Centrafrique : Denis Sassou N’Guesso invite les différents acteurs à promouvoir la réconciliation nationaleSamedi 22 Mars 2014 - 13:18 La 4e réunion du Groupe international de contact sur la République centrafricaine (GIC-RCA) s’est tenue le vendredi 21 mars à Brazzaville. À cette occasion, le chef de l’État congolais et médiateur de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Cééac) dans la crise centrafricaine a demandé aux fils et filles de ce pays de tout mettre en œuvre pour le sauver des démons de la haine et de la division qui ont occasionné des violences intercommunautaires. « C’est ici le lieu de redire qu’il appartient d’abord aux Centrafricains de construire leur pays, de le sauver du danger, les apports extérieurs ne pouvant se substituer à l’appropriation par le peuple centrafricain de son destin », a déclaré Denis Sassou N’Guesso. « Face au naufrage collectif d’une nation, nul ne peut s’exonérer de la moindre responsabilité. D’où l’urgence, comme le recommande la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, d'une véritable réconciliation nationale qui doit servir de catalyseur à la mise en œuvre effective et consensuelle de la feuille de route de la transition », a-t-il ajouté. Cet appel à la réconciliation a été repris dans les conclusions de la réunion de Brazzaville. À ce sujet, le Groupe international de contact a rappelé « la responsabilité première qui incombe aux acteurs centrafricains dans le règlement de la crise que connaît le pays, soulignant que le rôle de la communauté internationale est d’accompagner les efforts nationaux et non de s’y substituer ». Il a recommandé au gouvernement centrafricain d’initier un dialogue inclusif entre les différents acteurs politiques et sociaux du pays. Dans cette perspective, le GIC-RCA a exhorté les autorités centrafricaines à renforcer les mesures prises pour sanctionner les fauteurs de troubles, c'est-à-dire, les groupes et éléments armés qui continuent de perpétrer des actes criminels et de chercher à saper la transition en cours, en particulier les anti-balaka. Le groupe international de contact a en outre souligné la nécessité pour les Centrafricains de consolider les acquis enregistrés sur le plan sécuritaire grâce à l’action conduite par la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca), avec le soutien de l’opération française Sangaris. Les participants ont aussi souligné la nécessité « d’efforts continus pour renforcer la tendance à l’amélioration de la situation sécuritaire et étendre l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national ». Ils ont en profité pour lancer un appel à tous les partenaires internationaux pour qu’ils apportent un soutien accru à la force africaine, notamment en termes de mobilité, d’équipements et de ressources financières. Estimant que la Misca envisage de parachever la phase initiale de la stabilisation de la situation en Centrafrique dans six à neuf prochains mois, les participants se sont félicités de la perspective de déploiement d’une opération de maintien de la paix des Nations unies dans ce pays. Ceci malgré le fait que la situation sécuritaire soit déjà « sensiblement améliorée » comme le témoignent « la réduction continue des actes de violences, le retour progressif à une vie normale à Bangui et ailleurs dans le pays et l’amorce d’un mouvement de retour des populations déplacées », même si « la situation humanitaire continue d’être préoccupante » sur place.
Les efforts de la Misca reconnus Le commissaire à la paix et à la sécurité de l’UA, Smaïl Chrgui, a loué les efforts déployés par les forces internationales pour que les Centrafricains renouent avec une vie normale. « Le bilan de la Misca, en moins de trois mois de déploiement, est une source légitime de fierté pour l’Afrique. La Mission a accompli un travail remarquable sur chacun des volets de son mandat (…). Les succès de la Misca méritent d’être d’autant plus mis en relief que la mission fait face à de sérieuses contraintes logistiques. Je me dois également de relever la contribution de Sangaris », a-t-il relevé. La gravité des problèmes économiques et sociaux auxquels la RCA est confrontée a retenu aussi l’attention des membres du Groupe international de contact. Ils ont à cet effet souligné que « la situation appelle une action urgente de la part des partenaires internationaux et une adaptation des procédures d’aide internationale à la situation particulière de la RCA ». Pour ce faire, la GIC-RCA a insisté sur le payement régulier des salaires des agents de la fonction publique, des pensions des retraités, du soutien au redémarrage du fonctionnement de la machine étatique et administrative ». En ce qui concerne l’aide internationale à la Centrafrique, le chef de l’État congolais a déclaré : « En raison des défis multiformes qui nous attendent, notre partenariat en République centrafricaine est appelé à se renforcer. Des engagements ont été pris qui doivent être tenus, compte tenu de l’urgence, si nous voulons respecter le calendrier de la mise en œuvre de la Feuille de route de la transition ». Et de continuer : « Je n’ai pas de doute sur l’engagement de chacun de vous, l’engagement de l’ensemble des partenaires de la République centrafricaine à faire le geste tant espéré, le geste salvateur pour aider un peuple guetté par le naufrage à retrouver le chemin de la normalité et de la dignité. C’est maintenant que nous devons agir, sans atermoiements » Les institutions financières sollicitées Afin de permettre à la Centrafrique de sortir de ses difficultés économiques actuelles, les institutions financières internationales, notamment la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et la Banque africaine de développement ont été encouragés à accélérer la reprise de leur assistance à ce pays et à décaisser effectivement et rapidement les fonds promis. Pour ce qui est de la contribution de la sous région d’Afrique centrale, la Cééac avait lors de la conférence des donateurs tenue à Addis-Abeba, en Ethiopie, annoncé consacrer 50 à 100 millions de dollars à l’appui économique et budgétaire de la RCA. Dans leur discours précédés par celui du chef de l’État congolais, le Premier ministre centrafricain, André Nzapayéké ; le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’UA ; le secrétaire général de la Cééac, Ahamat Allam-Mi ; la secrétaire d’État aux Affaires étrangères du Tchad, Isabelle Kassiré, qui représentait le chef de l’État tchadien et président en exercice de la Cééac, Idriss Déby Itno ; et le représentant du secrétaire général des Nations unies en RCA, Babacar Gaye, ont tous salué l’action des pays de la région qui ont fait face à la détérioration de la situation en Centrafrique. Ils ont souhaité que la communauté internationale reste mobilisée en appui aux initiatives déjà engagées par ces États sur le terrain. Signalons que la prochaine réunion du Groupe international de contact sur la Centrafrique se tiendra en juin 2014, à Addis-Abeba, à une date qui sera déterminée par voie de consultations.
Nestor N'Gampoula Légendes et crédits photo :Photo de famille des participants à la 4e réunion du GIC-RCA à Brazzaville |