Italie : la vague massive des migrations par la mer reprendMercredi 15 Avril 2015 - 18:15 400 nouveaux noyés durant le week-end : une partie de la classe politique italienne marque son exaspération Des survivants de migrants clandestins sont parvenus sur la région italienne de Sicile, au sud, mardi. Leurs récits sont une succession d’horreurs. D’après leurs dires, quelque 400 de leurs camarades ont tout simplement sombré en mer. Mercredi, seuls 9 corps avaient pu être repêchés. Le soleil s’est remis à briller sur la péninsule, les vents forts se sont calmés : cette « fenêtre météo » a été l’occasion pour des centaines de migrants de se lancer à la conquête de l’eldorado européen dimanche et lundi par la mer. Ils ont employé pour cela… 42 bateaux bondés à ras-bord. Ils seraient quelque 6.500 intrépides, hommes, femmes et enfants, à être montés à bord de ces embarcations vétustes, généralement récupérées à la casse pour les besoins de la seule traversée qui compte à partir des côtes libyennes. Les garde-côtes italiens ont porté secours aux bateaux en difficulté, mais continuent les recherches pour tenter de retrouver des survivants ou, à défaut, des cadavres. Déjà lundi, des survivants avaient indiqué que le barreur d’une embarcation, un Guinéen, n’avait pas hésité à jeter par-dessus bord le corps d’un décédé, tout de suite dévoré sous leurs yeux par les requins. L’Organisation internationale des migrations affirme que depuis janvier, 900 migrants sont morts noyés en Méditerranée, alors qu’ils n’étaient ‘que’ 47 lors des trois premiers mois de l’année dernière. Naturellement, il s’agit de morts effroyables et d’une véritable saignée pour les pays que tentent de fuir ces désespérés. Erythréens, Somaliens, Sud-Soudanais mais aussi Ivoiriens et même Congolais prennent de plus en plus le chemin de l’exil périlleux dans des bateaux qui ne serviront qu’une seule fois. Cette vague d’arrivées créée une pression extraordinaire sur l’Italie. Puisque 80.000 nouveaux migrants ont déjà débarqué selon les chiffres officiels et que des centaines d’autres candidats à l’aventure risquée auraient été répertoriés aux abords de la Méditerranée. Le ministre italien de l’Intérieur, Angelino Alfano a appelé les préfets à favoriser l’accueil temporaire des migrants dans les provinces. Mais ce relatif humanisme n’est pas du goût de tous ; il fait littéralement pousser des boutons à Matteo Salvini. Leader charismatique montant du mouvement xénophobe de la Ligue du Nord, M. Salvini appelle carrément à la rébellion : « Je demande aux gouverneurs, maires et conseillers de la Ligue de dire non, par tous les moyens, à chaque nouvelle arrivée. La Ligue est prête à occuper chaque hôtel, école ou baraquement qui pourrait être mis à la disposition de ces soi-disant réfugiés », a-t-il indiqué. L’Italie n’a de disponible que 30.000 places dans ses centres d’accueil. Qui plus est, pour tenter de récupérer leur bateau saisi en mer, des trafiquants n’ont pas hésité à tirer sur la marine italienne, augmentant l’irritation générale contre les nouveaux migrants. L’opinion se dit exaspérée et les autorités qui font de leur mieux tolèrent de moins en moins la relative passivité de l’Union Européenne qui regarde l’Italie se débattre seul devant un problème qui regarde le monde entier. Lucien Mpama |