Bac 2015 : le comble des irrégularitésSamedi 6 Juin 2015 - 16:30 Au lendemain de l’annulation des épreuves du baccalauréat, le ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et de l'alphabétisation planchait samedi sur la mise en place d’un calendrier d’organisation de la « session de remplacement ». Le ministre Hellot Matson Mampouya et ses collaborateurs essaient aussi, de sources proches du cabinet, de comprendre d’où est partie la fuite qui s’est répandue telle une trainée de poudre. Retour sur la grosse mésaventure ! Le 26 mai dernier, un collègue nous a partagé l’intimité d’un message qu’il venait de recevoir, en mi-journée, sur son téléphone portable. « Voici les sujets de philo déposés pour le tirage. Parmi ces sujets on choisira deux (2)… ». Le testo s’enchainait sur quatre énoncés commençant par S1, S2,... Puis, venaient quatre autres sujets proposés par paire, une dissertation d’histoire, une question de cours de géographie et une dissertation de géographie couplée à une question de cours d’histoire. Subjugués par la sureté des propos véhiculés par ce message, nous en étions à nous interroger sur sa crédibilité. « Attendons de voir ! », disions-nous. Les jours suivants, « la comparaison avec les sujets devant être soumis aux candidats a relevé - de manière ahurissante- que les sujets étaient identiques», pour paraphraser le ministre de tutelle. Hellot Matson Mampouya faisait quant à lui allusion, dans sa déclaration du 5 juin, aux sujets d’examen publiés sur Internet la veille du lancement des épreuves. Le réseau Whatsapp a aussi été l’un des moyens mis à contribution par les fraudeurs, pour diffuser à la vitesse de l’éclair les épreuves du baccalauréat. Par ailleurs, certains services de photocopie publique restés fidèles aux moyens traditionnels de reprographie, auraient fait de bonnes recettes en diffusant subrepticement « des sujets du Bac ». Une scène ahurissante, d’autant plus que, pour ne parler que de la capitale, Brazzaville, rares sont les citoyens qui n’ont pas entendu parler de fuite en cette période de déroulement des épreuves du bac avant même la décision ministérielle. « Nous avons estimé qu’il était irresponsable de laisser poursuivre normalement un examen qui se déroulait avec autant d’irrégularités. Et, pour des raisons de crédibilité, nous avons décidé d’annuler cette session », confessait le ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et de l'alphabétisation quelques heures après l’annonce de sa décision dont l’effet immédiat a été la réaction brutale des candidats. Que dire donc, devant ces énormes gâchis d’énergie, de temps, de matériel et d’argent ? Enorme gâchis… Des personnes jointes samedi au cabinet du ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et de l'alphabétisation n’ont pas voulu parler du coût estimatif de l’organisation du baccalauréat de l’enseignement général. Mais, quelques approches peuvent nous aider à nous faire l’idée de l’effort que les finances publiques devraient reprendre pour organiser la session de remplacement. Au ministère de l’Enseignement technique et professionnel où les épreuves du bac, interrompues le 5 juin ont pu reprendre le jour suivant sur tout le territoire national, l’on a avancé le chiffre de 800 millions FCFA comme provision budgétaire pour l’organisation des examens et concours en 2015. « Il n’y a pas un budget spécifique pour le bac », nous a-t-on appris. Mais, il va de soi que ce chiffre est à la baisse par rapport aux années précédentes. L’austérité budgétaire corollaire à l’érosion des recettes pétrolières devait sans doute avoir un impact sur ce volet. A l’Enseignement général, par exemple, l’organisation combinée du Bac et BEPC valait 2,8 milliards FCFA au budget de l’Etat en 2013. Une enquête en cours… Dans sa déclaration sus-évoquée, le ministre Hellot Matson Mampouya faisait état d’une enquête en cours et de « l’interpellation », dans la nuit du jeudi à vendredi, « du directeur des examens et concours par les services de sécurité, pour des raisons d’enquête ». Selon nos informations, le président général du jury du bac 2015 a lui aussi été interpellé par la police. Une question cependant, jusqu’où ira cette enquête ? Permettra-t-elle de lever le voile sur les gigantesques failles de l’administration scolaire qui seule sauraient expliquer la mésaventure du baccalauréat 2015. Affaire à suivre ! Thierry Noungou Notification:Non |