Sous le sourire, la fermeté

Vendredi 4 Juillet 2014 - 19:28

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La réunion des neuf cardinaux conseillers du pape François s’est achevée vendredi au Vatican avec une seule conclusion : le travail de réforme doit se poursuivre !

La réunion du conseil des cardinaux que le pape François a instituée pour l’aider à avancer dans le travail de la réforme de l’Église au sommet s’est achevée vendredi au Vatican. Pour cette cinquième session ouverte mardi dernier, le conseil s’était enrichi d’un neuvième membre, à savoir le cardinal secrétaire d’État (Premier ministre), l’Italien Pietro Parolin. Pour rappel, parmi les autres membres, on compte un représentant de l’Afrique : le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, archevêque de Kinshasa, en République démocratique du Congo.

Les travaux qui ont duré quatre jours, de mardi à vendredi, ont consisté en la poursuite du travail entamé pour réformer profondément l’Église catholique de l’intérieur. Au milieu d’autres questions graves, les cardinaux ont attentivement examiné le fonctionnement et le rôle du fameux Institut pour les œuvres de religion, l’IOR, présenté comme « la banque du Vatican ». Cet établissement financier a été souvent au cœur de bien des perplexités papales depuis Jean-Paul II. Son infiltration par la mafia a été évoquée ; des soupçons de blanchiments ont été relayés dans la presse ; des prélats et hauts responsables laïcs véreux y ont été relevés de leurs fonctions.

Un audit, commandé par le pape actuel, a conforté une volonté de le voir se transformer en une institution plus transparente, où les titulaires de comptes doivent montrer patte blanche et déclarer l’origine des fonds qu’ils y déposent. Mardi, alors que la réunion s’ouvrait, les milieux vaticanistes à Rome bruissaient de la rumeur d’une possible démission du baron et industriel allemand Ernst von Freyberg, l’actuel président de l’IOR.

Nommé à ce poste par le pape Benoît XVI, il avait succédé à l'Italien Ettore Gotti Tedeschi, limogé brusquement après d’autres rumeurs de lutte de pouvoir au sein de l’institution. Si le départ de Ernst von Freyberg devait se confirmer dans les jours qui viennent, elle ne serait pas liée cette fois à des questions de malversations, mais à la volonté expresse de l’Allemand de quitter ses fonctions après avoir remis de l’ordre dans la « banque du pape ». Il est vrai qu’en 72 ans de vie (elle fut fondée en 1942), cette structure en a vu passer des choses ! Le pape a même envisagé un moment de la fermer purement et simplement !

La réunion qui vient de s’achever ne semble toutefois pas avoir abordé toutes les questions pendantes inscrites à l’ordre du jour. Le fonctionnement du gouvernorat de la Cité du Vatican et de la secrétairerie d’État, la primature, par exemple. Vendredi, le père Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège, s’est limité à annoncer aux journalistes qu’à cette étape des travaux, « il était prématuré de parler d'ébauche de texte » de constitution réformant l’ensemble de la Curie romaine. Mais les cardinaux ont tout de même pu examiner le rôle de la femme au sein de l’Église catholique, la famille, tout comme la délicate question des couples mariés (et divorcés).

« Le travail se poursuit », a fait savoir le père Lombardi, soulignant la complexité des thèmes à aborder. C’est pourquoi les cardinaux ont décidé de se retrouver trois autres fois d’ici le début 2015 : en septembre, en novembre et en février prochain. C’est le signe que le pape entend bien maintenir la cadence et ne pas céder un pouce de terrain à qui voudrait que la réforme engagée ne bouscule pas trop les situations de rente. « On en est encore au stade des discussions », a indiqué le père Lombardi. Le C9, comme on l’appelle, s’est penché sur la question des nonces apostoliques, a réfléchi sur la manière dont ils sont choisis, ou encore sur la manière de choisir désormais les évêques, autre source de perplexité dans la hiérarchie de l’Église.

À l’issue des travaux, des cardinaux anglophones se sont dits satisfaits de la manière dont les choses progressaient. Ils ont dit que tout avait été « FFF » jusqu’ici ;  c’est-à-dire « free, frank and friendly » (libre, sincère et amical). Pour le père Lombardi, une telle ambiance est aussi favorisée par la nature joviale du pape lui-même. Toujours le mot pour détendre, mais jamais loin de la fermeté quand il le faut. Cette semaine, le souverain pontife a relevé sans état d’âme l’observateur permanent du Saint-Siège à l’ONU. Il a appelé Mgr Bernardito Auza, un Philippin jusqu’ici nonce apostolique à Haïti, pour remplacer l’Indien Francis Chullikatt, qui avait été nommé par Benoît XVI à un poste où la tradition veut que rarement les prélats y passent moins d’un mandat.

Lucien Mpama