Numéro spécial Francophonie : « La participation des jeunes aux processus décisionnels est cruciale, surtout aux niveaux local et national »

Dimanche 16 Novembre 2014 - 13:15

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M. Ma-Umba Mabiala, directeur de l’Éducation et de la Jeunesse au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), s’entretient avec Les Dépêches de Brazzaville

Les Dépêches de Brazzaville : Au cours de consultations préalables au sommet de Dakar, les jeunes francophones ont suggéré des orientations qui devraient être prises en compte concernant les enjeux du programme de développement des Nations unies pour l’après-2015. L’OIF va-t-elle œuvrer en faveur de l’adoption d’un OMD spécifique à la jeunesse ?
Ma-Umba Mabiala : L’OIF est restée constante en ce qui concerne l’implication effective des jeunes dans les grands processus comme celui de la définition et de l’adoption des objectifs de développement durable. Avec nos partenaires étatiques et intergouvernementaux, il y a une convergence de vues sur cette participation pleine et active des jeunes. L’adoption d’un objectif spécifique pour les jeunes avait été évoquée avec l’appui de l’OIF, mais il est ressorti des étapes du processus une préférence pour traiter la question de la jeunesse de façon transversale. Il faut souligner cependant que ces discussions se poursuivent au niveau des Nations unies et que rien n’est encore définitivement décidé.

La jeunesse francophone a plaidé pour le renforcement de sa participation au sein des instances de décisions de l’OIF. Ce plaidoyer sera-t-il entendu ?
La participation des jeunes aux processus décisionnels est cruciale, surtout aux niveaux local et national. C’est pourquoi, dans sa programmation pour la période 2015-2018, l’OIF va intensifier son appui à la mise en œuvre de politiques nationales de jeunesse dans certains pays membres. Au niveau international, l’OIF va continuer à consulter les jeunes, à dialoguer avec eux et à leur accorder la place qu’ils méritent dans les instances de la Francophonie. C’est dans cette perspective que l’OIF a collaboré avec l’Agence universitaire de la francophonie, TV5 Monde, l’Assemblée parlementaire francophone, l’Association internationale des maires francophones, ainsi qu’avec la Conférence des ministres de la Jeunesse et des Sports de la Francophonie pour soutenir la mise en place d’une plateforme des réseaux jeunesse francophones. Cette plateforme vise à fédérer et à renforcer les capacités des réseaux des jeunes au sein de l’espace francophone. Elle sera un interlocuteur privilégié de la Francophonie. Il convient de noter que le lancement officiel de cette plateforme aura lieu à Dakar, en marge du XVe sommet de la Francophonie.

Une proposition des jeunes francophones concernait la création d’un fonds mondial pour l’emploi afin de stimuler l’emploi des jeunes et faciliter l’accès à des emplois décents et durables. A-t-elle été reçue par les chefs d’État ?
La déclaration du sommet de Rio+20 recommande en effet à la communauté des Nations de mettre sur pied une stratégie mondiale pour l’emploi des jeunes. L’Organisation internationale du Travail a été nommément désignée pour jouer un rôle de leader dans le cadre de cette stratégie à venir. L’OIF se tient prête et jouera son rôle, car la question de l’insertion socioprofessionnelle fait partie de ses priorités.

Doit-on également attendre à l’issue du sommet des mesures pour faciliter la circulation des jeunes au sein de l’espace francophone ?
La question de la mobilité des jeunes est récurrente. Certaines mesures comme les conditions d’octroi de visas relèvent de la souveraineté des États. Cependant, l’OIF joue son rôle de catalyseur et continue de plaider en faveur d’une mobilité accrue des jeunes au sein de l’espace francophone. Sur le terrain, l’OIF apporte sa contribution à la mobilité des jeunes, notamment par le canal de son programme de volontariat international qui permet de déployer, chaque année, une cinquantaine des jeunes volontaires dans différents pays de l’espace francophone.

Le numérique représente une opportunité de dissémination de la formation et de l’enseignement du français sans précédent, notamment en Afrique avec les Mooc. L’OIF favorise-t-elle la mise en place de partenariats Nord-Sud entre universités dans le domaine de la formation via les plateformes numériques ?
La Francophonie dans son ensemble s’est dotée d’une stratégie numérique qui accorde une place de choix aux jeunes. Depuis des années, l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) œuvre au rapprochement des universités du Nord et du Sud, en utilisant notamment les technologies de l’information et de la communication. Au niveau de l’OIF, nous avons mis en place, en partenariat avec l’AUF, un programme de formation des enseignants, l’Ifadem (initiative francophone pour la formation à distance des maîtres), qui utilise, en grande partie, les technologies de l’information et de la communication pour renforcer les capacités des instituteurs en poste dans les zones rurales. Des spécialistes des universités du Nord et du Sud apportent leur expertise dans la mise en œuvre de ce programme.

Propos recueillis par Rose-Marie Bouboutou