Forum de Bangui : profonde division au sein des Anti-balakaMardi 7 Avril 2015 - 13:39 Deux camps livrent une guerre de chefs dans les rangs de la milice chrétienne, alors que la grande messe de paix et de réconciliation est attendue dans au moins trois semaines. Il y a d’un côté, la tendance Patrice Edouard Ngaissona, coordonnateur national, et de l’autre, Joachim Kokate, un bras droit de l’ex-président François Bozize. L’organisation d’un Forum de paix et de réconciliation à Bangui qui est l’une des recommandations de l’accord de cessation des hostilités signé le 23 juillet 2014 à Brazzaville, a pour vocation de réunir toutes obédiences confondues autour d’une même table. Dans ce sens, chaque partie impliquée devait être représentée de façon apaisée sur le sol centrafricain, en vue de traiter des problèmes profonds que connait aujourd’hui la Centrafrique. Les querelles internes au groupe d’auto-défense risquent de compliquer la tâche au comité préparatoire et par là même d’exacerber la détermination du groupe de facilitateurs étrangers surplace. Les deux leaders des anti-balaka ne tiennent pas le même langage. Conséquence, on ne sait pas jusqu’alors qui doit prendre la parole durant les négociations au nom de la mouvance Anti-balaka. Edouard Ngaissona, coordonnateur national a depuis quelques mois exprimé ses ambitions politiques, et s’est désolidarisé peu à peu du clan de l’ancien régime Bozize dont il fut un des poids lourds. Pour cela, il a fondé son parti politique dénommé Parti centrafricain pour l’unité et le développement (PCUD), rapporte Centrafrique-presse. « Les comzones ne se reconnaissent pas dans le parti de Ngaissona. Les anti-balaka ne sont pas les instruments du PCUD. Il faut d'abord organiser le désarmement puis, plus tard, on parlera politique », a dénoncé à RFI Joachim Kokaté. Le torchon brule entre les deux hommes depuis la contestation par Ngaissona de l’accord signé à Nairobi au Kenya entre représentants des séléka et anti-balaka, aux premiers chefs desquels François Bozize et Michel Djotodia. « Ils voulaient une troisième transition. Nous, on est contre. Ils avaient leur propre but. Cela fait des semaines qu'on attend leur retour de Nairobi. Mais quand ils rentreront, on pourra peut-être se mettre autour d'une table », a confié à RFI Sébastien Wénézoui, vice-coordonnateur de la mouvance anti-balaka. Cependant, les deux camps déclarent avoir le soutien de tous les comzones ainsi que des cadres du système. Cette crise vient s’ajouter au débat lié à la participation ou non des deux anciens présidents centrafricains François Bozize et Michel Djotodia, qui ont pourtant affiché leur intention de participer au dialogue de Bangui. Le Forum de Bangui se tiendra du 27 avril au 2 mai prochain, avait annoncé au début du mois la commission préparatoire. Fiacre Kombo |