s’est dit disponible à fournir ses avocats à ces journalistes, si cela s’avérait nécessaire pour faire valoir ses droits. « Tout en reconnaissant les droits légaux reconnus à la partie lésée, FFJ-@frique l’invite à respecter la procédure élémentaire en adressant, en l’espèce, un droit de réponse au journal, à défaut de saisir le tribunal des journalistes plutôt que de recourir à des voies qui ont tout l’air d’un pur trafic d’influence », a souligné cette ONG.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo: des journaux étalés pour la vente.

Notification: 

Non