Dr Franck Hardain Okemba-Okombi : « L’effort que nous pouvons faire par le biais des autorités du pays, est de rendre disponible le Genexpert »

Mardi 25 Mars 2014 - 19:15

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Dans une interview accordée aux Dépêches de Brazzaville, le pneumo-phtisiologue au CHU de Brazzaville et coordonnateur national du programme national de lutte contre la tuberculose, nous explique le mode de contamination de cette maladie. Il estime que l’acquisition dans tous les départements du Genexpert - appareil permettant de diagnostiquer rapidement la tuberculose -  aidera à notifier quelques cas de multi résistants

Les Dépêches de Brazzaville : Le monde entier vient de célébrer le 24 mars, la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose. Pouvez-vous nous expliquer cette maladie ?

Dr Franck Hardain Okemba-Okombi : La tuberculose est une maladie infectieuse due à une bactérie appelée bacille de Koch. Elle est contagieuse, transmissible, curable et mortelle. La tuberculose se propage d’une personne à l’autre par voie aérienne. Lorsque les personnes atteintes de tuberculose pulmonaire toussent, éternuent ou crachent, elles projettent les germes de la tuberculose dans l’air. Il suffit d’en inhaler seulement quelques-uns pour être infecté. Depuis l’avènement du VIH/sida, la prévalence, l’incidence, la mortalité en rapport avec la tuberculose ne cessent d’augmenter. Le microbe atteint pratiquement tous les organes de l’organisme, mais l’organe qui a fait parler beaucoup de la tuberculose c’est la localisation pulmonaire.

Au niveau mondial, même si des progrès significatifs ont été enregistrés ces dernières années, la tuberculose reste néanmoins un problème majeur de santé publique. Ainsi, selon le rapport mondial sur la tuberculose, au Congo, le taux de prévalence de tous les cas estimés est de 530 cas pour cent mille habitants, le taux d’incidence est de 381 cas pour cent mille habitants et celui de la mortalité à 42,4 pour cent mille habitants. Le taux de détection de la tuberculose pour toutes les formes est à 68%, avec un succès thérapeutique de 80,39%. L’objectif fixé par l’OMS et l’Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires est que nous puissions atteindre un taux de détection de 70% et un taux de succès thérapeutique de 85%. Mais ce qui nous préoccupe encore c’est le pourcentage des perdus de vue, c'est-à-dire les malades qui débutent le traitement et qu’on n'a plus revus. Nous ignorons comment ils se sont comportés. En 2000, le taux des « perdus de vus » était de 35% et en 2013 il est de 12%. Selon les objectifs assignés, il devrait être de 5%.

LDB : La tuberculose est-elle liée au VIH/Sida ?

Dr F.H.O.O : La tuberculose n’est pas liée au VIH/sida. Elle est plutôt due au bacille de Koch. Le mode de contamination principal est la voie aérienne. Quand une personne est infectée par le VIH, le comportement du virus dans l’organisme fait que le virus détruit les cellules de l’immunité. Ce sont des cellules qui nous défendent contre toute agression et nous protègent en temps normal. Mais lorsque l’organisme est en contact avec le virus, ce dernier détruit les cellules, et l’organisme est exposé à faire n’importe quelle maladie. Ce n’est pas le VIH qui donne la tuberculose mais il est plutôt un facteur majeur qui influence la mortalité en rapport avec la tuberculose.

LDB : Quelles sont les précautions que les médecins et les infirmiers prennent pour éviter d’être contaminés ?

Dr F.H.O.O : Aux malades, nous recommandons le port des masques pour se protéger lorsqu’ils toussent. Nous leur conseillons aussi de cracher dans un pot et de renverser les crachats dans un trou. Pour le personnel de santé, nous recommandons des mesures de protection. Ce n’est pas au premier contact que l’on peut attraper la maladie. Mais la contamination se fait de manière permanente avec un sujet malade. Nous recommandons aux malades d’avoir leurs propres ustensiles de cuisine.

S’agissant de la contamination avec un garde malade, on a notifié un seul cas qui remonte aux années 2004-2005. C’était une proche parente du malade admis à l’hôpital. Elle était en contact avec un malade fortement papillifère et a fini par développer la maladie. La maladie ne s’acquiert pas lors d’un seul contact.

Au Congo, les efforts fournis pour la lutte contre cette maladie donnent satisfaction. Mais depuis fin 2013, on a acquis par le biais de l’OMS un outil de diagnostic rapide, appelé Genexpert, pour détecter la forme multi résistante. L’effort que nous pouvons faire par le biais des autorités du pays, est de rendre cet outil disponible dans les centres de santé.

Propos recueillis par Yvette Reine Nzaba

 

Yvette Reine Nzaba

Légendes et crédits photo : 

Le docteur Franck Hardain Okemba-Okombi