Sixième sommet des Brics : les Cinq déterminés à surmonter les défis communsMercredi 16 Juillet 2014 - 19:10 Les travaux de cette rencontre de deux jours qui se sont achevés le 16 juillet à Fortaleza, dans le nord-est du Brésil, ont été un moment propice pour les dirigeants des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) de se pencher sur la création d'une banque de développement et d'un fonds de réserve propres à leur groupe Ce sommet sera marqué par la signature d’un accord-cadre sur la création d’un pool de réserves monétaires conventionnelles pour s’aider en cas de chute brusque des réserves d’or et de monnaie d’un membre du groupe. Ce pool monétaire sera une sorte de Fonds monétaire international (FMI) propre au Brics. Pour financer cette Banque de développement des Brics, l’Afrique du Sud a annoncé qu’elle allait y apporter 5 milliards de dollars. Des analystes pensent que le sixième sommet des Brics a été un haut lieu d’échanges montrant aux Occidentaux que les pays émergents pouvaient mettre en place des institutions concrètes. La Banque de développement et le fonds de réserve ont été d’ailleurs conçus pour limiter l’hégémonie de la Banque mondiale et du FMI. Avec la tenue réussie de ce sommet, les Brics ont voulu marquer leur différence sur le terrain diplomatique puisque la rencontre a consacré le retour de Vladimir Poutine dans un sommet international. Ce qui était très important pour la Russie, dont le président avait été évincé du dernier G8 en raison de la crise ukrainienne. Malgré la volonté affichée par les dirigeants de ces pays, certains analystes, dont l’économiste allemand Rolf Langhammer, estiment que les intérêts économiques des Cinq risquent d'être difficiles à coordonner. « L’Inde est un pays en développement. La Russie est déjà développée. La Chine est sur le seuil de la puissance industrielle. Je ne sais pas comment ces différents pays vont collaborer sous le même toit », a-t-il relevé. Selon Yves Zlotowski, économiste en chef de la Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur (Coface), les défis pour ce groupe qui monte en puissance politiquement et économiquement, mais qui demeure déséquilibré, sont effectivement partagés, comme en témoignent les spécialisations économiques différentes entre ces États. « Le ralentissement économique dans les Brics est lié à des problèmes structurels, note l’économiste. Bien sûr, la récession en zone euro a joué un rôle. Mais il y a des problèmes internes d’ordre structurel qui ont vraiment un impact sur la croissance des Brics. Il y a d’abord des problèmes d’infrastructures en Inde, au Brésil ou en Afrique du Sud avec l’électricité notamment. Aujourd’hui, ces problèmes ont vraiment un impact sur la croissance de court terme et notamment sur la production industrielle. Le deuxième problème est lié au climat des affaires. Cela a aussi un impact sur l’investissement. Cela touche la Russie, mais il y a aussi de très grosses manifestations contre la corruption en Inde. Et le Brésil est également concerné. Enfin, il y a un problème de pénurie de main-d’œuvre qualifiée. » Si les économistes affichent leur pessimisme sur l’avenir des Brics, les dirigeants de ces pays sont pour leur part convaincus qu’ils vont travailler ensemble pour surmonter les nombreux défis auxquels ils font face. L’un de ces défis demeure la fuite des capitaux. Notons que de manière globale, l’économie des Brics ralentit. Ces pays ont perdu deux points de croissance entre le début des années 2000 et 2011. Malgré la perte de dynamisme, les prévisions de croissance de la Chine pour 2014 tournent autour de 7,5% alors que la Russie va enregistrer une récession de 0,5% . La croissance attendue de l’Inde se situe entre 4,5 et 5%, celle du Brésil va être d'un peu plus de 1%. En ce qui concerne l’Afrique du Sud, sa chambre de commerce et d’industrie table sur une croissance à 2%. Les Brics occupent à eux seuls une place importante dans l’économie mondiale. Ils totalisent 40% de la population de la planète et créent près de 30% du PIB mondial. Ces pays disposent également d’énormes ressources naturelles, d’une bonne base industrielle et d'une main-d’œuvre qualifiée. Nestor N'Gampoula |