Connie Hedegaard : « L’Europe et l’Afrique doivent travailler ensemble contre le changement climatique »

Dimanche 30 Mars 2014 - 7:00

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Ces dernières années, des conditions climatiques plus rigoureuses ont déjà fait payer un lourd tribut aux communautés à travers l’Afrique et en particulier aux populations les plus démunies

Connie Hedegaard est commissaire européenne à l’action climatique.

Un récent rapport de la Banque mondiale prévoit que l’augmentation des sécheresses et la hausse des températures pourraient conduire à ce que 40% des terres sur lesquelles on cultive du maïs en Afrique subsaharienne ne puissent plus accueillir ces cultures dès les années 2030. En 2050, la part de la population sous-alimentée devrait augmenter entre 25 % et le chiffre exorbitant de 90%, en fonction de la région.

Mais il est encourageant de savoir que ce scénario peut encore être évité. Prendre des mesures audacieuses en faveur du climat maintenant signifie que nous pouvons éviter les conséquences qui en découleraient si nous continuions à permettre que l’atmosphère se réchauffe de 2 °C d’ici à 2050 et de 4 °C d’ici la fin de ce siècle, comme le prévoient les scientifiques. S’attaquer au changement climatique signifie non seulement que ces risques peuvent être évités, mais également créer de nouvelles opportunités économiques pour le continent et ses habitants.

Et dans la lutte contre le changement climatique, l’Union européenne et l’Afrique doivent travailler ensemble. Nous avons déjà montré ce que nous pouvions réaliser ensemble lors de la conférence climatique de l’ONU à Durban en 2011. L’Union européenne, les pays les moins avancés d’Afrique et d’ailleurs, et les petits États insulaires en développement ont convaincu la communauté internationale de négocier un nouvel accord mondial sur le climat d’ici à 2015 et de chercher des moyens de réduire davantage les émissions de gaz à effet de serre avant la fin de cette décennie. Il n’y a pas de temps à perdre. Tous les pays doivent faire les nécessaires progrès dans la préparation des contributions qu’ils ont convenu de proposer, bien en amont de la conférence de décembre 2015 à Paris. En plus des engagements sur les émissions, nous devons travailler sur d’autres aspects cruciaux tels que l’adaptation au changement climatique et les aspects financiers.

L’Union européenne est pleinement consciente des défis auxquels l’Afrique est confrontée dans l’adaptation aux impacts du changement climatique. C’est pourquoi nous soutenons des initiatives majeures pour améliorer l’état de préparation de l’Afrique pour faire face aux problèmes climatiques et faire des progrès dans les efforts communs de coopération.

Nous nous sommes engagés à intensifier la mobilisation du financement pour le climat. En 2013, l’UE et les États membres ont annoncé des contributions volontaires pour les pays en développement, notamment en Afrique, s’élevant à 5,5 milliards d’euros, et les estimations montrent l’UE est sur la bonne voie pour y parvenir. La Commission européenne à elle seule a également débloqué plus de 3,7 milliards d’euros d’aide au cours de la dernière décennie pour soutenir les pays en développement d’Afrique et d’autres régions dans leur lutte contre le changement climatique.

Dans la période allant jusqu’à 2020, l’UE consacrera au moins un cinquième de son budget à des projets et des politiques en lien avec les questions climatiques. La politique de développement y apportera une contribution importante, avec environ 1,7 milliard d’euros dédiés aux dépenses liées au climat dans les pays en développement rien que pour la période 2014-2015, en plus des crédits consacrés au changement climatique par les différents États membres de l’UE.

En tant que continent regroupant certains des pays les plus vulnérables au changement climatique, l’Afrique a tout à gagner à agir pour le climat. Un exemple : les pays les plus pauvres de la planète consacrent environ 2,5 fois plus d’argent à l’importation de pétrole qu’à la nourriture. Cette dépense pourrait être réduite en investissant plutôt dans la production d’énergie au niveau local grâce au soleil, au vent et aux plantes. Cela aiderait non seulement à lutter contre le changement climatique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, mais cela aiderait également à stimuler une nouvelle croissance économique et la création de nouveaux emplois. Les grandes ressources en énergies renouvelables de l’Afrique offrent une énorme opportunité de stimuler un développement économique respectueux du climat et d’accélérer l’accès à l’énergie pour près de 600 millions de personnes sur ce continent qui vivent encore sans électricité.

L’Union européenne soutient pleinement l’action des pays africains pour lutter et s’adapter au changement climatique. Nous avons un intérêt commun à lutter contre le réchauffement climatique avant que celui-ci n’atteigne des niveaux dangereux. C’est pourquoi nous mettons le changement climatique au cœur de notre coopération avec l’Afrique, et pourquoi nous devons continuer à travailler ensemble pour arriver à un accord mondial sur le climat ambitieux avant la fin 2015.

Connie Hedegaard